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Devant "l’incantation" à la privatisation de la santé
Des dizaines de personnalités appellent à se mobiliser pour la défense d’un système public, accessible et de qualité au Québec23 novembre 2007
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(Montréal, le 21 novembre 2007) - Des dizaines de personnalités en provenance des mondes universitaire, médical, politique, syndical, communautaire et artistique ont signé une Déclaration mettant en garde contre les méfaits de la privatisation en santé et mettant de l’avant des solutions publiques constructives pour améliorer l’accessibilité des services de santé et des services sociaux.
La Déclaration est signée par Lorraine Guay et co-signée par plus de quatre-vingt personnalités, dont les suivantes : Michelle Asselin, Vivian Barbot, François Béland, Lina Bonamie, Jean-Pierre Charbonneau, Jean-Paul Cloutier (ministre de la Santé de 1966 à 1970), André-Pierre Contandriopoulos, Françoise David, Robert Dean, Pierre Ducasse, Marie Eykel, Nicole Filion, Steven Guilbeault, Dr Vania Jimenez, Dr Amir Khadir, Vivian Labrie, Andrée Lajoie, Paul Lamarche, Gérald Larose, Marc Laviolette, Denis Lazure, Francine Lévesque, Sylvie Morel, Pierre Paquette, Madeleine Parent, Réjean Parent, François Parenteau, Marie-Claude Prémont, Chloé Ste-Marie, Dr Réjean Thomas, Dominique Verreault et Laure Waridel.
On trouvera la version intégrale (10 pages), ainsi qu’une invitation à signer cette Déclaration sur le site www.santesansprofit.org.
La Déclaration s’intitule : « La privatisation : une illusoire incantation - Faire de la santé et du bien-être de la population un objectif politique solidaire ». Elle a été rendue publique en conférence de presse le 21 novembre. Elle s’inscrit dans le cadre d’une démarche non partisane et dans le contexte des travaux du Groupe Castonguay sur le financement du système de santé et d’autres événements dont le Davos de la santé à Saint-Sauveur et le Sommet du Collège des médecins.
La Déclaration d’une dizaine de pages s’ouvre sur le constat suivant : « Les appels à la privatisation accrue de notre système de santé se sont multipliés depuis une dizaine d’années au Québec. La porte ouverte par le jugement de la Cour suprême dans l’affaire Chaoulli a donné à ces appels la forme d’une incantation de plus en plus insistante. Ce discours propose un privé mythique, parfait, efficace, sans faille.... quasi désintéressé ! ... et qui serait la solution miracle à des problèmes complexes qui relèvent pourtant essentiellement d’une gestion publique et de choix politiques ».
Les signataires de cette déclaration affirment qu’au contraire, les faits démontrent que l’incantation à la privatisation et le choix de cette voie constituent un recul, une sorte de « marche avant vers le passé » qui nous conduit dans un cul-de-sac dont nous aurons peine à nous extirper. « D’où cet appel à nos concitoyennes et concitoyens pour une résistance raisonnée à la privatisation du système de santé. Il s’agit d’un appel en faveur de solutions publiques mettant la solidarité au service de la santé et du bien-être de la population du Québec. Car avant d’être économique, la privatisation a d’abord une dimension politique et culturelle : elle s’attaque à des valeurs d’égalité, de justice, de solidarité que les sociétés ont mis un temps précieux à intégrer dans leurs institutions et dont elles tirent leur inspiration pour la mise en place de politiques et de programmes sociaux universels », lit-on dans la Déclaration.
Propositions concrètes
Les signataires de la Déclaration veulent que le Québec devienne, en Amérique du Nord, une société qui fait de la santé et du bien-être de sa population un objectif politique solidaire et non pas un objet de convoitise et de profit pour l’industrie privée. Ils ont le goût de créer une société dont les membres sont en sécurité face à l’imprévisibilité de la maladie. Depuis la mise en place de l’assurance-hospitalisation et de l’assurance-maladie dans la foulée de la Révolution tranquille, et malgré les lacunes de ces régimes, des milliers de Québécois et de Québécoises ont bénéficié de cette sécurité et évité l’endettement ou les assurances privées aux coûts exorbitants.
Un vrai débat public
Les signataires demandent dans les meilleurs délais un vrai débat public sur le financement du système de santé et de services sociaux. Pour eux, le temps est venu d’un débat public qui mette toutes les positions, y compris la leur, à l’épreuve des faits. Ils croient que ni le Groupe Castonguay, ni les habituelles commissions consultatives ne répondent à ce besoin de délibération publique. Une formule qui s’apparente à celle du BAPE permettrait davantage à la population québécoise de se faire une opinion éclairée et de prendre une orientation aux répercussions énormes sur le présent et sur les générations futures. Sans discussion publique, la société québécoise demeurera prisonnière de l’incantation à la privatisation.
Sources
Lorraine Guay
Tél. 514-278-6546
CourrielJacques Fournier
Tél. 514-721-0193
Courriel
J’APPUIE CET APPEL EN FAVEUR D’UN
SYSTÈME DE SANTÉ PUBLIC PARCE QUE...Il faut recentrer les efforts sur le vrai débat, qui est d’améliorer l’accès aux meilleurs soins pour l’ensemble de la population, tout en faisant connaître les meilleures solutions publiques pour les généraliser avec rigueur à l’ensemble du réseau.
Simon Turcotte, médecin résident en chirurgie
J’appuie ce texte car il reprend, une fois de plus, les principaux faits qui montrent que la privatisation n’est pas la solution. Il est étonnant de voir combien il est difficile de faire passer les idées simples et pleines de bon avancées dans le texte.
