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Merck met en danger la vie de prostituées dominicaines

24 février 2007

par Micheline Mercier

Pour calmer les coeurs sensibles, la plupart des compagnies pharmaceutiques se targuent de ne pas faire d’essais cliniques sur les animaux. C’est écrit en grosses lettres sur les petits pots de crème, les analgésiques, les shampoings, pâtes dentifrices, etc. Bref, on achète la paix pour ne pas se faire taper sur les doigts par les chiens de garde de la gent animale.

On dit que la République dominicaine est un lieu de prédilection pour le tourisme sexuel. Et que dire de ces prostituées qui servent de cobayes pour l’essai d’un vaccin contre le SIDA ?* La pauvreté est omniprésente partout sur l’île où il est facile de recruter de pauvres femmes abusées et laissées dans l’ignorance.

En général, en Amérique du Nord, les compagnies pharmaceutiques telles que Merck offrent des séjours en clinique surveillés, avec offre de rémunération pour hommes ou femmes consentantes.

Alors qu’en République, les femmes sont payées par Merck 30$ U.S. avec repas et billets d’autobus pour leur transport. On leur explique qu’avec ces tests elles contribuent à sauver des vies. Mon œil ! On exige d’elles qu’elles continuent à se prostituer et qu’elles s’engagent à ne pas utiliser de condom. Ouf... À quelle vitesse croyez-vous que le VIH pourrait se propager ?

Une roue qui tourne. Une prostituée transmet la maladie à un client. Par fantasme, ce client se paye l’innocence d’un enfant, garçon ou fille, qui attire d’autres prédateurs qui s’imaginent que parce que ce sont des enfants, ils n’ont rien à craindre. Et ainsi de suite, le mal ronge de plus en plus profondément le corps et le coeur de toute une société. Et cela avec l’assentiment d’un groupe de chercheurs qui ne pensent pas qu’il y a sûrement d’autres moyens pour tester leurs vaccins.

De plus, il y a ces messieurs les touristes qui, pendant leurs voyages de golf ou d’affaire, se payeront de « petites douceurs sexuelles » et seront trop occupés pour se poser la question (si épineuse soit-elle) : « Pourquoi cette femme n’exige-t-elle pas que je porte un condom ? » Se douteront-ils qu’ils sont eux aussi de merveilleux cobayes, et gratuits en plus. Cobayes involontaires qui serviront sûrement à propager cette maladie mortelle par la voie la plus simple et la plus naturelle, leur famille.

Recherche médicale ? Foutaise. Surtout quand, pour éviter de propager un fléau qui risque de décimer une partie de la planète, l’OMS se débat pour l’utilisation du condom.

Je suis profondément choquée par le manque de maturité d’une compagnie qui mise sur la santé publique et, en même temps, la met en si grand danger. Alors, j’aimerais connaître le sens que prend une loi sur la protection des animaux, quand on est assez bête pour oublier de protéger la race humaine.

• Eric Grenier, « Utiliser les putes comme cobayes ? », le 19 février 2007, Magazine Jobboom
• Aussi La Presse, le 19 février 2007
« Des prostituées africaines comme cobayes »

Mis en ligne sur Sisyphe, le 24 février 2007

Micheline Mercier


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2618 -