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Disparition de Condition féminine Canada ? Ce serait une erreur

18 septembre 2006

par Isabelle N. Miron

Les médias et les partis de l’opposition font peu de cas de la menace qui pèse sur Condition féminine Canada. Cette menace est pourtant bien réelle : le gouvernement Harper n’a-t-il pas tendance à tendre l’oreille à droite ? Ce sont les groupes prônant les « valeurs traditionnelles » qui ont son attention, et si ces groupes affirment que Condition féminine Canada n’a plus sa raison d’être, tous les Canadiens - et surtout toutes les Canadiennes - ont de quoi s’inquiéter.

Bien entendu, l’idée que « le féminisme est dépassé » est répandue partout, de gauche à droite. Il se trouvera donc beaucoup de monde pour ne pas remettre en question la décision qui s’en vient. C’est pourtant faire preuve d’un grand aveuglement que d’affirmer que la condition des femmes canadiennes n’a plus besoin d’être étudiée, documentée, surveillée. Au-delà des chiffres répétés à satiété démontrant que la violence, la pauvreté et le travail atypique touchent encore majoritairement les femmes, il y a d’autres faits.

CFC finance des groupes de recherches qui analysent les conséquences des décisions gouvernementales et légales sur les femmes. Sans les recherches de CFC, la violence familiale serait encore un tabou, la pauvreté des femmes un concept, l’équité salariale une utopie. Déjà des groupes de femmes ferment leurs portes, pour cause de financement incertain, comme l’Association nationale de la femme et du droit, pourtant active depuis 40 ans, et l’Alliance féministe pour l’action internationale, qui n’a plus de quoi payer ses employées. Des groupes dont l’apport est essentiel, qui ont travaillé et travaillent toujours à une véritable égalité entre les sexes, cette égalité en si bonne voie d’être atteinte, et qui fait de ce pays un modèle, un leader.

Que dirions-nous aux féministes du monde entier, à celles qui se battent contre l’excision, contre les crimes d’honneur, pour l’accès le plus élémentaire des filles à l’éducation, si on abolissait Condition féminine Canada ? Nous leur dirions qu’en plein milieu de la course, alors que le fil d’arrivée est à portée de main, nous abandonnons.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 septembre 2006

Isabelle N. Miron


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