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Poste de contrôle israélien sur la route de la maternité : lieu de naissance ou de décès ?

27 août 2011

par LDL, Femmes de Palestine

L’IRIN (1), un service du Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies, attire l’attention sur une série d’études concernant la santé publique en Palestine occupée publiée par The Lancet (2), un journal scientifique britannique de renommée internationale.

Ces études mettent notamment en évidence la réalité de ce que la propagande sioniste - toujours désireuse de discréditer ceux qui mettent en évidence le caractère criminel de la politique israélienne - présente volontiers comme une légende inspirée directement des mythes antisémites du Moyen-Âge accusant les juifs de sacrifices rituels de nouveau-nés (on parle de "blood libel" en anglais).

C’est un fait, et non un mythe antisémite puisé dans les "Protocoles des Sages de Sion" (3) ou ailleurs, comme d’aucuns aimeraient le faire croire : des femmes palestiniennes sur le point d’accoucher sont empêchées par l’armée d’occupation d’aller à l’hôpital, elle accouchent parfois au bord d’une route devant un poste de contrôle de l’armée d’occupation. Elles y meurent aussi, de même que les enfants qu’elles portaient.

Et cela se reproduit beaucoup trop souvent pour que ce ne soit pas le produit d’une politique délibérée, sous prétexte des soi-disant impératifs de sécurité (qui ne valent que pour la population juive israélienne, bien entendu), qui accordent à des soldats soumis à un lavage de cerveau permanent un pouvoir aussi arbitraire qu’absolu sur une population dont l’objectif du gouvernement israélien est, in fine, de se débarrasser.

Et si cela arrive moins que dans le passé, ce n’est pas parce que l’occupant aurait tenu compte des impératifs humanitaires, mais parce qu’un nombre croissant de femmes choisissent d’accoucher à domicile, dans des conditions certes souvent précaires mais à tout prendre moins dangereuses que le voyage vers la maternité.

Voici un résumé d’une partie des études médicales dont il est question, les études elles-mêmes étant disponibles sur le site web de la revue scientifique.
Elle décrivent une réalité que les quelques dizaines de militants participant à l’opération "Bienvenue en Palestine" qui sont passés entre les mailles du filet tendu par le gouvernement israélien afin de pouvoir garder ses agissements criminels à l’abri des regards indiscrets vont pouvoir, peut-être, approcher pendant leur séjour.

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The Lancet (4) collabore depuis maintenant trois ans avec des professionnels de la santé et des chercheurs palestiniens afin de recueillir de l’information sur les effets des conditions de vie stressantes – faire face aux difficultés économiques et aux pénuries, aux restrictions à la circulation, aux tensions politiques et aux craintes d’attaques extérieures - et vient de publier ses dernières conclusions.

Scène de la vie quotidienne à Bethléem (Cisjordanie)

Les restrictions à la circulation constituent une source quotidienne de tension et d’anxiété dans les territoires palestiniens occupés. Outre les fouilles fastidieuses et humiliantes effectuées aux postes de contrôle, les résidents ne savent jamais combien de temps leur déplacement va prendre, ou même s’ils pourront effectivement se déplacer. Cependant, en cas d’urgence médicale, ces restrictions peuvent être une question de vie ou de mort.

L’année dernière, les collaborateurs de The Lancet ont décrit de manière très réaliste la terreur ressentie par les femmes sur le point d’accoucher lors des raids de bombardement israéliens sur Gaza au début de l’année 2009. Ces femmes savaient qu’elles pourraient avoir besoin d’une aide médicale d’urgence alors qu’elles se trouvaient prisonnières chez elles pendant les attaques israéliennes. Cette année, un autre chercheur s’est intéressé à ce qui arrive aux femmes dont l’accouchement a déjà commencé et qui se trouvent aux points de contrôle [de l’armée d’occupation].

Halla Shoaibi, de l’université américaine d’Ann Arbor, estime que dans la période qu’elle a étudiée (2000-2007), 10% des Palestiniennes enceintes ont été retenues à des points de contrôle alors qu’elles se rendaient à l’hôpital pour accoucher. Cela s’est notamment traduit par une augmentation considérable du nombre de naissances à domicile, les femmes préférant éviter les déplacements routiers pendant l’accouchement de crainte de ne pas arriver à l’hôpital à temps.

Les craintes de ces femmes sont justifiées. Mme Shoaibi indique que 69 bébés sont nés à des points de contrôle au cours de ces sept dernières années. Trente-cinq bébés et cinq mères sont décédés, un résultat qu’elle assimile à un crime contre l’humanité.

Lorsque le groupe de chercheurs de The Lancet s’est pour la première fois réuni en mars 2009, Gaza ne s’était pas encore remise des attaques israéliennes de l’opération "Plomb durci", qui a causé la mort de plus de 1 400 personnes auxquelles s’ajoutent 5 000 blessés.

Dans la dernière publication, les chercheurs sont revenus sur cette période et se sont davantage penchés sur les enquêtes portant sur les conséquences de l’attaque sur la population civile.

La vie quotidienne a été fortement bouleversée. 45% des personnes interrogées ont dû quitter leur domicile et s’installer chez d’autres personnes pendant au moins 24 heures ; 48% des personnes ont accueilli des gens chez eux ; 48 % des maisons ont été endommagées. Presque toutes les personnes interrogées ont dû faire face à des coupures de courant temporaires ou permanentes, et nombre d’entre elles ont également été confrontées à la perturbation d’autres services - téléphone, distribution d’eau et collecte des déchets.

Conséquences psychologiques

En termes de conséquences psychologiques, plus de 80% des personnes interrogées ont déclaré qu’un membre de leur famille criait, pleurait ou faisait des cauchemars. Nombre de personnes ont également évoqué une perte d’appétit. Mais, bien que Gaza constitue une zone relativement limitée, les conséquences variaient considérablement selon le lieu de résidence des personnes interrogées : les gouvernorats de Gaza-Ville et de Gaza-Nord (proches d’Israël) ont été les plus touchés, les gouvernorats de Khan Younis et de Rafah (situé à proximité de la frontière égyptienne) les moins touchés.

Une autre étude s’est intéressée au sentiment d’insécurité qui perdurait, même six mois après la fin des attaques israéliennes. Certaines des conclusions étaient plus ou moins attendues – les femmes, par exemple, semblaient plus nerveuses et plus inquiètes que les hommes. Les personnes les plus instruites et jouissant d’un niveau de vie plus élevé, ainsi que les personnes plus âgées, au-delà de 65 ans, se sont déclarées moins inquiètes.

Notes

1. IRIN
2. The Lancet.
3. Protocoles des Sages de Sion
4. TheLancet.com

 Source de cet article : Pour la Palestine.

Diffusion encouragée en mentionnant la source et Femmes de Palestine.

Page Femmes de Palestine.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 19 juillet 2011

LDL, Femmes de Palestine


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