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Association étonnante d’une psychologue aux ateliers "Initiative vraie Beauté" de Dove

29 novembre 2006

par Johanne St-Amour

Lettre à Madame Nadia Gagnier, psychologue, connue sous le nom de Docteur Nadia, relativement à son association aux ateliers "Initiative vraie Beauté" de Dove

Le 17 novembre 2006

Chère madame,

Je lis dans "Le Soleil" que vous animez les ateliers « l’Initiative vraie beauté », des programmes d’estime de soi destinés aux jeunes filles de 8 à 12 ans en collaboration avec le Fonds d’estime de soi de la compagnie Dove. Pardonnez ma franchise mais je suis totalement surprise et choquée de cette association commerciale. Pourquoi une psychologue s’associe-t-elle à un produit, à une marque commerciale pour faire passer un message aussi important que l’estime de soi et l’image corporelle ? Ça me dépasse complètement. Est-il totalement impossible de produire des ateliers sans les associer à un produit commercial ? Ne pensez-vous pas que la notoriété que vous avez acquise ces dernières années est utilisée par la compagnie Dove pour vendre ses produits, outre le fait que je ne crois pas que ce soit la prérogative d’une compagnie comme Dove de mousser l’estime de soi des femmes, de leur inculquer le bon dosage entre la beauté, leur image corporelle et leur estime d’elles-mêmes ? Je doute que ces ateliers aient été préparés par vous-mêmes, étant donné qu’ils sont offerts dans plusieurs villes canadiennes, donc serait-il possible de connaître la compétence des personnes qui les ont préparés ?

Personnellement, je trouve que l’association estime de soi/produit commercial est encore plus dommageable que l’association beauté/produit commercial quoique, ici, l’agencement est quintuple puisqu’il amalgame estime de soi/image corporelle/beauté/ produit commercial/réseau d’attachement (puisqu’on semble privilégier un mentor féminin, une mère ou une tante, proche des jeunes filles pour transmettre l’information). Peut-être direz-vous, argument classique en ce cas, que vos ateliers profitent à des jeunes filles (et des femmes), je vous répondrai alors que vous ne pouvez ignorer l’utilisation malsaine qui est faite. Le but ultime d’une compagnie comme Dove est de vendre son produit. Point. Je comprends que des compagnies commerciales donnent de l’argent pour des causes humanitaires et certaines initiatives sont à mon avis bienfaisantes, mais je n’en connais aucune qui utilise des spécialistes de la psyché, de la compréhension de l’être humain et de son comportement. Cette association m’apparaît atteindre trop profondément la personne pour être bénéfique d’autant plus que les ateliers sont directement associés au nom de la compagnie.

Par ailleurs, comme je suis curieuse de savoir si l’ordre des psychologues approuve cette association, veuillez noter que je leur fais parvenir une copie de cette lettre tout en leur demandant de préciser leur point de vue. Cette réflexion ne concerne en aucun cas vos compétences mais votre seul jugement face à votre association avec une compagnie commerciale.

Je désire attirer votre attention sur le fait que j’envoie une copie de cette lettre aux éditrices du site Sisyphe pour publication éventuelle et dans le but de susciter une réflexion des nombreuses personnes qui visitent le site. Aussi, j’y soumettrai votre réponse.

Recevez, Madame, mes salutations distinguées.

Johanne St-Amour

Mis en ligne sur Sisyphe le novembre 2006

Johanne St-Amour


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