source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2499 -



Souvenances

4 décembre 2006

par Micheline Mercier

Le temps n’efface pas les mots, le temps se souvient, le temps ne se sauve pas et le temps ne recoud pas non plus les plaies ouvertes. La violence prend bien des formes et il est faux de penser qu’elle peut se perdre dans ce temps sur lequel nous comptons tant.

La violence est une arme de poing qui se compose de deux mots que je qualifie d’extrêmes. La connotation du mot viol qui est l’absence de toute compassion, une domination par la force du muscle ou de l’esprit sur un être sans défense. Et lance, arme redoutable qui s’impose dans le silence, tue toute résistance et quiconque s’en approche n’y voit que le feu d’une mort certaine.

Le temps se souvient, il n’efface pas la douleur des solitudes imposées dans la honte et l’irrespect. La violence est sans âme, elle confond amour et pouvoir. Elle n’a pas de commencement, et pour y mettre fin, il faudrait que la planète entière fasse front commun pour l’affronter et la battre, ce qui n’est pas demain la veille. La violence est un monstre contre lequel il faut sans cesse se battre. On la dit parfois gratuite, ce qui n’est pas peu dire. Et moi je la trouve chère, très chère, hors de portée, douloureuse et labyrinthique.

Elle peut devenir chaîne et mordre la chair. On peut y accrocher un boulet que l’on traîne toute une vie. Elle peut prendre la forme d’une exquise tendresse pour se transformer en lame de fond à faire sombrer les plus téméraires. La violence est un animal sournois qui emprisonne et tue sans demander pardon.

La violence est un sombre destin pour l’humanité. Elle transporte la mort, la guerre, le viol, la torture, les blessures visibles et invisibles, la soumission par les mots ou par les gestes excessifs. La violence est une prison, une île noire, une terre aride de souvenances.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 2 décembre 2006

Micheline Mercier


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2499 -