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Montréal peut et doit lutter contre l’exploitation sexuelle des femmes et des jeunes

30 octobre 2007

par la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES)

MONTREAL, le 10 octobre - La Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) a déposé, le 9 octobre, un mémoire dans le cadre des consultations de la Ville de Montréal sur sa politique visant l’égalité des sexes. La CLES interpelle l’administration municipale montréalaise sur sa volonté de lutter contre la prostitution, qui constitue une exploitation sexuelle et un recul pour l’égalité de toutes les femmes. La CLES propose des solutions pour que Montréal - à l’instar d’un nombre croissant d’autres métropoles - choisisse de tenir tête aux prostitueurs et à l’exploitation sexuelle commercialisée. La Concertation réclame de véritables alternatives, axées sur l’égalité femmes-hommes, plutôt que le harcèlement actuel des premières victimes de cette exploitation. Les bilans ont été faits, les solutions identifiées et la législation nécessaire existe : il ne manque plus qu’une volonté politique, d’intégrer à la présente politique d’égalité entre les sexes, pour aligner Montréal sur les engagements internationaux pris par le Canada en ce domaine.

Plutôt que de voir dans la prostitution un mal inévitable ou même une occasion d’affaires, les administrations de plusieurs grandes villes et métropoles du monde interviennent pour éduquer la population, soutenir les personnes exploitées et contrer les prostitueurs - proxénètes et "clients" - la source de cette exploitation sexuelle. Des études indiquent que ces politiques fonctionnent. La CLES invite Montréal à miser sur l’expertise acquise pour offrir un soutien et des alternatives réelles aux femmes et aux jeunes dont le marché du sexe exploite la pauvreté et les dépendances. La protection de ces personnes et l’aménagement de voies de sortie de la prostitution doivent être la priorité de la Ville de Montréal qui doit leur offrir rapidement des ressources de protection, d’accompagnement, de reprise en main, de soutien financier, d’aide au logement et de formation. Il faut aussi cesser immédiatement toute discrimination, harcèlement policier, criminalisation et stigmatisation par un dossier permanent. Toute intervention auprès des femmes en prostitution doit en être une d’appui et de défense de leurs droits, plutôt que de répression, et ce, de concert avec les ressources féministes qui reconnaissent la prostitution comme une forme de violence.

Par contre, l’égalité exige que la Ville de Montréal cesse de fermer les yeux sur les proxénètes de tout genre qui entretiennent l’inégalité des femmes, en contravention directe du Code criminel... et avec un permis de la Ville ! C’est contre eux qu’il faut recentrer l’intervention en appliquant et actualisant les lois et règlements pertinents, comme l’ont fait d’autres villes, notamment Glasgow en Ecosse, Madrid en Espagne et certaines grandes villes canadiennes. Montréal doit cesser d’agir en proxénète en se présentant comme une destination de tourisme sexuel.

Ceux qu’on appelle les "clients" doivent aussi être responsabilisés. Il est grand temps d’en faire la cible d’interventions dissuasives, de sanctions efficaces. Une vraie politique d’égalité appelle une stratégie à long terme où citoyens et fonctionnaires seront informés et confrontés aux conséquences de leurs choix sur la condition des personnes prostituées.

La Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle espère vivement que la Ville de Montréal aura le courage d’intégrer cette priorité à sa politique d’égalité entre les femmes et les hommes.

La CLES regroupe depuis mai 2005 des intervenantEs de première ligne, des chercheurEs universitaires, des auteurEs et des représentantEs d’organismes communautaires et religieux. Tous mènent un travail d’éducation populaire et de défense des droits des personnes aux prises avec la prostitution. Celle-ci demeure de l’exploitation sexuelle, une forme de violence qui est le contraire même de l’égalité femmes-hommes, qu’elle se fasse dans la rue ou via des agences d’escorte, dans des salons de massages dits érotiques, bars spécialisés ou bordels, via la pornographie ou Internet. Elle touche particulièrement les femmes doublement marginalisées (pauvres, racisées, migrantes, autochtones, adolescentes, victimes d’inceste et de viol, etc.).

La consultation de la ville de Montréal s’intitule "LA PARTICIPATION EGALITAIRE DES FEMMES ET DES HOMMES A LA VIE DE MONTREAL"

Pour recevoir une copie du mémoire, communiquer avec Michèle Roy.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 26 octobre 2007

la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES)


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2776 -