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À vous, Québécoises, Québécois, malades ou en santé, riches ou pauvres : vigilance !

10 décembre 2008

par Les femmes du Centre des femmes d’ici et d’ailleurs

Nous sommes une trentaine de femmes, membres et participantes au Centre des femmes d’ici et d’ailleurs. Dans le cadre d’une série d’ateliers intitulée La santé est un droit pour toutes, pas un privilège, nous avons réfléchi ensemble sur notre système public de santé : son histoire, ses principes, les menaces qui pèsent sur lui. Nous nous sommes rappelé les principes d’accessibilité, d’universalité, de gestion publique, de gratuité que sous-tend la loi canadienne sur la santé. Nous avons réfléchi sur les préjugés qui circulent à l’égard du système de santé public. On le prétend inefficace, trop coûteux. On dit que trop de gens en abusent en utilisant les services de santé sans raison valable. Nous avons réalisé que l’ouverture aux cliniques et aux assurances privées est justifiée par ces préjugés.

Aujourd’hui, nous prenons la parole pour dire C’EST ASSEZ !

Vous qui lisez ces lignes, savez-vous ce que c’est quand on est une femme sans revenu que de devoir faire plusieurs heures de transport pour aller voir son médecin de famille ?

Savez-vous ce que c’est, toujours quand on est sans revenu, que de voir son spécialiste passer au privé et demander des honoraires de 120$ par consultation ?

Savez-vous à quel point les personnes malades sont isolées ? On ne parle pas seulement des personnes âgées en perte d’autonomie, on parle de toutes les personnes malades de tous les âges qui ne peuvent aller travailler, aller au centre de femmes, ou au centre communautaire de leur quartier parce qu’elles souffrent physiquement, mentalement, moralement. La maladie isole !

Savez-vous ce que c’est que de se voir prescrire des médicaments de façon abusive ? Morphine, antidépresseurs, les cocktails sont salés et la facture aussi !

C’EST ASSEZ, la collusion entre médecins et compagnies pharmaceutiques !

C’EST ASSEZ les préjugés à l’égard des patientEs qui soi-disant sur-utiliseraient les services de santé.

C’EST FAUX ! Ce n’est nullement fondé ! Mieux structurer les services existants, ÇA, ça va faire économiser de l’argent ! Pas imposer un ticket modérateur !

C’EST ASSEZ de se faire dire que la seule alternative aux problèmes du système public, c’est le privé. Comment peut-on prétendre que les soins seraient alors plus accessibles ???

Savez-vous combien de gens ont les moyens de se payer une assurance privée ? TRÈS PEU ! Nous, les membres et participantes du Centre des femmes d’ici et d’ailleurs, ON EN N’A PAS LES MOYENS !

NOUS REFUSONS de croire que le privé va alléger le système public ! Il risque au contraire d’attirer plus de médecins vers le privé et d’accentuer la pénurie dans le public.

NOUS EXIGEONS que les choix politiques soient orientés vers un financement des services publics de santé, pas dans le béton, surtout pas dans le financement de cliniques privées, pas dans les réductions d’impôts pour les plus riches, ceux qui ont justement les moyens de se payer une assurance privée.

NOUS EXIGEONS de tous les citoyens et de toutes les citoyennes qu’ils-elles voient notre système de santé comme une richesse à protéger et à nourrir, pas comme un chien qui a la rage et qu’on doit éliminer !

Nous appelons à la vigilance de toutes et chacun ! Entre 2003 et 2006, le gouvernement majoritaire libéral a fait adopté des projets de loi sous le bâillon, notamment la loi 33 qui ouvre toute grande la porte au privé en prétendant favoriser l’accès aux soins de santé.

NOUS EN AVONS ASSEZ D’ÊTRE PRISES POUR DES VALISES ! Nous ne sommes pas dupes !

Les femmes du Centre des femmes d’ici et d’ailleurs (participantes à l’atelier La santé est un droit pour toutes, pas un privilège), Montréal

Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 décembre 2008

Les femmes du Centre des femmes d’ici et d’ailleurs


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