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MGF-excision : une banalisation de la santé des Africaines au Québec ?
14 février 2009
MONTRÉAL, le 5 Février 2009 - Les militant-e-s anti-MGF commémoreront à travers le monde la 5eme Journée Internationale de Tolérance Zéro aux mutilations génitales féminines (MGF). Si depuis que les Nations Unies ont décrété le 6 Février, Journée internationale Tolérance Zéro aux MGF-excision, c’est avec beaucoup d’enthousiasme que les membres du Réseau "Femmes Africaines, Horizon 2015, leurs partenaires et leurs sympathisant-e-s commémoraient cette journée, ces deux dernières années (2008 et 2009) c’est avec une profonde tristesse qu’elles la vivent. Avec le bilan de leurs actions pour la prévention de cette pratique néfaste au Québec, les Africaines ont le sentiment d’être abandonnées par leur Gouvernement. Elles se demandent s’il ne s’agit pas là d’une banalisation de la condition des Africaines (santé, bien-être, droits civils et dignité) et, par ricochet, des problèmes qui touchent la situation des Afro-Québécois-e-s.
Cette pratique des MGF-excision affecte 130 millions de femmes à travers le monde, à raison de 5 par minute, de 6000 par jour et de deux millions par an. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 5% de cet effectif, soit plus de 6 500 000 individus (presque la population du Québec) vivent dans les pays occidentaux. C’est dire que cette pratique d’ailleurs (Afrique) qui est devenue une réalité d’ici (Québec, Canada) nous concerne. Constituant une violation des droits des enfants (ici les fillettes), une atteinte à l’intégrité du corps de la femme et la forme extrême de violence faite aux femmes, la lutte anti-MGF est l’objet d’une mobilisation mondiale.
Sous l’égide du Comité Inter-africain de lutte contre les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants (CI-AF), ce Mouvement international anti-MGF composé de centaines de comités nationaux (dans 28 pays d’Afrique), des sections affiliés (en Europe et regroupées en Réseau européen de prévention des MGF ou EuroNet) et des comités de soutien (en Australie, en Nouvelle Zélande et au Japon) et appuyé par la Coopération internationale a pour mission l’assistance des femmes déjà victimes des MGF, la protection des fillettes et la sensibilisation, l’information, l’éducation en vue d’y mettre terme. Membre du CI-AF, le Réseau FEMMES AFRICAINES, Horizon 2015 (FAH2015) œuvre depuis 1995 dans le même sens au Québec.
C’est au bout de huit (8) années d’un travail inlassable (1994-2003) que le Réseau FAH2015 commença à voir le bout du tunnel grâce à des fonds octroyés par le Centre national de prévention du crime. Suivra ensuite une subvention substantielle de Condition féminine Canada, celle de la direction de la Francophonie du Ministère des Affaires étrangères du Canada (MAÉCI) auxquelles le Ministre de la santé et des services sociaux du Québec ajoutera une somme. Ces subventions permettront à FAH2015 de réaliser des actions d’envergure, notamment l’organisation de sept forums, un de sensibilisation nationale (grand public, organisations communautaires, ONG, médias), un juridique en collaboration avec le Barreau du Québec), un politique à l’Assemblée nationale du Québec, un en santé en partenariat avec l’Association des infirmiers et infirmières du Québec (OIIQ) et l’Association des gynécologues et obstétriciens du Québec et trois en éducation (UQAM, Université Laval, celle d’Ottawa et des collèges). Ces forums animés par les spécialistes (médecins, intervenants, ancienne exciseuse, ...), venus de la Belgique, de la France et de différents pays d’Afrique, furent largement couverts par les médias qui relayèrent ses données au public.
Cette phase de sensibilisation nationale devrait être suivie d’une Phase de recherche-action visant à acquérir une meilleure connaissance de ce phénomène et d’identifier les meilleures stratégies de la prévention des MGF-excision au Québec et de passer à l’intervention. Bien qu’en partenariat avec l’Institut Santé et Société de l’UQAM qui devait gérer les fonds de recherches, ainsi que le Centre de recherche et de formation du CSSS de la Montagne et celui de Côte-des-Neiges, le Groupe d’études interdisciplinaires de l’UQAM (GEIGER) et l’organisme communautaire PROMIS, le Réseau FEMMES AFRICAINES n’a jamais pu obtenir la subvention requise de la part du MSSS, son ministère de tutelle.
Ainsi, contrairement à l’Union européenne qui soutient les Groupes de prévention des MGF, le Gouvernement du Québec a adopté une attitude de laisser-faire les MGF-excision au Québec, banalisant ainsi la vie des fillettes néo-québécoises et la santé des Africaines-Québécoises.
Nous appelons à la solidarité des citoyens et citoyennes du Québec pour faire face à cette situation.
Source : Réseau FEMMES AFRICAINES, Horizon 2015 (FAH2015) Contacts : Tél. : 514-212-8935 (Aoua LY) Courriel : aouab_ly.tall@ymail.com Tél. : 514-382-7158 (Oumou) Courriel : oumou@sympatico.ca Mis en ligne sur Sisyphe, le 4 février 2009
Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=3206 -