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Dumont acquitté, Nadia Caron demeure une victime de l’exploitation sexuelle 

6 octobre 2010

par le Collectif du 18 août

Dans le cadre de la Journée internationale de la non-prostitution, partout au Canada, plusieurs groupes s’unissent pour dire NON à la prostitution.

Au Saguenay, la mère de Nadia Caron s’unit au Collectif du 18 août afin de réagir au jugement qui a acquitté Luc Dumont des accusations d’homicide involontaire et de négligence criminelle à l’endroit de sa fille. L’objectif, livrer un message : la prostitution est une violence faite aux personnes et porte atteinte à la dignité humaine.

Pour la famille de la victime, ce verdict est douloureux et suscite de l’incompréhension. Cependant, Mme Lebel s’adresse aux personnes qui croient que sa fille est la seule responsable de sa mort et qu’elle aurait choisi rationnellement, et dans des conditions favorables, de se prostituer. Elle explique que Nadia a commencé à échanger des services sexuels sous les pressions de son conjoint pour payer sa drogue et son alcool. Comme bien d’autres qui commencent dans ce milieu, Nadia était fragilisée par un passé difficile. Elle était prise dans une relation de violence et cherchait l’amour à tout prix. Selon Mme Lebel, Nadia avait honte de ce qu’elle faisait et n’était pas ouverte à en parler. Elle se souvient avoir vu sa fille sombrer dans la drogue et devenir profondément malheureuse. Elle était coincée dans un cercle infernal.

« Lorsque Nadia est décédée, je suis passée par toutes sortes d’émotions, de la colère à la culpabilité », se remémore-t-elle. Comme mère, elle s’est posée beaucoup de questions, mais elle demeure certaine d’une chose : sa fille ne rêvait pas de devenir une prostituée et d’en mourir. Croyez-vous vraiment qu’une jeune fille peut aspirer à devenir l’objet sexuel des hommes ? Les féministes du Collectif du 18 août répondent non sans hésiter !

La marchandisation sexuelle des personnes est une violence qui porte atteinte à la dignité humaine. La majorité des personnes qui sont entraînées dans la prostitution souhaite en sortir. Par conséquent, nous croyons que le gouvernement doit investir des ressources afin d’aider les femmes prostituées qui désirent quitter ce milieu. La décriminalisation de la prostitution n’est pas une solution. Les pays ayant opté pour cette voie font face à une augmentation de la prostitution et des violences qui y sont intimement liées.

Les féministes du Collectif du 18 août s’opposent fermement au jugement de la Cour supérieure de l’Ontario invalidant certains articles importants des lois canadiennes concernant la prostitution.

Ce jugement perpétue la criminalisation des femmes prostituées dans la rue et encourage la création de bordels. Dans ce jugement, il est reconnu que la prostitution est violente. Malgré cela, la juge donne un accès illimité aux clients de consommer la sexualité des personnes. En fait, ce jugement démontre le caractère hypocrite de la législation qui sous prétexte de protéger les personnes prostituées, autorise surtout les souteneurs, proxénètes et trafiquants à capitaliser sur l’exploitation sexuelle du corps d’autrui. Ce jugement ne change donc rien à la protection des personnes prostituées, qui continueront ici d’être isolées, marginalisées et cachées.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 5 octobre 2010

le Collectif du 18 août


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