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Contes de Noël
Lulu love Lili ou histoire d’L

22 décembre 2006

par Michèle Bourgon

Contes de Noël de la Mère Michèle

Pour Noël, j’ai pensé vous offrir ces petits contes. N’est-ce pas la fête de l’enfance ? De notre enfance à tous... J’ai eu plaisir à les écrire et me suis rappelé Tante Lucille...ça vous dit quelque chose ?

Je vous lance un défi : pourquoi ne pas, vous aussi, écrire un petit conte de Noël que nous afficherions ici, sur Sisyphe ? Pourquoi pas un conte féministe ? La Mère Noëlla ? La renne au nez blanc ? La maman bonhomme de neige ?

À vous la parole et bonne préparation du temps des fêtes !

Lulu love Lili ou histoire d’L

Grand prix des contes de Noël 2004, Radio-Canada, Ottawa.

Lulu le lutin lorgnait Lili la lutine. Elle l’impressionnait ; il l’aimait d’un amour secret. L’émerveiller avec un arbre de Noël... Géniale idée, se dit-il. Il alla donc, hache à l’épaule, couper l’arbrisseau. Aie ! fit le sapinet, Aie, Aie ! Le lutin acheva le boulot. Il revint au logis, l’arbre sous l’aisselle. Au milieu du salon, il l’installa et chercha les décorations : multicolores glaçons, boules et lumignons. Alacazam, alacazou ! Voilà le sapin lourd de bijoux !!!

Lili allait jubiler ! Lulu s’en alla rêver...

« Snif, snif ! », l’arbre minuscule larmoyait, esseulé. Du coin de l’œil, il aperçut Lolo la baignoire. Elle aussi, seulette, sanglotait doucement : flic..., flac ..., floc ... Il glissa jusqu’à elle et plongea dans sa houle légère. Plouf !

A l’aube, Lulu retrouva le petit sapin flottant sur l’eau de Lolo.

Oh la la ! Quel malheur !

Il l’emporta illico et le déposa sur le balcon. Sapinet gela ; de fil en aiguilles, il se recouvrit de verglas ! Le soleil luisait quand Lili et Lulu l’aperçurent. Luminescent, flamboyant, éblouissant ! Lili, électrisée, hilare, éblouie, enlaça Lulu et déposa un baiser glouton sur ses lèvres. Le lutin en perdit son latin ! Écarlate alors, le sapin se mit à clignoter.

Joyeux Noël !

La légende de Noé

Un jour, un petit sapin voulut s’amuser avec une fusée qu’il avait vu passer au dessus de lui. Il s’était envolé vers elle, vrillant l’obscurité. Ne l’ayant point rejointe, il s’était installé sur les nuages ouatinés. Il semblait planté dans la neige, confortable. Les étoiles illuminaient le cristal givré des gouttes d’eau accrochées à ses branches. Perché sur son nuage, il dominait l’univers. Il se mit à regarder la Terre de là-haut. Ce qu’il y observa le désola tellement qu’il se mit à pleurer. Il pleura tant et tellement que son nuage creva et inonda la terre. Noé, alerté par l’élévation du niveau de la mer, construisit une arche, y fit embarquer toutes les sortes d’animaux en couple pour les sauver de la noyade et de la mort. Il vogua des années sur l’océan infini. Un matin, l’eau se retira. Noé s’en trouva tellement heureux qu’il organisa une fête. Il distribua des petits cadeaux à tous et toutes pour leur montrer qu’il les aimait. Un tout petit enfant qui commençait tout juste à parler l’appela Noé..l . Noé éclata de rire : « Ha, ha, ha !, Ho, oh, ho ! ». Il conserva ensuite ce surnom et transforma son arche en chariot tiré par des rennes... Depuis ce temps...

Un sapin VERT...

Une semaine avant Noël, plus de sapin !!! Le gigantesque conifère qui trônait devant l’Hôtel de Ville s’était volatilisé. Un arbre de cette dimension pouvait-il disparaître comme ça ? On avait appelé les policiers, les pompiers, un détective privé et même un médium. Rien ! Mystère et boule de gomme !!!

Tous et toutes étaient tristes. Les plus âgé-es de la ville avaient vu le petit sapin s’élever lentement et fièrement vers le ciel. Maintenant, comme eux, il était très vieux mais respecté et plein de majesté.

On avait organisé une vigile aux chandelles devant l’Hôtel de Ville. On y chanta "Mon beau sapin" sur tous les tons, les larmes dans les yeux pour le faire revenir.

Mais où donc un sapin pouvait-il aller trois jours avant Noël ???

Il s’était tout bonnement réveillé quand les ouvriers de la ville l’avaient décoré d’une guirlande de milliers de lumières. Les flocons de neige accrochés à ses branches scintillaient comme des diamants. Les passants le regardaient en souriant.

Il s’était mis à réfléchir que ça devait être Noël bientôt et ça l’avait rendu bien triste.

Triste, Noël ? Hé oui ! Noël désespérait l’arbre centenaire. Il pensait à ses petits enfants qu’on allait couper. Ils allaient faire la joie des familles, bien sûr, mais pour eux, la vie était finie. Quelques jours après la grande fête, on allait les dévêtir et les jeter dehors. Il partiraient bien vite au recyclage et là..., là...

Il pria très fort la fée de la nature. Elle exauça son souhait en l’emmenant dans la forêt. Là, le majestueux conifère enleva délicatement son collier de guirlandes et se coucha en travers du sentier menant aux petits sapins. Sa manœuvre empêcha que l’on coupe des centaines de ses petits.

Fort content, le soir de Noël, il réapparut soudainement devant l’Hôtel de Ville palpitant de bonheur, scintillant, heureux. Il élevait les bras vers le ciel comme pour remercier la fée de la Nature de lui avoir permis de sauver ses petits-enfants.

Les parents, empêchés de couper les arbres, avaient acheté de très jolis sapins artificiels. Ils avaient ainsi contribué à la sauvegarde de la nature.

Tout est possible à Noël

Trois jours avant Noël,
Le sapin avait mystérieusement disparu.
Où mettre les bébelles ?
Personne ne l’eut su.

Pourtant au bout de la rue
Tout couvert de gel,
La cime s’offrant aux nues,
Le sapin de Noël
Tout fièrement vêtu
Implorait gravement le ciel
De retrouver ses amis perdus.

Tout est possible, au soir de Noël ;
Même les désirs les plus incongrus
Il faut croire en la magie la plus belle
La veille de Noël, rien n’est perdu !

Petit sapin embrassa sa belle
Et ses frères de la forêt, disparus.
On le retrouva, le matin de Noël
Dans le grand bois touffu.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 11 novembre 2006.

Michèle Bourgon


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