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Appel de féministes grecques
Prostitution et séropositivité - Le Gouvernement grec arrête et emprisonne des femmes pour protéger les hommes

12 juin 2012

Stop à la mise au pilori des femmes séropositives en Grèce.

Nous demandons leur libération immédiate et l’accès pour elles au traitement médical.  

Le gouvernement grec procède en ce moment à une action barbare qui n’a pas de précédent.

Le gouvernement grec, en invoquant le danger que des clients de la prostitution contractent le HIV de femmes séropositives qui sont toxicomanes (dont certaines sont prostituées de façon occasionnelle ou d’autres de façon régulière), a officiellement permis au Procureur de la République d’autoriser la publication de leurs photos, de leur nom, et de l’adresse de leur domicile. Le gouvernement a ainsi violé tous les droits qui protègent les informations privées, le secret médical n’a pas été respecté. Les traités internationaux et européens que l’État grec a signé concernant la protection des personnes séropositives ont été bafoués. 

Plus concrètement, le 29 avril, la police a publié sur ordre du Procureur de la République, la photographie et le nom d’une jeune Russe de 22 ans. Toutes les chaînes de télévision l’ont retransmise. Dans les jours qui ont suivi, on a publié d’autres noms et d’autres photos, et cela se poursuit encore aujourd’hui. Elles sont au nombre de 29.

La plupart des femmes sont grecques et beaucoup d’entre elles sont toxicomanes. On les a arrêtées et mises en prison. La charge retenue contre elles est de faire courir un "lourd risque corporel" à leurs clients.

Cette décision gouvernementale a été prise, en avril, dans le cadre de la croisade générale raciste et anti-immigrés qui s’est ouverte avec la campagne électorale. Elle avait pour but de regrouper les sans-papiers, de les parquer dans plusieurs lieux avant de les expulser. La stigmatisation des femmes prostituées a suivi, pour compléter cet objectif, en ciblant, comme on l’a écrit officiellement, "les femmes migrantes prostituées comme des bombes contre la santé et la vie de famille des hommes grecs".

Il s’est avéré très vite que les opérations de police aboutissaient, dans la majorité des cas, à l’arrestation de femmes grecques. Ceci a donc eu pour résultats d’annuler l’effet de la lutte contre les immigrés. Toute l’affaire s’est transformée en une forme moderne de chasse aux sorcières contre les femmes.

Les organisations féministes ont dénoncé depuis longtemps le fait que, surtout dans la traite, les proxénètes et les clients forcent les femmes en situation de prostitution à accepter des rapports sans préservatifs. En effet, ces rapports sans préservatif sont mieux rémunérés. Ceci, à la grande satisfaction des proxénètes dont les profits augmentent et des clients sont les demandes insensées et dangereuses sont ainsi satisfaites.

Elles ont aussi dénoncées le fait qu’en ce qui concerne les jeunes hommes mineurs qui sont clients, l’école ne leur a rien appris sur le mode de contamination par le VIH. Alors que ce sont les hommes (mineurs ou majeurs) qui demandent le rapport sans préservatif, ce sont les femmes qui vont en prison !!!

Les politiques décrites ci-dessus, qui sont les politiques officielles des autorités du pays, piétinent les droits humains, sont une offense à la dignité humaine et alimentent une culture de la discrimination. Elles détruisent aussi la santé publique. En effet, d’une part, elles envoient un message faux à la société, car la précaution est de la responsabilité de chacun. D’autre part, cette politique décourage les membres de ces communautés "à risque" à aller se faire dépister par les services de santé et soigner, ce qui finalement accroît l’épidémie.

Nous avons aussi dénoncé le fait que les programmes de prévention du HIV, en Grèce, aient été diminués de 50% et les fonds alloués au traitement des toxicomanies de 30% depuis 2009. Au total, avec les plans d’austérité barbares imposés depuis 2009, ce sont 50% des fonds alloués à la santé qui ont été coupés.

Nous demandons une augmentation des fonds alloués à l’information et à l’éducation, à la prévention et au traitement de cette maladie comme de toutes les autres, pour les Grecs et pour les immigrants.

Nous demandons des réponses aux questions que nous avons posées concernant les procédés qui ont conduit au non-respect du secret médical et à la divulgation de faits concernant la vie personnelle de personnes séropositives, en violation de la législation grecque et européenne. Cette décision est le fait du seul Procureur de la République et elle n’a pas reçu l’approbation de l’autorité qui protège les données sur la vie privée.

Nous demandons que le Centre grec de suivi et de prévention (KEELPNO), principal organisme officiel dans ce domaine, cesse de collaborer à la ciolation des lois et à la stigmatisation publique et concrète de ces femmes ainsi que de celles qui pourraient être trouvées séropositives, si l’on ciblait, par exemple, d’autres groupes sociaux comme les transsexuelles en situation de prostitution.

Nous demandons la libération immédiate des femmes arrêtées, leur accès au programme de soins, et un dédommagement pour le préjudice moral qui leur a été imposé.

Nous demandons l’intervention des organisations internationales auprès du gouvernement grec pour que cesse immédiatement cette mise au pilori de femmes et que soit condamné ce comportement contraire à tous les traités européens et internationaux que la Grèce a signés.

Envoyez votre signature à : againstviolencewomen@gmail.com

Quelques articles et commentaires trouvés sur le web

 http://bit.ly/KmIGexhttp
 http://bit.ly/KW7y2m
 http://bit.ly/JFfQEq
 http://bit.ly/NzmRh6

Source : Traduction publiée dans le Réseau Femmes en noir. Diffusion encouragée.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 11 juin 2012




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