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Investissons les lieux de pouvoir

23 mars 2009

par Christiane Pelchat, déléguée générale du Québec à Mexico

Comment se fait-il qu’au mois de mars 2009, on en soit encore à ergoter sur la présence des femmes en politique ? On se réjouit qu’aux dernières élections, il y ait eu une augmentation de cinq femmes à l’Assemblée nationale. Les femmes sont maintenant 37… sur 125. On a au moins la parité au Conseil des ministres, même si cela a fait grincer des dents parce qu’il n’y a pas 50% de femmes députées ! Comme si la représentation au Conseil des ministres devait être proportionnelle. Le premier ministre a déclaré que ces femmes ont été choisies pour leur compétence. Remarquez qu’il n’a pas déclaré la même chose pour l’autre moitié du Conseil des ministres.

Il y aura élections municipales dans quelques mois ; la Gazette des femmes a décidé d’en faire un numéro spécial. En politique municipale, le défi est encore plus grand. Après les élections de 2005, le Québec s’est retrouvé avec 13,1% de mairesses et 26,6% de conseillères. Cette année, nous avons peut-être l’occasion de renverser la vapeur (on peut toujours rêver). La participation des femmes dans les conseils municipaux est un enjeu important pour l’égalité. Si nous ne sommes pas dans les lieux de décision, d’autres s’en chargent !

Mais comment se fait-il que les femmes soient à ce point absentes des lieux de décision au Québec ? Cela fait presque 70 ans que l’on a eu le droit de vote ; à ce rythme-là, on devra attendre en 2050 pour avoir la parité dans les instances.

Curieusement, on constate que les femmes sont plus scolarisées et plus
diplômées que les hommes*. Donc, exit la question de la compétence ou des connaissances. Ainsi, en 2003, 60% des diplômés du collégial et de l’université étaient des femmes. Sauf que l’on constate aussi que depuis 1981, les domaines d’emploi des femmes n’ont pas bougé. Elles se retrouvent toujours dans des emplois traditionnellement féminins qui sont, par essence, moins rémunérés.

En 2001 comme en 1981, les femmes occupaient 98% des postes de secrétaire alors que les hommes occupaient 99% des emplois de mécanicien ! Elles étaient toujours en majorité dans les secteurs des services et des soins alors que les hommes fuyaient ces domaines moins payants et considérés comme regroupant des métiers de femmes. Cela explique en partie pourquoi, dans toutes les catégories d’âge, les femmes sont plus pauvres que les hommes. On ne saurait exclure le poids de la maternité et la charge des enfants, qui reviennent toujours malheureusement sur les épaules de la mère.

Nous croyons que les stéréotypes et la division des rôles sociaux sont à
la base de la non-diversification des choix de carrière des femmes et de leur
pauvreté plus importante. Est-ce que les stéréotypes et la division traditionnelle du travail entre les femmes et les hommes ne seraient pas aussi l’explication de l’absence des femmes dans les lieux de décision ? En attendant qu’il y ait des mesures d’action positives pour favoriser la parité et l’égalité entre les sexes dans tous les lieux de pouvoir, allons aider des femmes à se faire élire mairesses ou conseillères en novembre prochain.

Film à voir

En page 40, une entrevue signée Helen Faradji avec Denis Villeneuve, le réalisateur du film Polytechnique. Je ne souhaite pas faire une critique du
film, mais émettre un commentaire en tant que féministe. Je crois qu’il
faut aller voir ce fi lm ; c’est un devoir de mémoire. C’est aussi, 20 ans après
ce massacre, l’occasion de se remémorer ces 14 femmes, faire le point
sur l’impact qu’il a eu sur chacune de nous personnellement et réfl échir
aussi à son infl uence sur l’accès ou le recul de l’égalité.

Bon 8 mars !

Christiane Pelchat
Présidente
Conseil du statut de la femme

Note

* Selon le document D’égale à égal ? Un portrait statistique des femmes et des hommes (ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec), en 2004-2005, la probabilité d’obtenir un diplôme du secondaire, du collégial, ou un baccalauréat à l’université se révélait beaucoup plus élevée pour une femme que pour un homme (comme en 1995-1996).

Source : Conseil du statut de la femme, La Gazette des femmes, mars-avril 2009, p. 3

Christiane Pelchat, déléguée générale du Québec à Mexico


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