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Avis sur l’hypersexualisation - Rectifications nécessaires

28 septembre 2008

par Christiane Pelchat, déléguée générale du Québec à Mexico

Dans "Le mot de la présidente" de la Gazette des femmes de septembre-octobre 2008, Mme Christiane Pelchat rectifie des interprétations erronées qui ont circulé sur l’avis que le CSF a présenté à la ministre Mme Christine St-Pierre en juin dernier. Voici cette rectification.

Rectifications nécessaires

L’avis du Conseil du statut de la femme Le Sexe dans les médias : obstacle aux rapports égalitaires a fait couler beaucoup d’encre depuis sa parution, les commentaires ne reflétant pas tous une compréhension adéquate des positions défendues. Rappelons tout d’abord que nous avons rempli un mandat confié par la ministre de la Condition féminine en titre à l’époque. L’objectif consistait à proposer des mesures d’infor-mation et de sensibilisation pour contrer les effets, sur les jeunes, de la sexualisation (« hypersexualisation ») de l’espace public. L’article de Paule Belleau en page 11 (de la Gazette des femmes, septembre-octobre 2008) présente le contenu de cet avis.

Plusieurs des commentaires entendus ont opposé féminisme et féminité. À ces remarques, nous répondons que si les féministes ont refusé d’être prises pour des objets, elles assument leur féminité en choisissant de se réapproprier leur corps.

À partir d’une revue des travaux de chercheuses éminentes, l’avis démontre trois phénomènes. Premièrement, la sexualité est omniprésente dans les médias, ce qui a pour effet de la banaliser. Deuxièmement, les médias occupent une place prépondérante dans la vie des adolescents – ils auront, par exemple, été exposés à 300 000 messages publicitaires lorsqu’ils atteindront l’âge de 19 ans. Troisièmement, les messages à contenu sexuel modifient le comportement des jeunes. Toutes les études montrent que la sexualisation des médias est stéréotypée et présente les femmes comme des objets sexuels, des êtres soumis dont le seul souci est de plaire aux hommes. Le hic, c’est que ces stéréo-types influencent les comportements et la vie sexuelle des adolescentes et des adolescents.

Attention ! Nous ne parlons pas d’adultes ici. Il s’agit de jeunes filles et garçons de 12 à 16 ans. Il est clair qu’à cet âge, le sens critique est moins aiguisé qu’à 18 ans. Or, les études démontrent qu’une majorité de jeunes reproduisent ces modèles dont ils sont bombardés à cœur de journée. Pour les filles, les magazines de mode et la télé sont les supports les plus fréquentés. Chez les garçons, ce sont les jeux vidéo et les vidéoclips.

Les jeunes exposés à cette « hypersexualisation » ont des pratiques sexuelles plus précoces que la moyenne, et beaucoup des filles qui ont eu des relations sexuelles très jeunes disent avoir vécu de la violence dans leur relation. Les études montrent aussi que les relations sexuelles précoces accroissent le nombre d’infections transmises sexuellement.

Le Conseil souhaite donc voir les jeunes mieux outillés pour appréhender les messages sexuels qui les assaillent. C’est l’exercice de leur esprit critique qu’il faut stimuler : à ce titre, l’école semble toute désignée. Afin de toucher les parents et l’ensemble du public, le Conseil propose une large campagne médiatique pour promouvoir les rapports égalitaires entre les sexes.

Le Conseil souhaite aussi que les diffuseurs appliquent les codes d’éthique qui les régissent. Toutefois, nous ne sommes pas dupes : nous savons que nos avis ne feront jamais l’unanimité. Le marché de la beauté et de l’appa-rence est beaucoup trop lucratif pour que disparaisse sans protestation la marchandisation du corps des femmes.

Christiane Pelchat
Présidente
Conseil du statut de la femme

Source : La Gazette des femmes, septembre-octobre 2008.

 Pour télécharger cet avis, rendez-vous sur le site du Conseil du statut de la femme.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 14 septembre 2008

Christiane Pelchat, déléguée générale du Québec à Mexico

P.S.

Suggestion de Sisyphe

 Lire et signer la lettre à la ministre à la Condition féminine Mme Christine St-Pierre : "Ne laissez pas l’ignorance saper les acquis des Québécoises."




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