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L’Iran élu membre de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies

9 mai 2010

par Joseph Abrams, FOXNews.com

NEW YORK — Sans tambour ni trompette, les Nations Unies ont élu l’Iran à la Commission de la condition de la femme. Un État théocratique, où la lapidation est inscrite dans la loi et où les femmes jugées « immodestes » sont passibles du fouet, devient membre pour quatre ans de cet organe influent chargé de promouvoir les droits de la personne.

Quelques jours après avoir retiré sa candidature fort médiatisée au Conseil des droits de la personne, l’Iran a entamé en catimini une campagne en vue d’obtenir un siège à la Commission de la condition de la femme, organisme « dédié à l’égalité des sexes et à la promotion des femmes », selon l’information sur son site Internet (1).

Cette information inquiétante était enfouie dans un long communiqué de presse (2) émis par l’ONU mercredi dernier. On y signalait que, pour « pourvoir des postes vacants au sein des organes subsidiaires », l’Iran avait été élu par acclamation à la Commission, au même titre que 10 autres pays, ce qui signifie qu’aucun des États - membres - dont les États-Unis - n’a demandé ou exigé un vote public.

Les États-Unis occupent jusqu’en 2012 un des 45 sièges de la Commission de la condition de la femme. Leur délégation à l’ONU n’a pas répondu aux questions des journalistes qui tentaient de savoir si elle s’était activement opposée à l’accession de l’Iran à la Commission.

L’élection de l’Iran survient une semaine après qu’un des ses chefs religieux ait déclaré que les femmes qui portent des vêtements immodestes sont responsables des tremblements de terre. Cette déclaration a soulevé un tollé international mais ne semble pas avoir nui à ambition de l’Iran de devenir un des arbitres internationaux des droits des femmes.

« Il y a beaucoup de femmes qui ne s’habillent pas décemment, qui détournent les jeunes hommes du droit chemin, corrompent leur chasteté et répandent l’adultère, ce qui augmente les tremblements de terre », a déclaré Kazem Sedighi, imam respecté.

Quand l’Iran a fait connaître son intention de siéger à la Commission de la condition de la femme, des activistes iranien-nes ont lancé une pétition (3) demandant aux États-membres de l’ONU de s’opposer à son élection.

« Les lois discriminatoires de l’Iran montrent que la République islamique ne croit pas à l’égalité des sexes », signale la déclaration signée par 214 militant-e-s et approuvée par plus d’une douzaine d’organismes de défense des droits de la personne.

La pétition brosse un tableau fort sombre de la situation des femmes en Iran : « Les Iraniennes ne peuvent choisir leur époux, n’ont aucun droit indépendant à l’éducation après le mariage, n’ont pas le droit de divorcer ni d’avoir la garde de leurs enfants, n’ont aucune protection contre les violences qu’elles peuvent subir dans les lieux publics et sont assujetties à des quotas limitant leur admission à l’université. De plus, quand elles revendiquent pacifiquement le changement de telles lois, elles sont arrêtées, battues et jetées en prison ».

La Commission de la condition de la femme est censée enquêter sur les nations qui violent les droits des femmes, faire état de leurs défaillances et suivre leurs progrès relativement à l’égalité des sexes.

Pourtant, selon ceux et celles qui dénoncent le bilan de l’Iran au chapitre des droits de la personne, ce pays a pris « toutes les mesures imaginables » pour entraver l’accès des femmes à l’égalité.

Dans un article d’opinion paru mardi dernier sur la version internet de Foreign Policy Magazine, trois militants réputés de la démocratie et des droits de la personne déclaraient : « Au cours de la dernière année, l’Iran a arrêté et incarcéré les mères de gens qui manifestaient paisiblement pour le respect des droits civiques ».

« Il a accusé des femmes qui réclamaient l’égalité sociale en tant qu’épouses, mères et filles de compromettre la sécurité nationale et leur a fait subir des heures d’interrogatoires pénibles. Ses gardiens de prison ont battu, torturé, agressé sexuellement et violé des hommes et des femmes qui avaient manifesté pour les droits civiques ».

L’élection de l’Iran à la Commission est un dur coup qui survient quelques jours à peine après que les États-Unis ont réussi à empêcher l’Iran d’accéder au Conseil des droits de l’homme, lui-même dominé, selon les défenseurs des droits de la personne, par des pays qui bafouent systématiquement les libertés fondamentales. Sa présence à la Commission du statut de la femme choque pour les mêmes raisons.

Bien que la Commission se targue d’être « le principal organe d’élaboration de politiques à l’échelle mondiale » en matière de droits des femmes, sa composition est essentiellement déterminée par des raisons géographiques. Des États respectueux des droits de la personne (comme les États-Unis, le Japon et l’Allemagne) y siègent aux côtés de pays dont les atteintes aux droits fondamentaux sont notoires.

Le nombre de sièges à la Commission de la condition de la femme dépend du nombre de pays dans une région, peu importe leur population ou leur mépris à l’endroit des droits humains. Actuellement, elle compte 13 membres de l’Afrique, 11 de l’Asie, neuf de l’Amérique latine et des Antilles, huit de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord et quatre de l’Europe de l’Est.

Pendant ces « élections » réalisées sans la tenue d’un scrutin, deux sièges sont devenus vacants pour la période de 2011 à 2015 dans le bloc de l’Asie. Seulement deux pays ont proposé leur candidature : l’Iran et la Thaïlande. Comme cela se fait dans la plupart des cas pour le choix des membres d’organes analogues à l’ONU, des tractations de coulisses ont déterminé l’attribution des deux nouveaux sièges à la Commission.

Dans la lettre adressée à l’ONU mardi, les militant-e-s font valoir qu’il aurait été préférable que les pays asiatiques ne proposent qu’une candidature plutôt que de permettre à l’Iran d’accéder à la Commission.

« En tant que militant-e-s de l’égalité des sexes, nous estimons qu’un siège vide pour le groupe de l’Asie (à la Commission) est de loin préférable à la présence de l’Iran. Nous voulons vous mettre en garde contre les conséquences hautement préjudiciables de la participation de l’Iran à cet organe international. »

Une porte-parole du Département des Affaires économiques et sociales de l’ONU, dont relève la Commission, n’a pas répondu aux demandes de commentaires transmises par téléphone et par courriel.

Quand son mandat débutera en 2011, l’Iran se joindra aux 10 autres pays membres de la Commission : la Belgique, la République démocratique du Congo, l’Estonie, la Géorgie, la Jamaïque, le Libéria, les Pays-Bas, l’Espagne et le Zimbabwe.

Notes

1. Site de l’ONU.
2. Site de l’ONU.
3. Site de la pétition.

Source originale en anglais : Joseph Abrams, FOXNews.com, le 29 avril 2010.

Traduction pour Sisyphe : Marie Savoie. © Tous droits pour cette traduction réservés : Sisyphe.org et Marie Savoie.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 4 mai 2010

Joseph Abrams, FOXNews.com

P.S.

 Lire aussi :

  • Élaine Audet, L’Iran élu à la Commission de la condition de la femme de l’ONU, Sisyphe, 28 avril, 2010.
  • Droits des femmes - Le Canada dénonce la présence de l’Iran à un comité
  • En Iran, le fouet contre l’amour
  • Statut des femmes iraniennes


    Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=3591 -