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Une association féministe espagnole conteste l’expression "travailleuse du sexe"

9 septembre 2007

par Andrea Cubillas

L’association féministe Flora Tristán de la ville de León considère que le langage construit une réalité et qu’il est un facteur clé dans l’introduction de valeurs données dans la conscience des gens.

Selon plusieurs, la prostitution est la plus ancienne profession du monde. Paradoxalement, de nos jours, aucune loi ne considère cet exercice comme une profession. Cependant, dans un dépliant informatif, l’Assemblée de Castilla et León a choisi de nommer les prostituées « travailleuses du sexe ». Une dénomination qui a créé un grand malaise à l’association féministe Flora Tristán de León.

Selon cette association, « Le langage construit une réalité. Un facteur clé pour introduire des valeurs données dans la conscience des gens concernant ce qui se produit dans le milieu est normalisé par l’entremise du langage. Si le concept de ‘travailleuses du sexe’ se normalise, il deviendra habituel dans le langage social et les documents publics ». « Le fait qu’on utilise maintenant ce terme pour parler d’elles semble rendre la violence de genre plus acceptable, violence dont profitent d’innombrables hommes si ceux-ci sont décriminalisés, puisque la prostitution se transforme en une relation professionnelle, un service, un travail ou un échange économique », soutient la secrétaire de l’association, María Dolores Bahora.

Le phénomène de la prostitution et la traite de femmes sont reliés, comme le mentionne le rapport du Bureau du Congrès, qui a recueilli des renseignements provenant de tous les domaines et secteurs afin d’acquérir une connaissance exhaustive du problème. Selon ces données, la majorité des femmes en situation de prostitution sont ou ont été victimes de la traite de personnes. C’est pour cela que l’association croit qu’au lieu de parler de travailleuses du sexe, il serait plus juste d’utiliser le terme « esclaves du sexe », et qu’il faut les nommer ainsi dans les dépliants d’information puisque « cette dénomination est plus proche de la réalité ».

Les responsables de l’association espèrent que l’Assemblée, face à cette prise de position, rectifiera la sienne et maintiendra le terme « prostitution ».

Titre original de l’article : « Ce sont des esclaves, pas des travailleuses »,
par Andrea Cubillas

Source : journal Diario de León, León (Espagne), le mardi 28 août 2007.

Version française : Julie Dufresne

L’éditeur de cet article en a autorisé sa publication en français sur Sisyphe.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 5 septembre 2007

Andrea Cubillas


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