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En Bolivie
L’Eglise catholique condamne l’avortement d’une gamine de 11 ans violée par son beau-père

2 septembre 2006

par Sibylla Brodzinsky

Un responsable du Vatican a déclaré que l’Eglise catholique excommuniera une équipe médicale, qui a effectué le premier avortement légal en Colombie, sur une gamine de 11 ans, enceinte de huit semaines après avoir été violée par son beau-père.

Le cardinal Alfonso Lopez Trujillo, président du Conseil pontifical du Vatican pour la famille, a dit aussi aux médecins et aux infirmières que la mesure pouvait s’appliquer aux « proches, politiciens, et législateurs », qu’il a appelés « les protagonistes de ce crime abominable ».

La fillette, dont l’identité n’a pas été révélée, est « tombée aux mains de personnages infâmes », a dit le cardinal lors d’une interview de la TV locale, mardi.

En mai, la Cour constitutionnelle de Colombie a partiellement levé l’interdiction de l’avortement dans ce pays profondément catholique, autorisant l’interruption de grossesse dans des cas de déformations graves du foetus, quand la grossesse est le résultat de viol ou d’inceste, ou quand la vie de la mère est en danger.

Le règlement a subi un premier test quand une fille a cherché à mettre fin à une grossesse consécutive à son viol par son beau-père. Ce dernier a admis les abus sexuels qui ont commencé quand l’enfant avait sept ans.

Lorsque le cas est devenu public, les médecins ont hésité à effectuer l’avortement, car la décision de la Cour n’avait pas encore publiée officiellement et qu’ils risquaient alors des poursuites. Mais la Haute Cour a publié une nouvelle réglementation, obligeant les médecins à respecter sa décision si la situation de la femme répondait à ses critères.

Une fois le règlement en vigueur, l’interruption de grossesse a été effectuée à l’hôpital public de Bogota.

Carlos Lemus, le directeur de l’hôpital Simon-Bolivar où l’avortement a été pratiqué a dit qu’il respectait la décision de l’Eglise mais qu’il ne partageait pas sa manière de voir :

« Nous avons agi à l’intérieur du cadre constitutionnel. Nous étions confrontés à la demande d’une petite fille qui voulait retourner à ses jouets. » Il a ajouté : « Le Cardinal Trujillo a qualifié les médecins et les infirmières de personnages infâmes. Je crois que le personnage infâme est le violeur. »

Une sénatrice, Gina Parody, a déclaré : « Le Vatican a le droit d’excommunier qui il veut. Mais j’aurais espéré qu’il excommunie aussi des prêtres qui violent des garçons ou des filles. »

Le président du tribunal ecclésiastique de Colombie, Monseigneur Libardo RamÌrez, a dit qu’en vertu de la loi canonique, l’excommunication était appliquée à ceux et à celles qui participent au « meurtre d’un enfant dans le sein de sa mère ».

Mais il a ajouté que ce serait du ressort du cardinal Cardinal Rubiano Saenz, à titre de dirigeant de l’Eglise catholique romaine en Colombie, de décider d’appliquer ou non formellement les sanctions, et à qui.

Les autorités publiques de la santé estiment que chaque année, plus de 300 000 avortements clandestins se pratiquent dans le pays.

L’avortement illégal est puni de trois ans de prison, tant pour la femme avortée que pour les médecins qui effectuent l’avortement.

Source : Sibylla Brodzinsky, correspondante du Guardian, à Bogota : « Church condemns abortion performed on raped girl, 11 », 30 août 2006.

Traduction française : Édith Rubinstein, Liste de Femmes en noir, Vol. 25, no 4, 2 septembre 2006.

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Mis en ligne sur Sisyphe, le 2 septembre 2006.

Sibylla Brodzinsky


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