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Affaire DSK - Pourquoi la presse française élude-t-elle des faits connus outre-Atlantique ?

15 juillet 2011

par Le blog de SuperNo

SuperNo se demande pourquoi certains détails font moins de remous que d’autres. Selon lui, il a suffi de quelques révélations sur le passé de Nafissatou Diallo pour en faire une « pute menteuse », alors que, malgré les récentes informations sur DSK, certains l’envisagent encore faisant un grand retour en politique.

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Oui oui, DSK, encore… Je me vois contraint d’insister sur certains détails, lus vendredi dans le New York Times (le journal le plus sérieux du monde, donc), mais qui ne font absolument pas les gros titres de la presse française alors que, certes sans prouver quoi que ce soit, ils dessinent à traits précis la personnalité pathologiquement perturbée (et c’est un euphémisme) de ce personnage. On a hâtivement fait de la femme de chambre une pute comploteuse, cupide et menteuse, pourquoi ne pas crier alors que DSK, qui est assurément cupide, et qui, comme tout politicien qui se respecte est un menteur et un comploteur, est un obsédé sexuel notoire autant que pathologique ?

Extrait de l’article intitulé "Deadly Sins of the Month : Lust and Greed" (les pêchés capitaux du mois : la luxure et la cupidité”)

"It quickly emerged that two other hotel workers told the authorities that the night before, Mr. Strauss-Kahn had invited them, separately, to visit his suite. They separately declined."
"Il est rapidement apparu que deux autres employées de l’hôtel ont déclaré aux autorités que la veille au soir M. Strauss-Kahn les avaient invitées, séparément, à visiter sa suite. Elles ont séparément décliné."

Mais putain, pourquoi on ne parle pas de ça ? [Lorsque j’ai écrit ça, seul Le Figaro en avait fait 2 lignes. Depuis, ça va un peu mieux, mais personne n’a parlé de "coup de théâtre", ni de "retournement", contrairement à ce qui s’est passé lorsque la victime présumée a été transformée illico presto en coupable certaine].

Même si ça ne prouve en aucun cas le viol, on peut facilement imaginer que DSK avait un besoin absolument irrépressible de tirer son coup ce jour-là, et qu’après avoir essuyé deux refus, il avait décidé de se passer de consentement pour la suivante… Rien de certain dans cette hypothèse, mais après tout, pourquoi laisserais-je au DSKaKorps le privilège d’inventer des théories à la con ?

Au début de l’affaire, un passager de l’avion d’Air France qui devait le ramener à Paris avait rapporté que le même DSK, quelques minutes avant d’être arrêté, avait émis à haute voix des remarques déplacées sur le postérieur d’une hôtesse de l’air.

On attend toujours la moindre confirmation officielle de la déclaration de la défense de DSK au New York Post selon laquelle la femme de chambre était une pute, et on ne sait pas si DSK est violeur, mais on a une confirmation officielle : c’est un grand malade.

Tiens, au fait, Carla Bruni devrait accoucher en octobre. Que faisait DSK en janvier ?

Je ne sais pas si vous connaissez la BD "Vive les femmes" de Reiser, où un mec se balade sur la plage en demandant à toutes les femmes "Ca vous dirait d’aller tirer un petit coup avec moi à l’hôtel ?" (cf video sur le blogue de SuperNo).

Ben voilà, on a retrouvé le gars : c’est DSK. Président du FMI. Futur Président de la République française.

On continue, accrochez-vous :

"A video camera showed him boarding an elevator around 1:20 in the morning with a woman who did not work at the hotel. She was identified and located, but declined to be interviewed by investigators about her visit to Mr. Strauss-Kahn, according to a law enforcement official who spoke on the condition of anonymity, because the investigation is continuing. In any case, the room service breakfast that he ordered at 9:24 a.m. was for one person".

