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Un héritage scandaleux de l’ONU au Timor

5 mai 2007

par Lindsay Murdoch

Les casques bleus de l’ONU ont abandonné au moins 20 bébés conçus avec des femmes dans le dénuement au Timor.

Une enquête de l’ONU a aussi dévoilé une culture de la dissimulation, dans laquelle des bébés nés de casques bleus et les crimes sexuels commis par le
personnel de l’ONU, ces sept dernières années, ont été gardés secrets à cause de la « crainte, de la honte et de l’embarras » dans un pays profondément religieux.

Ces révélations vont déplaire à la bureaucratie de l’ONU qui se prépare à augmenter par milliers ses forces de maintien de la paix dans le Timor oriental.

Un rapport d’enquête, obtenu par The Age, recommande qu’une politique de tolérance zéro soit appliquée en cas de méconduite sexuelle du personnel de l’ONU envoyé pour aider le pays après deux mois de violence.

Des casques bleus au Timor oriental ont déjà précédemment été accusés de délits, y compris d’abus sexuels d’enfants, de bestialité et de forcer des femmes et des enfants à la prostitution. Personne n’a jamais été inculpé.

Mais le rapport révèle pour la première fois que des bébés nés de casques bleus de l’ONU ont été abandonnés sans soutien financier.

Il dévoile aussi que les naissances de ces enfants et d’autres exemples d’abus sexuels par le personnel de l’ONU semblent bien avoir été sous-informés de manière significative.

Le rapport dit que les mères du Timor de bébés conçus par des casques bleus ont été stigmatisées et, dans certains cas, ostracisées par leurs communautés. Il estime aussi que les efforts de l’ONU pour offrir de l’aide à ces femmes ont fait défaut.

Dans le district montagneux d’Ermera où on fait pousser du café, les soldats ont abandonné sept jeunes enfants après avoir promis d’épouser leur mère, dit le rapport. Dans le district de Bobonaro, quatre bébés auraient été engendrés par deux policiers de l’ONU et des membres du personnel civil.

Il semble qu’une dot ait été attribuée à une seule famille. Mais dans la plupart des cas, on a laissé à la famille de la mère le soin de se charger de l’enfant.

Le rapport a été écrit par Sofi Ospina, une anthropologue chargée par l’ONU d’enquêter sur l’impact au niveau du genre au Timor oriental de la présence du personnel de l’ONU de 18 000 personnes en uniforme et civiles venant de 113 nations dans le pays après le début des opérations de l’ONU en 1999.

Ce document sort au moment où le Secrétaire général Kofi Annan prépare un autre rapport pour le Conseil de Sécurité de l’ONU sur la composition d’une nouvelle mission pour le Timor oriental alors que la mission actuelle vient à échéance le mois prochain.

L’envoyé spécial de l’ONU, Ian Martin, a recommandé au Conseil de Sécurité d’envoyer des unités de police soutenues par une force d’intervention rapide. Il recommande aussi une présence militaire au moins jusqu’aux élections prévues pour mai et des conseillers ONU pour aider à organiser le vote.

Il y a maintenant 2500 soldats et policiers australiens au Timor oriental, surtout dans la capitale Dili.

Bien que des milliers de soldats et de policiers australiens aient servi au Timor oriental depuis 1999, aucun n’a été accusé de méconduite sexuelle. Le comportement de certains casques bleus a indigné beaucoup d’employés de l’ONU, dont certains ont démissionné par dégoût.

Parmi les pires exemples décrits dans le rapport de Sofi Ospina, un casque bleu d’un pays non désigné aurait abusé de deux garçons et de deux filles
dans l’enclave d’Oecussi.

Au début de l’année 2001, deux soldats avec le pénis blessé, après avoir tenté d’avoir des relations sexuelles avec des chèvres, ont été renvoyés chez eux.

Sofi Ospina dit que, comme dans d’autres opérations de l’ONU, l’arrivée des casques bleus a attiré la prostitution. Elle cite une étude montrant qu’en 2004 il y avait 250 femmes et 110 hommes "travailleurs du sexe" à Dili. 75% avaient moins de 18 ans.

Le rapport dit que la peur et la répugnance à dénoncer la méconduite sexuelle d’employés de l’ONU peut se justifier. A la fois les auteurs et,
souvent, la personne à qui on devrait rapporter ces cas sont de hommes occupant une position de pouvoir relatif, dit le rapport.

Un état d’esprit influencé par le conservatisme, une idéologie catholique, imprègne habituellement l’autorité administrative locale. Les femmes peuvent s’attendre à ne pas recevoir un accueil bienveillant dans un tel contexte.

Le rapport avertit que la crédibilité de l’ONU pourrait être compromise par son incapacité à poursuivre des membres de son personnel qui commettent des crimes sexuels.

Il recommande que les commandants communiquent et appliquent une politique
de tolérance zéro pour méconduite sexuelle. On devrait immédiatement rapatrier tous les coupables et prendre des mesures disciplinaires contre eux.

Le rapport recommande d’enquêter sur les accusations et les rumeurs d’abus sexuels. On devrait documenter les grossesses et les naissances
résultant de relations sexuelles avec des femmes du Timor et l’ONU devrait s’assurer que des ONGs aident les mères et leurs enfants.

Publié dans The Age, le 22 juillet, 2006. Traduction Édith Rubinstein, Femmes en noir, 18 septembre 2006.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 27 septembre 2006.

Lindsay Murdoch


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