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Carnet de campagne #4 - Pourquoi Québec solidaire souhaite-t-il un gouvernement minoritaire ?

2 septembre 2012

par Micheline Carrier

Je ne veux pas soulever ou alimenter de polémique. Je ne fais que réfléchir tout haut et je cherche à comprendre comment s’obtiendrait la balance du pouvoir en faveur de Québec solidaire dans un futur gouvernement minoritaire péquiste.

Françoise David et Amir Khadir ont dit dans une entrevue au Devoir, le 31 août, qu’ils espèrent que leur parti détiendra la balance du pouvoir, le 4 septembre, à l’Assemblée nationale avec 2, 3 ou 4 députés, face à un gouvernement péquiste et minoritaire.

Pour avoir une majorité à l’Assemblée nationale, un parti doit détenir au moins 63 des 125 sièges.

Le maximum de sièges qu’un gouvernement péquiste minoritaire peut obtenir est donc 62. Si cela se produit, le 4 septembre, l’appui des 2, 3 ou 4 députés que Québec solidaire espère faire élire sera utile et même nécessaire pour que le gouvernement se maintienne en place.

Je présume que M. Jean-Martin Aussant sera élu, mais je ne présume pas qu’il appuiera le Parti québécois puisqu’il lui reproche de ne chercher que le pouvoir. Logiquement, il serait satisfait que le PQ perde le pouvoir...

Toutefois, si le Parti québécois minoritaire obtenait non pas 62 sièges mais 57 ou 58 sièges, et Québec solidaire les 2 ou 4 sièges qu’il espère détenir, QS n’aurait évidemment pas la balance du pouvoir : les libéraux et les caquistes ensemble détiendraient plus de la majorité des sièges et pourraient faire la pluie et le beau temps, y compris faire tomber le gouvernement.

Dans les quelque 25 circonscriptions où on prévoit un résultat serré entre la CAQ/le PLQ et le PQ, le vote idéologique (par rapport au vote stratégique) de partisan-es de QS pourrait avantager le PLQ ou la CAQ. Donc faire en sorte que le PQ obtienne moins de sièges et qu’un gouvernement minoritaire péquiste faible soit élu.

QS ne tirerait aucun profit de ce vote idéologique (vote par conviction) dans les circonscriptions qu’il sait de toute façon n’avoir aucune chance de remporter, puisqu’il s’éloignerait encore plus de la balance du pouvoir qu’il espère détenir en faisant élire 2, 3 à 4 député-es.

Si le PQ a tout au plus 56 ou 57 sièges le 4 septembre parce que le vote idéologique a été plus important que le vote stratégique, que se passera-t-il à l’Assemblée nationale ?

Aucune collaboration de la part de l’opposition, qu’elle soit libérale ou caquiste. M. Legault a déjà annoncé qu’il s’arrangera pour faire tomber un gouvernement minoritaire, le sens démocratique ne l’étouffe pas. On voit mal le PLQ appuyer des mesures qui déferont dans certains cas ce que ce parti a mis en place depuis 9 ans.

Si le gouvernement est défait, le PQ n’aura pas eu le temps de réaliser les points essentiels de son programme. QS n’aurait pas le temps d’obtenir les principaux changements qui lui tiennent à coeur, notamment l’importante réforme du mode de scrutin qui lui permettrait d’obtenir une juste place lors d’un prochain scrutin.

Un gouvernement minoritaire ne pourrait pas tenir un référendum sur la souveraineté, une attente que QS m’a semblé exprimer à quelques reprises au cours de la campagne.

Il faudra retourner en élection dans 12 ou 18 mois et peut-être faire élire alors un gouvernement caquiste.

Ce qui m’amène à ces questions.

Si la population élit un gouvernement minoritaire (péquiste, caquiste ou libéral) le 4 septembre :

a) Les intérêts des Québécois-es seraient-ils mieux (bien) servis ?

b) Québec solidaire a-t-il vraiment quelque chose à gagner de l’élection d’un gouvernement minoritaire ?

c) Qui y gagnerait ?

Si l’on répond "non" aux deux premières questions et la CAQ/le PLQ à la troisième, il faut s’en poser une autre.

Pourquoi QS souhaite-il l’élection d’un gouvernement minoritaire péquiste ?

Au point de décourager le vote stratégique en faveur du Parti québécois dans des circonscriptions où il sait qu’il lui est de toute façon impossible de gagner ?

Si vous avez une réponse, j’aimerais bien la connaître.

 Lire aussi : Sur le "vaisseau amiral" de la capitaine Marois

 Prenez 5 minutes pour entendre Jean-François Lisée parler de Pauline Marois ici.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 31 août 2012

Micheline Carrier


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