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Dans la Médina

15 septembre 2007

par France Bonneau, poète

Prise du corps
Chair arrimée dans la haine
Cri fuselé
Acculé dans la gorge.

Dans l’enceinte de la ville
Personne n’a su.

La clarté du matin, la parole amicale
Ont gavé le coeur d’espérance
Mais le soir a vite repris son anonymat
La ville à nouveau sera témoin
Images de mépris absoutes par le siècle
Pour des siècles d’avance.
Muselés les corps, soumis
Enchaînés à l’arrogance.
Épinglée, bâillonnée,
La lumière ne sortira pas d’ici
Les murs sont hauts, les lois de fer
Le pays est en règle
Et la maison du roi si confortable.

Le soir assis dans la ville
On recommence on joue
On assassine les âmes
On brûle les pellicules
On mâte, on ficelle
On viole.

Muette, mal-aimée
Elle se taira
Comme sa mère, comme ses soeurs
Chuchoteront entre elles
Monosyllabes se perdant sous le poids du silence
Baisseront la tête et désarmées
Reprendront sans rien dire
La route d’hier
La contrainte
L’obéissance.

Prise du corps
Chair arrimée dans la haine
Dans l’enceinte de la ville
Personne n’a su.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 septembre 2007

France Bonneau, poète


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2741 -