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Cantat bientôt libéré ? Qu’attend-on ? Le prochain meurtre ?

23 août 2007

par Florence Montreynaud, historienne et écrivaine

Bertrand Cantat a été condamné à une peine de huit ans de prison, pour avoir, en juillet 2003, frappé à mort Marie Trintignant, sa compagne, et l’avoir laissée agoniser toute la nuit sans appeler des secours. Par le jeu des remises de peine, il pourrait être libéré prochainement.

Quatre ans de prison : est-ce donc le prix à payer pour ce crime ?

La justice est-elle égale pour tous les meurtres, et pour tous les meurtriers ? Non. En France, tuer un autre homme coûte plus cher que de tuer sa compagne, les prétendus « crimes passionnels » étant encore trop souvent considérés avec indulgence.

Quel sens donner à cette libération dans un pays où tous les trois jours une
femme est tuée par son conjoint et 15 000 sont blessées chaque année, dans
un pays où on tarde à prendre conscience des ravages de la violence conjugale masculine, et où on ne consacre pas assez de moyens pour la prévenir et aider ses victimes ?

Tous les trois jours, en France, un conjoint meurtrier sort de prison, après
une peine plus ou moins longue, plus ou moins purgée.

Ces condamnés ont-ils été incités à travailler sur eux-mêmes, à prendre
conscience de leur dangerosité, à rechercher les causes de leur violence ?
Ont-ils pu participer à des groupes d’entraide de condamnés réfléchissant à
leur crime ?

Leur sortie de prison a-t-elle été préparée, en prévision du choc qu’est le
retour à la liberté, pour eux et pour leurs proches ? Leur a-t-on donné les
moyens de maîtriser désormais leur violence ? Bénéficieront-ils d’une aide
psychologique et sociale ?

Non ! Aucun traitement, aucune préparation, aucun suivi, ou si peu. Plus que
les moyens, c’est la volonté politique qui manque.

Que la libération prochaine de Bertrand Cantat soit l’occasion d’attirer
l’attention sur cette imprévoyance, cet aveuglement ! L’emprisonnement d’un
conjoint meurtrier ne résout rien, puisqu’il n’est nullement une garantie
contre la récidive. Il y a tout lieu de craindre la violence de ces hommes à
l’encontre de leurs proches ou de leur prochaine conjointe.

Qu’attendons-nous pour les protéger ? Le prochain meurtre ?

Florence Montreynaud
Réseau "Encore féministes !"
Maison des femmes
163 rue de Charenton 75012 Paris
Site Encore féministes !

Mis en ligne sur Sisyphe, le 23 août 2007

Florence Montreynaud, historienne et écrivaine


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