source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2793 -



Aux propriétaires du bar "Chez son père"
Lettre de protestation contre les propos et l’attitude d’un chanteur

1er décembre 2007

par Josée Simard

Québec, le 26 novembre 2007

Aux propriétaires du bar "Chez son père",

Je vous écris aujourd’hui pour partager avec vous une expérience que j’ai vécue dans votre établissement, qui était loin d’être agréable. Le 24 novembre 2007 en soirée, je suis allée dans votre établissement accompagnée d’amiEs. Tout s’est très bien passé, jusqu’au moment où le chansonnier François Leblanc (ou de son nom de scène, Franck Tattoo) a chanté la chanson "Le vieux dans le bas du fleuve" avec quelques modifications dans le texte.

Vous devez probablement connaître les paroles de cette chanson puisque, le 7 juin 2005, vous receviez une lettre semblable à celle que j’envoie aujourd’hui. Je me permets de vous les rappeler en citant un extrait de sa performance :

C’était une fille du Bas-du-fleuve
Qui s’mettait un peu partout
On l’appelait la charrue neuve
Depuis qu’elle avait quatorze ans
Elle s’est levée un bon matin
Une cicatrice dans l’arrière-train

En entendant cela, je suis allée voir un membre du personnel pour lui faire part de mes commentaires et de ma surprise face au fait qu’il chantait encore cette parodie. Le serveur m’a alors répondu que le chansonnier était libre d’interpréter les chansons qu’il voulait et que ce n’était pas son problème. Je lui ai alors répondu que, selon moi, il aurait simplement dû prendre mes commentaires afin de les transmettre à son patron.

Après cet échange, ce même serveur est allé raconter l’épisode au chansonnier qui s’est empressé de mentionner à la salle qu’il y avait une personne qui s’était plainte d’une chanson en particulier. Et qu’il voulait même la faire à nouveau ! J’ai alors décidé de ne pas réagir et de continuer ma soirée entre amiEs.

Entre-temps, celui au micro devient de plus en plus désagréable avec le public. À un moment, il dit même à une personne dans la salle : « C’est ça, sacre ton camp Aux yeux bleus ».

Après le spectacle, je suis allée voir le chansonnier en lui disant que c’était moi qui avais fait des commentaires plus tôt dans la soirée, mon but étant d’amorcer une discussion avec lui. Il me répond alors : « Ah ! Ouin ? Si t’es pas contente, criss donc ton camp toi aussi Aux yeux bleus ou dans un autre bar. » En entendant cela, je reste bouche bée. Il se met alors à crier à l’intention du portier : « Sors-moi donc cette grosse truie ! » J’ai donc conclu en disant que je ne croyais pas que tout cela était nécessaire.

Étant donné l’attaque personnelle que je venais de vivre, je suis retournée voir mes amiEs pour leur dire que je voulais m’en aller. Il est alors venu me voir pour me dire qu’il voulait s’expliquer. Il m’a dit que, pour lui, ces paroles ne parlaient pas de viol, mais bien du fait que « dans chaque région, il y a toujours une charrue qui se fait passer dessus par tout le monde ». Selon lui, la cicatrice dans l’arrière-train faisait allusion à des pratiques sexuelles non traditionnelles, mais consentantes.

Je vous envoie cette lettre aujourd’hui pour vous faire partager ma colère suite à ces attaques envers les femmes, mais également envers moi. Cette personne a été agressive et violente à mon égard, ce qui est tout simplement intolérable.

Mais je vous écris également pour d’autres raisons.... Comment un établissement peut-il tolérer qu’un de ses employés agisse ainsi envers les clientEs et ce, pour une deuxième fois ? Comment pouvez-vous tolérer de telles paroles ? Dois-je comprendre que vous endossez les paroles et les actes de la personne en question ?

En terminant, je vous demanderais également de répondre à mes questions. J’aimerais aussi que vous m’expliquiez quelles mesures vous prévoyez appliquer, envers vos employéEs, plus spécifiquement en ce qui concerne ce chansonnier.

J’attends donc une réponse de votre part à cette adresse courriel.

Source.

Une
lettre du même type
avait d’ailleurs circulé il y a deux ans. Le texte traite d’un chansonnier qui a des propos haineux et dégradants envers les femmes...

Mis en ligne sur Sisyphe, le 1er décembre 2007.

Josée Simard


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2793 -