source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=4138 -



Comparaison entre acheteurs et non-acheteurs de sexe dans la région de Boston

10 mars 2012

par Melissa Farley, Emily Schuckman, Jacqueline M. Golding, Kristen Houser, Laura Jarrett, Peter Qualliotine, Michele Decker

Comparaison des acheteurs et des non-acheteurs de sexe : "La servitude est une façon de se payer un bon moment" c. "Vous soutenez un système d’avilissement des personnes". Document présenté lors de la Rencontre annuelle de l’organisation Psychologists for Social Responsibility, le 15 juillet 2011, à Boston.



Cette recherche a comparé 101 hommes qui achètent des rapports sexuels avec 100 hommes qui n’ont pas acheté de sexe, appariés en fonction de l’âge, de l’ethnicité et du niveau d’éducation. La plupart avaient une femme ou une partenaire habituelle au moment de l’étude. Les acheteurs de sexe avaient eu beaucoup plus de partenaires sexuelles que les non-acheteurs de sexe au cours de leur vie (personnes prostituées et non prostituées).

Les acheteurs de sexe étaient beaucoup plus susceptibles que les non-acheteurs de sexe de commettre des délits, des méfaits, des crimes liés à la violence contre les femmes ou à l’abus de substances illicites, des agressions, des crimes avec armes et des crimes contre l’autorité. Tous les crimes connus pour être associés à la violence contre les femmes ont été signalés par les acheteurs de sexe ; aucun de ces crimes n’a été signalé par des non-acheteurs de sexe.

Les acheteurs de sexe reconnaissaient nettement plus que les non-acheteurs avoir commis des actes beaucoup plus sexuellement coercitifs à l’égard de femmes.

Les acheteurs de sexe faisaient preuve de nettement moins d’empathie pour les femmes prostituées que les non-acheteurs de sexe, et ils reconnaissaient moins d’effets nocifs de la prostitution pour les femmes en prostitution et pour la communauté. Les non-acheteurs de sexe reconnaissaient plus souvent la prostitution comme nuisible, à la fois pour la femme prostituée elle-même et pour la communauté dans son ensemble.

Les acheteurs de sexe se masturbaient en se servant de pornographie plus souvent que les non-acheteurs de sexe ; ils imitaient plus souvent avec des partenaires les comportements dépeints dans ce matériel ; et ils avaient plus souvent reçu leur éducation à la sexualité de la pornographie que les non-acheteurs de sexe. Nettement plus d’acheteurs de sexe avaient tiré leur éducation sexuelle de la pornographie en regard des non-acheteurs.

Les acheteurs de sexe et les non-acheteurs faisaient également preuve d’une connaissance approfondie des préjudices physiques et psychologiques de la prostitution. Les deux tiers des acheteurs et des non-acheteurs de sexe ont indiqué savoir que la majorité des femmes en prostitution y étaient amenées par la ruse, la tromperie ou la traite. Bon nombre des hommes avaient conscience de la contrainte économique et de l’absence de solutions de rechange qui expliquaient l’entrée des femmes dans la prostitution. Presque tous les acheteurs de sexe et non-acheteurs de sexe convenaient de l’opinion selon laquelle des mineures sont presque toujours disponibles pour la prostitution dans les bars, salons de massage, agences d’escorte et autres formes de prostitution à Boston.

Le fait de savoir que les femmes ont été exploitées, contraintes, soumises à un souteneur ou victimes de la traite n’avait pas pour effet de dissuader les acheteurs du sexe de le faire. Bon nombre des acheteurs de sexe répondants avaient déjà utilisé des femmes contrôlées par des proxénètes au moment où ils ont eu recours à elles pour du sexe.

Les acheteurs de sexe et les non-acheteurs convenaient que l’élément dissuasif qui serait le plus efficace serait de voir son nom inscrit à un registre de délinquants sexuels. Ils énuméraient comme autres moyens de dissuasion efficace des techniques de divulgation publique comme le fait de voir leur nom ou leur portrait publié sur un panneau d’affichage, dans un journal ou sur Internet. Une sentence de prison a été considérée comme un moyen de dissuasion efficace par 80% des acheteurs de sexe et 83% des non-acheteurs. Quant aux programmes éducatifs, les deux groupes d’hommes les ont classés comme le moins efficace des facteurs de dissuasion.

Pris dans leur ensemble, ces divers facteurs – soit une gamme d’activités criminelles en plus du recours à la prostitution, la préférence pour une sexualité non relationnelle, un nombre élevé de partenaires sexuels et une utilisation intense de pornographie – ont des interactions et accroissent la probabilité de violence à l’avenir contre les femmes, selon d’autres études citées dans le présent rapport.

Notre conclusion selon laquelle les acheteurs de sexe sont impliqués dans ces activités criminelles suggère que l’achat du sexe devrait être envisagé dans ce contexte. Les lois étatiques et fédérales contre la prostitution et la traite devraient être appliquées aux acheteurs de prostitution. Les acheteurs de sexe détiennent des informations détaillées sur les proxénètes, la contrainte, la traite sexuelle et les méfaits de la prostitution envers les femmes qui s’y trouvent. Cette information n’est pas encore pleinement utilisée par les forces de l’ordre et pourrait s’avérer utile.

Version anglaise.

Source : www.prostitutionresearch.com

Traduction : Martin Dufresne

Mis en ligne sur Sisyphe, le 1 mars 2012

Melissa Farley, Emily Schuckman, Jacqueline M. Golding, Kristen Houser, Laura Jarrett, Peter Qualliotine, Michele Decker


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=4138 -