"Une caméra vidéo l’a montré qui prenait un ascenseur vers 1h20 du matin avec une femme qui ne faisait pas partie du personnel de l’hôtel. Selon un policier, elle a été identifiée et localisée, mais elle a refusé d’être interrogée par les enquêteurs sur sa visite à M. Strauss Kahn. Quoi qu’il en soit, le petit déjeuner en chambre qu’il a commandé à 9h24 était pour une personne."

L’hallu totale ! Qui est cette femme ? Qu’est-ce qu’elle faisait avec lui ? Ah ben non, elle ne veut pas répondre. Même si cela n’a peut-être aucun rapport avec l’affaire, il est complètement incroyable qu’elle n’ait pas au moins été interrogée !

Le plus drôle, si l’on peut dire, c’est que les enquêteurs ont bien davantage approfondi la personnalité de la victime présumée, et se sont même servis de détails bien moins signifiants pour la qualifier définitivement de menteuse. Pire, les révélations sur ces mensonges ont été tronquées et dénaturées.

Exemple : le lendemain de l’agression présumée, la femme de chambre aurait dit à son mari emprisonné quelque chose comme : "T’inquiète pas, il est plein aux as, j’en fais mon affaire".

"This version is contested by her lawyer, Kenneth P. Thompson, who says that the tape must be translated by an interpreter competent in the dialect of Fulani spoken during the call."

"Cette version est contestée par son avocat, Kenneth P. Thompson, qui dit que cette bande devait être traduite par un interprète compétent dans le dialecte Peul utilisé lors de la conversation."

Nouvelle hallucination : l’interprète qui a traduit les propos qui pourraient causer le "blanchiment total" de DSK ne parle pas exactement le même dialecte !

De plus, même si elle a prononcé une phrase approchante, cela ne prouve rien, sauf qu’elle est un peu cupide, et qu’après coup, elle a vu (ou on lui a dit) qu’elle avait l’occasion d’échapper définitivement à sa misère et à son boulot de merde grâce à cette affaire. Ce n’est pas glorieux, mais c’est humain.

Mais le pire, c’est encore un "détail" passé sous silence :

"He has noted that the housekeeper also spoke about the assault, apparently in a way that did not contradict her account. The authorities have also obtained other phone conversations between the housekeeper and the man in jail.”

"Il [Kenneth Thompson] a noté que la femme de chambre avait aussi parlé de l’agression d’une manière qui ne contredit en rien sa déposition."

Incroyable, non ? Si, comme certains le prétendent, elle avait monté un complot, ne se sachant pas écoutée, elle aurait certainement tenu [au téléphone] un tout autre langage à son mari, du style (je le dis en français, j’ai un peu de mal avec le Peul, surtout les dialectes spécifiques…) : "Ca y est, c’est fait, ça s’est tout passé comme prévu, ces cons de flics n’y ont vu que du feu. Combien tu crois que je peux me faire ?"

Au lieu de ça, elle confirme ce qu’elle a dit aux enquêteurs.

D’un point de vue purement judiciaire, il est hélas à craindre que l’affaire tourne en eau de boudin, le procureur ne voulant pas prendre le risque qu’un jury refuse de condamner sur la foi de déclarations d’une femme à laquelle on a collé sur le dos, vite fait bien fait, une pancarte de pute menteuse et cupide idéale.

En France, le "cas Banon" va sans doute finir prescrit, si ce n’est en non-lieu faute de charges probantes.

Quoi qu’il en soit, que ce queutard incurable n’ait pas l’indécence de venir ramener sa fraise en France et prétendre quémander le moindre mandat politique. 62 ans, ça tombe bien c’est l’âge légal de la retraite…

 Ce texte a été publié sous le titre de « DSK : son gia mille e tre » sur le blogue de SuperNo, que nous vous invitons à visiter, et il est reproduit sur Sisyphe avec son accord. Le titre choisi est de Sisyphe.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 12 juillet 2011

Le blog de SuperNo


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