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Hassi Messaoud - Halte à la “fatalité” de la terreur à l’encontre des femmes algériennes ! Quoi faire tout de suite

24 avril 2010

par des Groupes de défense des droits humains

La constitution algérienne consacre la sécurité des citoyennes et des citoyens. L’Algérie a ratifié la Convention sur l’élimination de la dscrimination à l’égard des femmes, la Convention contre la torture et autres peines et traitements cruels ou dégradants, la Déclaration sur l’élimination des violences faites aux femmes.

Au nom de ces principes, nous, associations, ligues et défenseurs des droits humains sommes profondément choqués par la nouvelle tragédie vécue par des femmes venues de différentes régions d’Algérie travaillant et vivant dans des habitations précaires à Hassi Messaoud, une des villes les plus sécurisées du pays.

Le martyr qu’elles viennent de subir est la répétition macabre des évènements de 2001. Un sinistre 13 juillet 2001, une horde de 300 hommes armés attaquent une centaine de femmes et leur font subir les pires atrocités – un véritable lynchage – dans le quartier d’El Haicha à Hassi Messaoud.

Nous tenons d’abord à exprimer à ces nouvelles victimes notre solidarité, notre indignation et notre émotion face aux actes barbares que des criminels déchaînés commettent sans répit en venant et revenant plusieurs nuits de suite, depuis quelques semaines, sur les lieux de leurs forfaits.

Juillet 2001……Mars 2010 : Même lieu. Mêmes agressions.

Même type d’agresseurs lâches et cyniques provoquant des actes méticuleusement organisés, donc mûrement prémédités sinon commandités.

Même type de scénario d’horreur où les criminels regroupés et encagoulés terrorisent chacune des victimes parce que isolées et sans défense.

Même type de violences extrêmes où la rapine, les injures et la torture visent à humilier et à réduire à néant les femmes en tant que telles.

Même volonté par la valeur exemplaire de tels actes de terreur de dissuader toutes les femmes d’exercer librement leur droit au travail où que ce soit sur le territoire national et de les punir parce qu’elles vivent seules.

Au-delà du constat horrifié, de la condamnation des criminels et de la compassion pour les victimes, nous tenons aussi à souligner le caractère particulier de ces expéditions punitives qui rappellent étrangement non seulement les évènement de 2001, mais aussi toutes les autres agressions depuis vingt ans dans différentes régions d’Algérie (Ouargla, Remchi, Bordj, Tebessa…). Elles rappellent étrangement, hélas, les viols collectifs des femmes par les terroristes, ce crime contre l’humanité, tâche noire qui a mis en péril notre avenir et celui de toute l la société. Il s’agit donc d’une violence systématisée, construite, structurelle, orchestrée, autant d’éléments de gravité supplémentaire.

En effet cette répétition et cette continuité d’actes odieux à l’encontre des femmes, qui semblent se perpétuer comme une ‘fatalité’, ne sont possibles que parce qu’en 2001 le traitement de l’affaire de Hassi Messaoud s’est réduit à une parodie de justice, reléguant cette tragédie au rang de vulgaire fait divers.

Cette répétition et cette continuité d’actes intolérables ne sont possibles qu’à cause non seulement de la complicité et du silence des institutions et des autorités locales, mais aussi du laxisme de la société. D’ailleurs l’absence de réaction citoyenne et de médiatisation de cet évènement est frappante et inquiétante.

Cette répétition et cette continuité de crimes contre l’humanité ne sont possibles qu’é cause de l’impunité dont bénéficient les agresseurs des femmes.

Cette répétition et cette continuité de violation des droits de la personne humaine ne sont rendues possibles que par l’absence de l’État et des institutions censés protéger les citoyennes et les citoyens.

Est-ce que cela signifie qu’aucune femme ne peut se sentir en sécurité dans son propre pays et qu’aucun citoyen n’est protégé par la loi ?

C’est pourquoi, encore une fois, nous dénonçons avec force ces crimes et interpellons les pouvoirs publics pour qu’ils réagissent d’urgence en assurant la protection de ces femmes victimes encore sous le coup de la menace quotidienne, et leur prise en charge globale (médicale psychologique, sociale et juridique). Nous sommes déterminé-es à soutenir toutes ces femmes victimes d’agressions inacceptables.

