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La langue française est en crise en France, M. le Président Sarkozy

17 octobre 2008

par l’Association FRancophonie AVenir

Alors que le président français, Nicolas Sarkozy, de passage au XIIe Sommet de la francophonie qui a lieu dans la Ville de Québec, a pris la parole sur la crise financière et le capitalisme, l’Association FRancophonie AVenir rappelle que l’usage de la langue française cède de plus en plus de terrain à l’anglais en France. Ne connaissons-nous pas une crise linguistique aussi importante que la crise financière, demandent les auteurs. Le président devrait répondre aux inquiétudes des Français-es au lieu de donner des leçons aux Québécois-es sur la "division". (Sisyphe)



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Lettre aux membres du Sénat et de l’Assemblée nationale en France

Mesdames, Messieurs les Sénateurs,
Mesdames, Messieurs les Députés,

Pouvez-vous nous expliquer pourquoi, s’il vous plaît, tout le monde s’offusque du fait que la Marseillaise a été sifflée au Stade de France, le mardi 14 octobre 2008, et que tout le monde se tait, par contre, lorsque la langue française est oubliée, bafouée, humiliée ?

Pourquoi jette-t-on la pierre à quelques Arabes qui ont outragé notre hymne national et ne dit-on rien aux Français qui outragent quotidiennement notre langue nationale en lui préférant l’anglais ?

Pourquoi ce "deux poids, deux mesures" ?

Pourquoi, par exemple, n’a-t-on pas condamné Bernard Kouchner* qui a donné récemment une entrevue en anglais en Israël, pays qui veut prétendument entrer dans l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ?

Pourquoi, également, personne n’a protesté du fait d’entendre Mme Françoise Barré-Sinoussi, qui venait d’obtenir le Prix Nobel de Médecine, donner une entrevue en anglais , et du Cambodge, qui plus est, un pays adhérent à l’OIF ?

Et que penser de toutes ces publicités en anglais en France qui font dire au philosophe Michel Serre qu’il y a plus de mots anglais aujourd’hui sur les murs de Paris qu’il n’y avait de mots allemands pendant l’Occupation ?

Bientôt, avec LES PLANS d’ANGLICISATION MASSIVE, élaborés et soutenus par des ministres comme Xavier Darcos qui a introduit l’anglais obligatoire à l’école dès l’âge de 7 ans pour nos enfants, comme Valérie Pécresse qui veut que l’on enseigne en anglais dans nos universités, etc., nos enfants percevront l’anglais, non plus comme une langue étrangère, mais comme leur seconde langue, voire comme leur langue tout court !

Déjà, bon nombre de jeunes Français qui se lancent dans la chanson préfèrent chanter en anglais plutôt qu’en français. Le cas Tellier, où pour la première fois, la France a chanté en anglais au concours de l’Eurovision de la chanson, n’est pas, hélas, un cas isolé.

Alors, Mesdames, Messieurs les Sénateurs, Mesdames, Messieurs les Députés, vous qui vous êtes si promptement et si justement indignés du fait que la Marseille a été sifflée au stade de France, nous vous demandons instamment de faire le nécessaire pour arrêter le processus d’anglicisation de notre pays.

Si gouverner, c’est prévoir, faites en sorte alors, s’il vous plaît, que demain notre jeunesse ne chante pas la Marseillaise en anglais.

Recevez, Mesdames, Messieurs les Sénateurs, Mesdames, Messieurs les Députés, l’expression de notre haute considération.

 Pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait, merci de signer notre pétition en ligne : Pétition pour demander au président de la République, Nicolas Sarkozy, de respecter ses engagements électoraux en matière de langue française, de Francophonie et de lutte contre le tout anglais.

* L’anglais, langue facile ?

À l’image de nos élites et de nos politiciens de plus en plus nombreux à privilégier la langue anglaise aux dépens du français, oubliant, ce faisant, que notre langue, de par sa clarté et sa précision, est la langue, par excellence, du droit et de la diplomatie. Bernard Kouchner a été pris en flagrant délit d’anglomanie, le 4 octobre 2008, en accordant une entrevue en anglais au journal israélien Haaretz. Cette entrevue en anglais lui a valu d’être victime d’une confusion phonétique entre les mots anglais « hit » (frapper) et « eat » (manger). Ainsi, notre ministre des Affaires étrangères aurait dit, selon, le quotidien israélien qu’Israël « allait manger l’Iran » si ce pays se dotait de l’arme nucléaire.

Cela dit, on se demande bien pourquoi M. Kouchner s’est exprimé en anglais à des journalistes israéliens, alors que le Président Sarkozy a répété maintes fois (voir notamment le discours de Caen du 9 mars 2007 et celui du 20 mars 2008) que c’est une obligation absolue (sic) pour tout représentant de la France d’employer la langue française pour communiquer à l’international.

Que penser aussi, de la volonté du Président Sarkozy de faire entrer Israël dans l’Espace francophone (OIF), alors que M. Kouchner trouve tout naturel de parler en anglais à des Israéliens ?

Où est la cohérence dans tout ça ?

Au même titre que la crise financière que nous connaissons aujourd’hui parce que nous avons suivi les préceptes de la pensée unique basée sur le modèle étatsunien, connaîtrons-nous un jour la crise linguistique, parce que nous avons axé notre politique des langues sur le tout anglais ?

Régis Ravat, Jean-Pierre Colinaro, Mustafa Bensima pour l’A.FR.AV (l’Association FRancophonie AVenir).

Mis en ligne sur Sisyphe, le 17 octobre 2008

l’Association FRancophonie AVenir


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