AP Contandriopoulos Groupe de recherche interdisciplinaire sur la santé (GRIS) Université de Montréal
J’appuie cette déclaration parce que :
1. Je suis un humaniste : je crois que l’accès à des services de santé est un droit pour tous les membres de notre société
2. Je ne suis pas un "créationniste", mais un scientifique : les études scientifiques montrent que, tout en étant perfectible, un système public de santé comporte plus d’avantages que d’inconvénients pour une société, surtout si on valorise l’accès aux services de santé pour tous.
Régis Blais
Professeur Département d’administration de la santé Université de Montréal
J’appuie cette déclaration parce que jamais, où que ce soit, les soins de santé ne devraient être un privilège octroyé selon la fortune. Être soigné est un droit fondamental lié à la dignité humaine et au respect le plus élémentaire de la personne. Soigner devrait toujours être un geste d’empathie et de solidarité, jamais un geste discriminant les uns au profit des autres.
Jean-Pierre Charbonneau, ex-ministre et ex-président de l’Assemblée nationale
J’appuie cette déclaration parce que, en tant qu’économiste de la santé, et professeur à McGill, j’ai eu l’occasion d’étudier une bonne partie de la littérature scientifique que la déclaration mentionne, et aussi des écrits de la droite tels ceux de l’Institut Fraser. Je ne suis pas nécessairement d’accord avec toutes les positions avancées dans la déclaration, mais il me semble tout à fait clair qu’un accroissement de la privatisation (déjà plutôt avancée au Canada, y compris au Québec, comparativement à plusieurs autres pays industrialisés) ne résoudra aucunement les problèmes d’attente qui attirent tant l’attention des médias - sauf pour les mieux nantis. J’appuie la déclaration aussi parce que, personnellement, je préfère une société plus solidaire à une société plus individualiste. Notre système public s’améliore progressivement - ce que les médias ne font pas souvent ressortir - et il faut continuer les efforts en ce sens.
Eric Latimer, économiste de la santé, professeur Université McGill
J’appuie cette déclaration parce que je suis convaincue qu’on est loin d’avoir tout essayé pour faire fonctionner convenablement notre système public de santé et de services sociaux et que ce n’est ni la sacralisation du "privé", ni l’abandon de nos devoirs politiques de ce champ de responsabilité collective, qui apporteront des solutions durables et équitables aux maux dont souffrent actuellement ce système, cela sans parler des nombreuses dérives (dégradation et perte de crédibilité des services publics, difficulté d’accès pour de nombreux groupes de la population à des soins de qualité, déficit démocratique dans la gestion du système de santé et de services sociaux, etc.) dont ces options sont porteuses.
Sylvie Morel, économiste Université Laval
J’appuie cette déclaration parce qu’elle est une pierre importante de la forteresse que le peuple québécois doit construire pour empêcher que des parasites de la médecine mercantile et de l’assurance privée et leurs chiens savants de l’économie anti-sociale ne parviennent à lui voler l’un des biens les plus précieux de son patrimoine collectif, soit un système de soins de santé public fondé sur le partage plutôt que sur le clivage et qui permet à tout le monde, aux très riches comme aux plus pauvres, de SE FAIRE SOIGNER SANS SE RUINER.
Gilles Dussault
Président
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
Bonjour,
J’appuie cette déclaration parce que les inégalités en santé sont déjà outrageusement criantes et qu’elles ne peuvent que s’intensifier avec la privatisation.Denis Bourque
Professeur UQO
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en organisation communautaire
"J’appuie cette déclaration parce que l’accès aux ressources dans les domaines de la santé et des services sociaux est la condition première d’une égale humanité. Dans une société fondée sur des valeurs d’égalité, d’équité, de justice sociale et de respect de la dignité des personnes, on ne saurait concevoir que pour des raisons de fortune ou d’appartenance de classe, certaines et certains aient accès mieux et plus rapidement que les autres à ces services essentiels. Une telle vision des choses est une négation de ce pour quoi des générations de Québécoises et de Québécois se sont battus, c’est renier une part du meilleur de nous mêmes. Et c’est intolérable.
Henri Lamoureux. écrivain et socioéthicien
J’appuie cette déclaration parce qu’il y a URGENCE qu’une voix s’élève et fasse entendre les perspectives en santé qui mettent en priorité l’INTÉRÊT GÉNÉRAL.
Une autre raison motive mon appui : l’APPEL met aussi de l’avant quelques propositions nouvelles pour compléter le réseau public : par exemple des coopératives dans le secteur de la santé (services de proximité de type nouveau), ce qui manque grandement dans un certain nombre de communautés locales.
Louis Favreau, sociologue
Université du Québec en Outaouais
J’appuie cette déclaration parce que...
Je considère qu’on ne peut plus laisser le champ libre à la fraude intellectuelle et à la campagne idéologique menée par ces néo-conservateurs (Neocrazies) de l’école de Calgary qui a fabriqué Harper et alimente un discours d’extrème-droite au Canada répercuté par le Fraser Institute et sa succursale ici : l’Institut économique de Montréal.Ce groupe de Calgary rassemble entre autre des gens comme *Barry Cooper * qui milite pour l’abolition du Welfare state ; *Tom Flanagan*, le penseur de Harper qui croit que les autochtones doivent être assimilés, *David Bercuson* qui a un jour suggéré qu’il fallait se débarrasser du Québec pour que la Canada prospère, et *Rainer Knopff *and *Ted Morton*, qui prétendent que le pays a fait l’objet d’un rapt par une Cour suprême virée au rouge et qui combattent au nom du marché et de l’individualisme, tout droit collectif et toute intervention de l’État.
Georges Lebel, avocat, Professeur Sciences juridiques UQAM
– Pour lire la Déclaration « La privatisation : une illusoire incantation...>et signer l’Appel, allez sur le site www.santesansprofit.org.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 21 novembre 2007