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Le voile, honneur ou déshonneur ?
Le voile en Iran, c’est carnaval bon an, mal an

7 janvier 2010

par Ana Pak, féministe laïque

Le 7 décembre (16 Azar) est, depuis plus de 50 ans, la journée de revendication des étudiants. Cette année, ils étaient largement soutenus par le peuple. Leurs cris « À bas le dictateur » faisaient trembler le pays.

Ce jour-là, un des dirigeants des mouvements étudiants, Majid Tavakoli, 23 ans, fit un discours courageux à l’université Amir Kabir de Téhéran. Tavakoli savait, qu’ainsi, il se mettait en danger. Car il a déjà été deux fois à la prison d’Evin. Et ce même jour, il fut arrêté avec d’autres étudiants.

Le lendemain, en signe de mépris, les médias du régime déclarèrent que, lorsque il fut arrêté, Majid Tavakoli était vêtu d’un tchador, et ils ont diffusé des photos du jeune homme habillé en femme.

Le régime, par cette manœuvre contre les mouvements protestataires et en voilant ce jeune étudiant, a enfin dévoilé le véritable sens que le port du voile représente pour lui : le mépris des femmes.

Car, le voile n’est plus montré comme l’honneur, mais comme un déshonneur. Par là, le régime compte humilier le jeune étudiant et les mouvements étudiants.

Enfin, les Iraniens se sont sentis concernés par le voile, et, pour soutenir Majid Tavakoli, se sont voilés dans un mouvement nommé « we are all Majid ». « Nous sommes tous Majid ».

Or, le régime islamique impose le voile aux femmes depuis 30 ans. Pourquoi alors, lorsque le voile est porté par un homme, rend-il cet homme méprisable ?

Pourquoi le voile, « honneur » des femmes, dès lors qu’il est porté par des hommes devient-il déshonorant, et est-il signe de lâcheté et de pusillanimité ?

Ce voile est défini comme une valeur, comme porteur du respect pour les femmes : « Le voile de la femme porte plus de message que le sang du martyr », ou bien « l’honneur de la femme est son voile », martèle ce régime.

Les Iraniennes, en luttant depuis 30 ans contre le voile, contre ce mépris, ne font que revendiquer leur liberté, leur dignité et leur humanité.

Mais jusqu’alors, les Iraniens n’avaient pas soutenu la lutte des femmes contre le voile. Au début même, devant le refus des femmes de porter le voile, leurs amis de lutte leur disaient : « Vous n’allez pas mourir en mettant un morceau de chiffon sur votre tête ».

Or, ce morceau de chiffon méprise toute la société dans sa chair.

En voilant les Iraniennes, par cette séquestration du corps des femmes, Khomeiny a étendu son emprise sur toute la société.

Ainsi, toute la société iranienne fut mise sous la tutelle des soi-disant hommes de Dieu. En contraignant les femmes au port du voile, c’est toute la société qui fut alors outragée. Mais les citoyens n’ont pas saisi ce danger.

Le voile annihile la liberté et la dignité de l’être qui le porte, quel que soit son sexe, car il est signe de soumission. Arrivera-t-il un jour où, en soutien aux femmes, les Iraniens circuleront voilés dans les rues et iront à leurs bureaux voilés ? Pour enfin comprendre la révolte que les femmes portent en elles depuis 30 ans qu’elles supportent cette défroque, pour enfin larguer le voile et hisser la « grand’voile » vers la liberté.

Décembre 2009

Mis en ligne sur Sisyphe, le 7 janvier 2010

Ana Pak, féministe laïque


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