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Les promesses de Jean Charest : une insulte pour les jeunes professionnelles en soins

28 novembre 2008

par Le comité Jeunes de la FIQ

Le comité Jeunes de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) déplore que les promesses formulées à l’emporte-pièce et autres engagements populistes destinés à gagner des votes soient désormais le lot des campagnes électorales. Néanmoins, le comité estime que Jean Charest a poussé sa chance un peu trop loin.

Ainsi, le chef du Parti libéral du Québec a annoncé en grande pompe cette semaine qu’il entendait, s’il est élu, offrir une prime annuelle de 3 000 $ aux nouvelles infirmières, et ce, pour les trois premières années de pratique. Pour les infirmières auxiliaires, le montant de la prime offerte serait de 2 000 $, alors qu’on ne prévoit rien pour les inhalothérapeutes et les perfusionnistes, qui sont également en contexte de pénurie. Selon le premier ministre, ces mesures devraient « (…) alléger le fardeau des infirmières en attirant davantage de nouvelles infirmières et en améliorant leur vie au quotidien ».

Pour des vraies solutions à la pénurie

Si le comité Jeunes de la FIQ déplore le fait qu’il a fallu plus de 5 ans et une conjoncture électorale pour que le gouvernement Charest comprenne enfin que la rétention des professionnelles en soins constitue un problème grave et urgent, il demeure que les promesses formulées par le premier ministre ne peuvent que traduire sa grande méconnaissance des enjeux.

D’entrée de jeu, le comité Jeunes est insulté par les promesses libérales, parce qu’elles sous-entendent que la satisfaction des professionnelles en soins à l’égard de leur profession est liée au montant de leur chèque de paie. Ces valeurs sont peut-être l’apanage d’un parti à la solde de la grande entreprise, mais elles ne reflètent pas celles des jeunes professionnelles en soins.

Améliorer les conditions de travail

Cette apparente incompréhension de la part du gouvernement sortant est d’autant plus surprenante que la FIQ, en partenariat avec l’ensemble des acteurs du réseau de la santé, participe depuis l’an passé à une table de concertation sur la planification de la main-d’œuvre infirmière. Il ressort de ces exercices de consultation que les conditions de travail sont à la source de l’insatisfaction des professionnelles en soins. C’est également la conclusion à laquelle était parvenu le Forum national sur la planification de la main-d’œuvre infirmière, en 2001. D’ailleurs, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec concluait en 2003, dans une publication, que :

« Les résultats préliminaires des études menées actuellement par le sous-comité de la recherche, mandaté par le forum national sur la planification de la main-d’œuvre infirmière pour identifier certaines pistes d’action afin d’accroître la rétention d’infirmières sur le marché du travail, font très clairement ressortir que l’amélioration des conditions de travail et de vie au travail devra être la voie à privilégier pour remédier à cette crise majeure générée par la pénurie d’infirmières ». [MSSS, 2003, Planification de la main-d’œuvre infirmière : Bilan des travaux réalisés et mise à jour du Plan d’action, p.24]

À cet égard, le chef du Parti libéral ne peut blâmer un gouvernement en poste il y a 10 ans, ni les vents défavorables, ni même la position des astres pour justifier son inaction dans ce dossier. M. Charest a bénéficié de plus de cinq ans pour mettre en place des mesures voulues par l’ensemble des acteurs du réseau et identifier la voie à suivre par son propre ministère. Néanmoins, avant de découvrir le double fond de la sacoche de Mme Jérôme-Forget (la ministre des Finances du gouvernement du Québec), le comité Jeunes a plutôt la désagréable impression que le gouvernement Charest se préoccupait davantage des possibilités d’affaires en santé que du sort réservé aux professionnelles en soins…

Renforcer le système public de santé

Le comité Jeunes estime que la marchandisation de notre système de santé, fortement accrue par le gouvernement Charest, fait davantage partie des problèmes que des solutions à l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre professionnelle en soins. Le recours accru aux agences privées de professionnelles en soins durant les deux mandats de ce gouvernement s’inscrit également comme un autre irritant majeur qui ne contribue en rien à une plus grande satisfaction des professionnelles en soins à l’égard de leur travail. En conséquence, le comité Jeunes de la FIQ a la ferme conviction que l’obtention de résultats positifs en matière de rétention de main-d’œuvre passe inévitablement par le renforcement du système public de santé.

Par ailleurs, comment passer sous silence l’ironie entourant cette distribution de bonbons électoraux de la part d’un gouvernement qui n’a éprouvé aucun scrupule à imposer par une loi spéciale, dénoncée par le Bureau international du travail, les conditions salariales et de travail des employées des secteurs publics et parapublics ? Comment passer sous silence l’odieux d’un gouvernement qui prétend s’intéresser au sort des professionnelles en soins, alors qu’il a tout fait en son pouvoir pour affaiblir le rapport de force et la légitimité des organisations représentant leurs intérêts en décentralisant la négociation des conditions de travail ?

Enfin, comme la Fédération l’a maintes fois souligné, la distribution ciblée de primes crée des divisions et des clivages qui contribuent à miner l’environnement de travail au lieu de l’améliorer. Si le prochain gouvernement désire réellement s’attaquer de front aux problèmes de l’attraction et de la rétention, il devra le faire en améliorant les conditions de travail de l’ensemble des professionnelles en soins. Il devra également faire preuve de lucidité et de respect en tenant compte des solutions élaborées par les tables de concertations sur la planification de la main-d’œuvre. Les problèmes vécus dans le système public de santé et par les gens qui y travaillent sont trop sérieux pour qu’ils fassent l’objet d’une récupération politique opportuniste et sans fondement.

Source : Site de la FIQ.

Reproduction autorisée par la FIQ.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 22 novembre 2008

Le comité Jeunes de la FIQ


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