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Libre disposition de son corps et liberté de se prostituer

20 novembre 2008

par Dre Michèle Dayras, présidente de SOS-SEXISME

« Le débat relatif à la liberté de se prostituer, résultat de revendications féministes concernant la libre disposition de son corps, sert de fondement au réglementarisme. » (Fondation Scelles)*

Laisser entendre que les féministes seraient responsables de la liberté accordée aux femmes de se prostituer, au nom de la libre disposition de son corps pour laquelle elles ont lutté, est une pure insulte faite au combat des femmes pour leur libération et leur dignité !



Dans les années 70, nous voulions maîtriser notre procréation pour sortir de l’esclavage plurimillénaire des grossesses répétées et non désirées. Nous disions « Un enfant, si je veux, quand je veux ! » mais jamais nous n’avons imaginé faciliter la prostitution une fois cet avantage obtenu.

Le message des féministes qui luttent depuis plus de 3 décennies pour leurs droits, a été perverti par le pouvoir masculin en place qui l’a détourné à son avantage. D’une sexualité choisie et épanouie, on a dérivé vers une sexualité débridée à l’usage des hommes, copiée sur les stars du porno qui éduquent la génération actuelle et à laquelle les filles doivent impérativement se conformer.

C’est à Pékin en 1995, pendant la Conférence internationale sur les femmes, qu’est apparu la notion de prostitution dite ‘libre’, au moment où les religieux islamiques et catholiques ont commencé à infiltrer ces instances dans lesquelles des espaces de paroles leur avaient été attribués, alors que certaines associations féministes en étaient privées (je l’ai vécu !).

En 1998, l’OIT a insisté pour que les bénéfices de la prostitution soient pris en compte dans le PIB des États, conduisant progressivement vers la réglementation.

En 2000, islamiques et catholiques ont investi la Conférence sur les femmes de New York, avant de parasiter les forums alter mondialistes pour surveiller et contrecarrer (entre autres) les mouvements féministes qui dérangeaient le fondement même de leur idéologie réactionnaire.

Le développement fulgurant de la pornographie - sur la Toile et dans les films - et de la prostitution sous toutes ses formes, a nécessité de plus en plus de chair fraîche - surtout féminine - pour satisfaire la demande toujours plus pressante des prédateurs : des filles de plus en plus jeunes, renouvelées souvent, diversifiées, disponibles, interchangeables, exotiques, malléables, jetables, que seule pouvait fournir la traite. Le concept de prostitution ‘librement choisie’ permettait aux viandards prédateurs de n’avoir aucun scrupule à chasser un tel gibier !

La Fondation Scelles peut-elle imaginer un seul instant que les féministes aient cautionné de telles dérives ? Mais qu’entend-elle par féministes ? Appelle-t-elle ‘féministes’ les islamistes qui se prétendent telles et qui attendent leur libération d’une lecture différenciée du Coran, étouffées sous leurs voiles ? Croit-elle que les groupes d’ex-prostitué-e-s ou de transsexuelles XY qui souhaitent la réglementation de la prostitution soient ‘féministes’ ?

Lorsqu’elle écrit au sujet des réglementaristes « Selon eux, le droit à la libre disposition de soi est un droit fondamental devant s’appliquer à toutes les femmes », on se demande de quel droit fondamental il est question dans la prostitution et si les femmes choisissent d’être exposées dans les vitrines d’Amsterdam - comme des animaux les jours de foire - ou présentées nues dans les bordels de Berlin, évaluées, jaugées par les regards vicieux, libidineux ou méprisants de prédateurs en rut, avant de devenir de purs objets sexuels qu’ils utilisent à leur gré de façon plus ou moins violente, mais toujours destructrice et parfois mortelle.

Quant aux Églises - réglementaristes dans les faits - elles n’ont jamais dénoncé la prostitution des femmes, mais elles sont contre la contraception et l’avortement puisque, selon elles, la vie commence à la rencontre du spermatozoïde élu et de l’ovule, et que toute naissance est une bénédiction de dieu.

La liberté de toutes les femmes cesse dès qu’elle freine l’épanouissement personnel, culturel, cultuel ou sexuel des hommes. Vagins et utérus restent la propriété des mâles de la planète qui les programment et les utilisent pour leur plaisir, aménageant la prostitution, subventionnant la natalité ici (France) ou la freinant ailleurs (Chine). Le discours des féministes est exclu de ces tractations machistes.

* Prostitution et traite des êtres humains - Les mensonges du réglementarisme, la Fondation Scelles.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 20 novembre 2008

Dre Michèle Dayras, présidente de SOS-SEXISME


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