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Des femmes ex-prostituées dénoncent la décision Himel

26 mars 2012

TORONTO, Toronto Sun, 5 octobre 2010 – Des femmes ayant quitté le monde de la prostitution et qui demandent pourquoi les hommes devraient être autorisés à acheter des services sexuels de personnes prostituées se sont rassemblées mardi devant le Palais de justice du centre-ville de Toronto pour marquer la Journée internationale de rejet de la prostitution.

Le mois dernier, la juge Susan Himel a qualifié d’inconstitutionnelles en Ontario certaines des lois sur la prostitution au pays, notamment celles portant sur la communication à des fins de prostitution, l’exploitation d’une maison de débauche et le fait de vivre de la prostitution d’une autre personne.

Ce recours constitutionnel a été déposé par une « dominatrice » torontoise et par deux prostituées qui ont soutenu que les prostituées seraient plus en sécurité si elles pouvaient exercer leur activité à l’intérieur.

Katarina MacLeod, qui est sortie de l’industrie du sexe depuis deux ans, mais a passé 17 ans à travailler dans un bordel, n’est pas d’accord avec cette prémisse.

« Être prostituée à l’intérieur n’est pas plus sûr », a déclaré MacLeod. « L’intérieur peut être un enfer absolu, et le client a toujours raison. Ils peuvent vous battre et voler votre argent. »

« J’ai souffert pendant 17 ans aux mains des hommes », a déclaré Madame MacLeod.

« L’emplacement ne nous assurait aucune sécurité ; ce sont les hommes qui étaient avec nous qui menaçaient notre sécurité », a-t-elle dit. « Même si il y a un bouton d’alarme dans la pièce, comment être certaine d’arriver à le rejoindre ? »

MacLeod a dit avoir côtoyé des filles aussi jeunes que 12 ans en prostitution.

« Il y a un look et un âge que les proxénètes aiment bien », a déclaré MacLeod. « Ils disposaient de caméras qui leur permettaient de surveiller l’arrivée de la police, et nous faisions sortir les mineures par la porte arrière. »

« La prostitution constitue de la violence pure et simple envers les femmes », a déclaré Natasha Falle, fondatrice de l’organisme Sex Trade 101.

« Mon proxénète me gardait à huis clos », a-t-elle dit. « Il y tenait pour pouvoir garder un œil sur moi. »

« L’achat de sexe ne fait pas de vous un vrai homme », a ajouté Madame Falle. « Seulement 1% seulement des femmes prostituées disent aimer le sexe avec les clients, et 97% disent vouloir en sortir. »

« Je veux être une voix pour les sans-voix », a déclaré Madame Falle. « La prostitution est comme la situation d’un poisson dans un bol d’eau sale. Le poisson nage en rond jusqu’à ce qu’il meure et sa durée de vie est très courte. »

Trisha Baptie, de l’organisme vancouvérois Exploited Voices now Educating (EVE), se dit consternée par la décision rendue par la juge Himel.

« La prostitution n’est pas un choix : elle reflète plutôt une absence de choix pour les femmes pauvres et les moins instruites. Elles font face à des problèmes qui les forcent à la prostitution. Il nous faut exiger des gouvernements des mesures pour instaurer l’égalité des femmes », a déclaré Madame Baptie.

Samantha McCabe a participé au rassemblement parce qu’elle ne croit pas les nouvelles mesures découlant du jugement Himel vont contribuer à la sécurité des femmes.

« Elles ne vont pas empêcher des gens de se livrer à la traite et les proxénètes continueront à abuser des femmes », a-t-elle conclu.

Version originale : « Indoors isn’t Safer ».

. Factum déposé en appel par la Coalition des femmes pour l’abolition de la prostitution.

. Résumé de l’intervention en Cour d’appel de l’Ontario de la Coalition féministe pan-canadienne pour l’abolition de la prostitution.

Traduction : Martin Dufresne

Mis en ligne sur Sisyphe, le 24 mars 2012




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