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Déclaration du pape Benoît XVI
Lettre au président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec

26 mars 2009

par Lina Bonamie, présidente de la FIQ

Monseigneur Martin Veillette, président
Assemblée des évêques catholiques du Québec
3331, rue Sherbrooke Est
Montréal (Québec) H1W 1C5

Monseigneur Veillette,

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ souhaite vous faire part de son indignation quant à certains propos tenus par le pape Benoît XVI et rapportés par différents médias au cours des derniers jours. Les déclarations du pape en marge de son voyage en terre africaine à l’effet que l’utilisation du préservatif aggrave le problème du SIDA sont inacceptables et doivent être dénoncées.

La Fédération ne peut qu’être en désaccord avec de tels propos compte tenu des connaissances actuelles sur la propagation de cette maladie mortelle et de son impact dévastateur sur des populations entières. Penser que l’abstinence puisse être une solution efficace alors que des peuples risquent d’être complètement décimés en raison de cette maladie est irresponsable.

La réalité est incontestable ! Un groupe d’experts de l’Organisation mondiale de la santé (OSM) et de l’ONUSIDA déclarait en mars 2003 que les rapports sexuels non protégés étaient le principal mode de transmission du VIH en Afrique. Selon l’OMS, des études en laboratoire ont démontré que le condom ne laisse pas passer le virus du SIDA. Il est également démontré que le taux d’infection au VIH chez les partenaires non infectés est de moins de 1% par an lorsque le préservatif est utilisé régulièrement.

Des représentantes de la FIQ participaient récemment à la Commission du statut de la femme de l’ONU au cours de laquelle il a été, entre autres, question du VIH/SIDA ainsi que de la discrimination et la stigmatisation qu’elle engendre. Les chiffres sont éloquents : 33 millions de personnes qui vivaient avec le VIH/SIDA en 2007, 22 millions étaient en Afrique et environ 13 millions étaient des femmes.

Devant ce triste bilan, 26 pays d’Afrique ont ratifié un protocole pour proclamer le droit des femmes à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction dont le droit de se protéger et d’être protégées contre les infections sexuelles transmissibles. Offrir comme seul moyen de prévention l’abstinence, c’est condamner des femmes et des enfants à une mort certaine et bafouer les droits humains !

C’est pourquoi la Fédération est solidaire des organismes non gouvernementaux qui luttent quotidiennement sur le terrain pour éradiquer ce fléau et souhaite que l’Assemblée des évêques catholiques du Québec exprime la même solidarité envers des populations vulnérables et se dissocie publiquement des propos du souverain pontife.

Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

La présidente,
Lina Bonamie

Mars 2009

Source : Site Web de la FIQ.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 26 mars 2009

Lina Bonamie, présidente de la FIQ


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