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Les adieux au cardinal Ouellet - Le « sacré » peut-il tout excuser ?

21 août 2010

par Johanne St-Amour

Un homme, M. Ouellet, (et le groupe qu’il représente) :

Rejette l’homosexualité et toute sexualité qui n’est pas hétérosexuelle et « institutionnalisée » de façon religieuse
Refuse le mariage de personnes de même sexe
Refuse le mariage de ses « clercs »
Refuse la modernité de l’union conjugale et de la famille
Refuse la laïcité de l’éducation
Refuse l’attribution de postes de pouvoir aux femmes dans sa religion
Refuse aux femmes le contrôle de leur propre corps en condamnant l’avortement
Refuse la contraception
Refuse le port du condom pour protéger du VIH
Refuse la transparence quant aux cas de pédophilie dont certains de ses prêtres se sont rendus responsables
Refuse aux victimes de ses prêtres pédophiles de bénéficier d’une justice en protégeant ces prêtres
Refuse l’absolution aux femmes qui avorteraient même suite à un viol.

Un autre homme, politique celui-là, en l’occurrence notre premier ministre monsieur Charest, assiste à la dernière messe de M. Ouellet avant son départ pour la « Grande Maison de Dieu » et souligne la profonde admiration qu’il a pour lui ! On croit rêver !

N’importe quel groupe qui afficherait une ligne de conduite aussi discriminatoire, notamment envers les femmes et les homosexuels, serait vivement dénoncé.

Pourquoi l’accepte-t-on de l’Église catholique ? Pourquoi l’accepte-t-on d’autres religions ??? Le supposé « sacré » peut-il tout excuser ? Bien sûr, M. Ouellet détient LA vérité, a-t-il bien mentionné, ce qui dénote une rare arrogance et un complexe de supériorité détestable.

Et excuser la religion catholique comme l’a fait Jean Charest, en affirmant que l’évolution de celle-ci se fait au « rythme de l’Église », est risible. L’évolution de l’Église catholique et des religions est un argument fallacieux, un terrible mensonge, un prétexte odieux pour cacher le statu quo, la stagnation. N’y pensez pas, la parité et l’égalité dans les religions n’est même pas à l’ordre du jour. Quoique l’Église anglicane semble avoir fait des pas en ce sens.

L’Église n’exerce peut-être pas le pouvoir qu’elle exerçait avant la révolution tranquille, mais elle continue tout de même d’influencer (et Jean Charest, en mal de popularité (?), l’a bien compris !).

Le désir de pratiquer une certaine foi, le besoin de rituels, la croyance que seules les religions détiennent des valeurs morales valables, et d’autres raisons, comme le fait de vouloir contrôler ses faits, gestes et pensées et celles des autres, contribuent à maintenir des institutions rétrogrades qui ne respectent pas les droits de la personne.

Les tentatives de M. Ouellet d’influer sur les organisations au pouvoir et l’admiration de M. Charest pour M. Ouellet nous font douter d’une véritable séparation du politique et du religieux. D’ailleurs, la présence de M. Charest à cette messe est significative du retour en force du religieux.

Il faut dire également que les élus ont de la difficulté à se détacher de certaines « obligations protocolaires (?) » envers les personnalités religieuses, surtout les personnes d’autorité et celles qui se rapprochent de l’autorité « toute-puissante » ! Au détriment de ceux et celles que cette autorité méprise, calomnie et parfois diffame.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 17 août 2010

Johanne St-Amour

P.S.

 Lire aussi : « Les adieux d’un cardinal controversé - Hommage populaire à Marc Ouellet », par Isabelle Porter, paru dans Le Devoir, le 16 août 2010.




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