Signataires : Réseau Wassila, ADPDF (Association pour la défense et protection des droits des femmes), AEF (Association pour l’émancipation des femmes), APF (Association du planning familial), ANADDE, ATUSTEP, Amusnaw, AVIFE (Association d’Aide aux Victimes de Violence Femmes et Enfants), CIDDEF (Centre d’Information et de Documentation/Droits des Femmes et des Enfants), Collectif des Femmes du Printemps Noir, Djazairouna, FEC (Femmes en Communication), Femmes PLD, LADDH Ligue Algériennne de Défense des Droits des Hommes), LADH (Ligue Algérienne des Droits des Hommes), RACHDA, SOS Femmes en Détresse, Tharwa Fatma N’Sumer, Fatiha Mamora et Rahmouna (deux femmes victimes des attaques de 2001 à Hassi Messaoud)


Appel à l’action

Depuis plusieurs SEMAINES, des attaques meurtrières contre les femmes ont lieu dans le sud algérien, et ont donné lieu à des protestations internationales et à l’intervention des Rapporteurs Spéciaux auprès des Nations Unies.

Il est indispensable que ces premières protestations soient relayées et soutenus par un grand nombre d’autres organisations dans le monde.

Les organisations sous signées

*exigent des autorités algériennes :

 qu’elles mettent fin immédiatement aux attaques contre les femmes travailleuses à Hassi Messaoud et dans ses environs par tous les moyens légaux à la disposition de l’Etat pour assurer la protection des femmes, y compris par l’envoi de forces de police supplémentaires
 qu’elles fournissent aux victimes l’assistance matérielle et psychologique nécessaire
 qu’elles assurent leur réintégration dans leur travail une fois leur convalescence terminée
 qu’elles entreprennent immédiatement les investigations nécessaires et traduisent les assaillants en justice.

* demandent aux organisations citoyennes :

 d’adresser leurs plus vives protestations au gouvernement algérien concernant l’attentisme dont il fait preuve devant ces crimes
 ainsi qu’aux ambassades algériennes
 ainsi qu’aux Rapporteurs Spéciaux auprès de l’ONU concernés à savoir Rapporteurs Spéciaux sur les Violences Envers les Femmes ; sur la Torture et tout autre traitement ou punition cruel, inhumain ou dégradant ; sur les Exécutions extra judiciaires, sommaires ou arbitraires,

et au Bureau International du Travail.

Adresses utiles

Son Excellence Monsieur Abdelaziz Bouteflika
Président de la République algérienne
ALGER
Algérie
President@el-mouradia.dz

Monsieur Tayeb Belaiz
Ministre de la Justice
8 Place de Bir-Hakem El-Biar
ALGER
Algérie
contact@mjustice.dz

Monsieur Amar Saadani
Pr ?sident de l’Assembl ?e nationale populaire
8 boulevard Zirouf Youcef
16000 ALGER
Algérie
info@apn.dz.org

Ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni : webmaster@interieur

Cour Suprême : coursupreme@coursupreme-dz.org

ET :

. Site www2.ohchr.org
· par fax à +41 22 917 90 06
· par e-mail à urgent-action www.jcDohchr.org
. ou par poste à : o OHCHR-UNOG, 8-14 Avenue de la Paix, 1211 Geneve 10, Suisse

    · Mr. Philip Alston, Rapporteur Spécial sur les Exécutions judiciaires, sommaires ou arbitraires
    · Mr. Manfred Nowak, Rapporteur Spécial sur la Torture et autres traitements ou punitions cruels, inhumains ou dégradants
    · Ms. Rashida Manjoo, Rapporteur Spécial sur les Violences contre les Femmes, ses causes et ses conséquences

* Site de SIAWI - Secularism Is A Women’s Issue
* WICUR - Women’s Initiative for Citizenship and Universal Rights
* wluml.org/fr

Mis en ligne sur Sisyphe, le 12 avril 2010

des Groupes de défense des droits humains


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=3577 -