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ElBaradei, l’opposant estimé le plus démocrate, ne participe pas aux discussions sur la transition en Égypte

6 février 2011

L’opposant égyptien Mohamed ElBaradei a dénoncé les consultations engagées ce dimanche sur l’avenir de l’Egypte et a déclaré ne pas y avoir été invité. Le prix Nobel de la paix a dit que les discussions avec le vice-président Omar Souleimane étaient gérées par ceux qui dirigent l’Egypte depuis trente ans et qu’elles manquaient de crédibilité.

Les négociations ne constituent pas un pas vers le changement réclamé par les manifestants qui exigent depuis 12 jours le départ du président Hosni Moubarak, a affirmé l’ancien directeur général de l’Agence internationale de l’Energie atomique. « Le processus est opaque. Personne ne sait qui parle à qui pour l’instant », a dit ElBaradei lors de l’émission Meet the Press de NBC.

« C’est entièrement géré par les militaires »

Souleimane a rencontré dimanche des groupes d’opposition parmi lesquels les Frères musulmans, officiellement interdits. Longtemps chef des services de renseignement, Souleimane s’est entretenu avec des personnalités indépendantes et d’opposition des issues possibles à la crise politique. « C’est géré par le vice-président Souleimane. C’est entièrement géré par les militaires », a déploré ElBaradei.

Les principaux mouvements de l’opposition égyptienne ont en effet noué ce dimanche leur premier contact avec le vice-président. Des opposants, parmi lesquels figuraient des représentants des Frères musulmans, réprimés durant les 30 ans de règne de Moubarak, ont qualifié de « positive » cette prise de contact, même si, selon eux, elle n’a encore débouché sur rien de concret quant aux revendications des manifestants de la place Tahrir.

La rencontre entre l’ex-chef du Renseignement, nommé vice-président au début de la crise, et les représentants de l’opposition, de la sociéte civile et des membres d’un « conseil des sages », qui a avancé un scénario de transition démocratique en attendant le départ de Moubarak, ne restera toutefois pas sans lendemains. Selon un porte-parole du gouvernement, les participants sont tombés d’accord sur « une feuille de route » pour leurs prochaines rencontres.

Comité

Un communiqué officiel précise que, contrairement aux revendications des manifestants de la place Tahrir, Moubarak restera au pouvoir pour superviser la période transitoire. « Nous avons besoin du président Moubarak pour prendre les décrets présidentiels changeant les articles 76 et 77, dissoudre le parlement, relâcher tous les détenus politiques, bien connus du gouvernement, et mettre fin à l’état d’urgence », a reconnu Abdel Monem Aboul Fotouh, représentant des Frères musulmans à la rencontre de dimanche.

Les deux articles de la constitution qu’il mentionne portent sur les conditions restrictives des candidatures aux élections présidentielles et le nombre illimité de quinquennats que peut briguer le chef de l’Etat. L’état d’urgence, quant à lui, est en vigueur depuis l’assassinat du président Anouar Sadate et l’accession au pouvoir de Moubarak, en 1981. Selon Aboul Fotouh, tant que ces mesures ne seront pas prises, « la jeunesse restera dans les rues tandis que les discussions se poursuivront ».

Le communiqué officiel annonce que les participants à la réunion sont convenus de former un comité pour étudier dans un délai d’un mois un remaniement de la constitution et d’autres réformes politiques. Il fait état par ailleurs d’un accord sur la libération des activistes emprisonnés, sur des mesures pour garantir la liberté de la presse et sur la levée de l’état d’urgence « en fonction des conditions de sécurité » qui prévaudront. Aboul Fotouh a estimé que ce communiqué officiel traduisait « de bonnes intentions mais n’annonçait aucun changement ferme ».

ElBaradei n’a « pas été invité »

« Je n’ai pas été invité à participer aux négociations ou au dialogue, mais j’ai suivi ce qui se passait », a-t-il encore dit. Un représentant de l’Association nationale pour le Changement, le groupe d’ElBaradei, a néanmoins rencontré Souleimane dimanche et a qualifié les discussions de premier pas positif. ElBaradei a estimé qu’il y avait toujours un « immense manque de confiance » entre le gouvernement et les manifestants et que ces derniers redoutaient que l’ancien gouvernement revienne au pouvoir.

« Si vous voulez vraiment créer la confiance, il vous faut engager le dialogue avec le reste de la population égyptienne, les civils », a-t-il dit. Dans une interview à CNN, il a qualifié d’impasse la situation en Egypte, ajoutant qu’il ne négocierait avec aucun représentant de Moubarak. « Je veux dire que l’idée était (...) de quitter ce régime pour un nouveau régime. Moubarak continue d’être un symbole de cet ancien régime et nous n’accorderons aucune légitimité au régime existant parce que l’idée est que ce régime n’a aucune légitimité, il a perdu toute légitimité », a souligné ElBaradei.

Il a noté que contraindre Moubarak à quitter l’Egypte était devenu quasiment une obsession pour les jeunes manifestants mais que l’accent devrait être mis sur le gouvernement, pas sur Moubarak. « Non, bien sûr, il n’a pas à quitter l’Egypte. Il est égyptien et il a tout à fait le droit de vivre en Egypte », a affirmé ElBaradei.

Source : 20minutes.fr avec Reuters - CRISE - Après le premier contact des principaux mouvements de l’opposition avec le vice-président Omar Souleimane...

Mis en ligne sur Sisyphe, le 6 février 2011




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