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7 avril 2009 - Journée de commémoration pour les victimes de crimes d’honneur
"Notre honneur : lutter pour la liberté des femmes" (ICAHK)

10 avril 2009

par Micheline Carrier

Les crimes dits "d’honneur" sont parmi les pires infamies commises contre des femmes dans le monde.

Les prétextes pour assassiner des jeunes filles, parfois aussi jeunes que 12 ans, ainsi que des femmes qui ne se soumettent pas au totalitarisme des pères, frères, maris, neveux, fils, beaux-frères ou autres hommes, montrent à quel point l’humanité a encore un long chemin à parcourir.

Aujourd’hui le Vatican et ses évêques excommunient, propagent des sornettes sur le sida, l’avortement et les femmes, et d’autres torturent et tuent pour affirmer leur pouvoir.

À l’autre extrême, des proxénètes et des prostitueurs exercent le même pouvoir en vendant et achetant des femmes et des rapports sexuels comme de la marchandise.

Dans tous les cas, des hommes prétendent avoir le droit de contrôler le corps des femmes. Ils exercent ce qu’ils estiment un droit de propriété. Seules les méthodes de contrôle ont changé depuis des millénaires, mais le résultat est le même : des femmes sous tutelle.

Partout dans le monde, et même dans les pays occidentaux qui regardent ailleurs quand des femmes sont assassinées, ce pouvoir de vie et de mort sur des êtres de sexe féminin est entretenu et soutenu par des dirigeants religieux et civils. Il semble pourtant laisser les organismes internationaux de défense des droits de la personne complètement impuissants.

Quelques exemples que rapporte le groupe Compagne internationale contre les crimes d’honneur.

Mamta, 12 ans, a été assassinée et brûlée par son père après qu’il ait découvert un camarade de classe dans sa chambre. Farzaneh, 17 ans, a été assassinée par son père pour avoir été enlevée pendant 10 jours et probablement violée par son beau-frère. Fateh Bibi et ses deux filles, Frasat Bibi et Rhukhsana, ont été assassinées à coups de hache par le beau-frère de Fateh qui aurait vu un homme inconnu rôder près de la maison. Saira Nusrat Bibi, 17 ans, a été assassinée par ses parents alors qu’elle allait obtenir l’annulation d’un mariage imposé, quand elle avait 9 ans, avec un homme de 45 ans. Reshma a été étranglée par son père et ses frères qui la soupçonnent d’adultère.

Hajiran, 60 ans, a été assassinée par ses deux fils qui la soupçonnent d’adultère. Ameeran Bibi a été torturée et assassinée par son neveu qui l’aurait vu avec un amant. Ravinder Kaur, 18 ans, a été assassinée et brûlée pour avoir voulu se marier avec l’homme de son choix. Rekha Gokavi, 18 ans, a été brûlée vive par son père et son oncle pour être tombée amoureuse d’un garçon d’une autre caste. Rabia a été torturée par son mari qui l’a forcée à boire de l’acide : elle avait voulu se rendre dans sa famille pour l’enterrement de sa grand-mère.

Leila Hussein, 41 ans, a été assassinée alors qu’elle tentait de fuir l’Irak. Elle avait quitté son mari après qu’il eût assassiné leur fille, Rand Abdel-Qader, étudiante de 17 ans, parce qu’elle était amoureuse. Leila avait dit : "Aucun homme n’accepte d’être quitté par sa femme en Irak. Mais je préfère être tuée que de continuer à dormir dans le même lit que celui qui a été capable de faire ce qu’il a fait à sa propre fille". Une femme divorcée de 24 ans est enterrée vivante par son père « au nom de l’honneur.

Et bien d’autres, que l’on pourra découvrir, avec des photos, dans la page du groupe Campagne internationale contre les crimes d’honneur(ICAHK).

Campagne internationale contre les crimes d’honneur (ICAHK) rappelle chaque année la mémoire des victimes de ces meurtres sordides, comme nous, au Québec, nous voulons nous souvenir des victimes du meurtrier de Polytechnique. Mais nous n’avons pas chaque année un drame de Polytechnique tandis que les crimes d’honneur se commettent chaque jour. L’ONU évalue qu’il se commet environ 13 crimes d’honneur par jour dans le monde, mais d’autres affirment que le nombre de ces crimes est sous-estimé parce certains eraient maquillés en suicides ou accidents.

L’ICAHK a choisi le 7 avril comme jour de commémoration des victimes de ce genre de crimes, « en mémoire de Doa Khalil Aswad, lapidée et assassinée par des centaines d’hommes à Bashiqa, au nord de l’Irak. Doa avait 17 ans, et le seul « crime » de cette jeune fille kurde yézidie était d’être amoureuse d’un jeune homme arabe sunnite. Les assassins ayant filmé l’horrible et barbare mise à mort de Doa, et les images terribles ayant circulé dans le monde entier, le meurtre de Doa est devenu pour le groupe un symbole de l’horreur des crimes d’honneur ».

Nous soutenons cette campagne car, comme le dit l’ICAHK, nous aussi, « Notre honneur, c’est lutter pour la liberté des femmes ». Et ce, où qu’elles soient dans le monde.

 Lire la liste partielle de victimes (avec photos) dans cette page.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 7 avril 2009

Micheline Carrier


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