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Lettre au Ministre Bernard Drainville - Le hidjab a quelque chose à voir avec l’inégalité hommes-femmes

3 octobre 2013

par Micheline Carrier et Élaine Audet

Cher Monsieur Drainville,

Votre "ballon d’essai" sur une éventuelle "charte des valeurs" semble avoir atteint son objectif : on s’agite de tous côtés et en tous lieux, spéculant et pontifiant sur cette "charte" que personne n’a encore lue. Nous préférons nous en faire une opinion, avant de l’appuyer ou non, quand le texte définitif sera rendu public. Aujourd’hui, nous aimerions plutôt commenter une déclaration sur le hidjab que vous avez faite lors d’une entrevue à Radio-Canada.

En vous entendant dire que jamais vous n’affirmeriez que le hidjab est un symbole de soumission des femmes, nous nous sommes demandé, M. le Ministre, si vous étiez bien documenté. Comme vous êtes un ancien professionnel de l’information et un homme cultivé, il est difficile de croire que vous n’ayez lu ni entendu nulle part que le hidjab représente non seulement un symbole de soumission mais, selon plusieurs personnes habilitées à en parler, un instrument d’oppression et de contrôle du corps et de la sexualité d’un groupe de femmes, c’est-à-dire des femmes musulmanes.

Plus encore, il est devenu un instrument politique imposé par des intégristes islamistes qui cherchent à exercer une influence indue au sein des sociétés et des États qui les accueillent. Des conférenciers qui viendront prêcher la bonne nouvelle islamiste en septembre à Montréal en donnent un exemple. « Dans un autre discours intitulé ‘Le vêtement de la femme’, Nader Abou Anas justifie l’obligation du port du voile assorti à l’interdiction de tout accessoire. Pas de bijoux, pas de paillettes, pas de boucles d’oreille, pas de pantalons. C’est ‘interdit’, martèle-t-il. « La femme ne doit pas être attirante », affirme-t-il. Et ne pas se parfumer. Sauf à la maison, pour son mari. » (La Presse, 23 août 2013)

Le hidjab ne vient jamais seul. Il s’accompagne d’une série de restrictions et de contraintes imposées par des hommes et destinées aux seules femmes de leur communauté. Le même Nader Abou Anas « s’en prend aux femmes "provocantes" qui se maquillent, (...) celles qui "marchent sans aucune gêne au milieu des trottoirs en se frottant aux hommes" ou à celles qui refusent de porter le voile. Le prédicateur leur rappelle qu’elles sont les "servantes d’Allah" et qu’elles ne sont « pas libres de faire » ce qu’elles veulent « dans ce monde ».

Vous conviendrez, M. le Ministre, que ce discours est assez éloigné de l’égalité hommes-femmes, dont vous affirmez vouloir imposer la prévalence sur les accommodements de type religieux.

Le hidjab est tout sauf neutre sur les plans religieux et politique. Nous attirons votre attention sur l’opinion de femmes qui ont une connaissance très étendue, voire personnelle, de ce qui se cache derrière le voile. Pour elles, le hidjab n’est pas qu’un simple accessoire vestimentaire comme le chapeau porté en hiver ou le turban de Francine Grimaldi.

Leila Lesbet, Québécoise d’origine algérienne

Cette militante féministe se désole de trouver dans son pays d’accueil des relents de l’intégrisme vécu dans son pays d’origine. « Pour certaines femmes, le voile marque l’adhésion à l’islamisme, et pour celles qui y sont forcées, c’est leur étoile jaune. Cela s’appelle de la discrimination basée sur le sexe. Le port du voile est politique. C’est l’assujettissement des femmes par l’islam politique pour les culpabiliser des idées malsaines qui traversent l’esprit des islamistes à la vue de leur chevelure et de leur corps.

Quand des femmes et des hommes vivant confortablement dans les sociétés sécularisées depuis des lustres nous demandent, au nom du multiculturalisme et de l’interculturalisme ainsi que de la Charte des droits et des libertés, d’accepter une telle offense, j’appelle cela de la collaboration avec le fascisme religieux qui s’exerce sur le corps des femmes. » Dans « La laïcité, facteur d’intégration dans la société québécoise » http://sisyphe.org/spip.php?article3831

Talisma Nasreen, docteure en médecine et auteure

Cette auteure bangalaise a été menacée de mort et a dû s’exiler parce qu’elle avait critiqué le Coran dans ses livres. « Je crois que le foulard est un signe d´oppression, dit-elle. Je n’accepte aucune forme de signe d´oppression. Je pense que [certaines femmes] portent le voile parce qu´elles sont soit forcées de le porter soit amenées à le faire par une foi aveugle, sans prendre conscience que c’est contraire à la liberté des femmes. » http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20080522.OBS5091/taslima-nasreen-toutes-les-religions-sont-misogynes.html

Nadia Châabane, docteure en linguistique et femme politique tunisienne

Dans « Que d’hommes dans la rue pour défendre ma liberté ! » cette femme écrit : « D’où sortez-vous que le voile est une obligation dans l’islam ? Avec ma licence d’arabe et mon doctorat de linguistique, donc suffisamment équipée pour décortiquer les textes et chercher des éléments sans intermédiaire aucune, je n’ai pas réussi à dénicher le moindre verset instaurant le voile comme une obligation faite à toutes les femmes musulmanes. Vous avez une lecture manipulatrice et extrêmement curieuse des textes qui reflète plus vos fantasmes que la réalité historique (...) Je refuse cet emblème de l’ignorance et de l’infamie et demande à toutes les femmes musulmanes de faire l’effort de lire par elles-mêmes, de se renseigner et de refuser de se résigner à endosser ce voile de l’infamie. »
(http://sisyphe.org/spip.php?article902)

Mimouna Hadjam, militante de l’association Africa à La Courneuve

Dans l’article « L’islamisme contre les femmes partout dans le monde », Mimouna Hadjam écrit : « Nous sommes contre tous les foulards, qu’ils soient portés à Téhéran, Kaboul, Alger, La Courneuve, Lille, Marseille ; qu’ils recouvrent une partie du corps ou totalement, car les foulards du monde entier expriment une même chose : la soumission forcée des femmes à un programme d’oppression (...) L’instrumentalisation des femmes, dès le plus jeune âge, reste l’une des cibles de l’islamisme politique et, pour cela, les islamistes ont à leur disposition une armada de militantes. (...) Nous nous opposons aux intégristes, pour qui la bataille autour du foulard est une étape pour tester le camp des laïcs et pour aller plus loin vers l’interdiction du sport ou de la mixité. »
(http://sisyphe.org/spip.php?article1458)

Ana Pak, militante féministe iranienne réfugiée en France

Dans un article intitulé « Pouvons-nous accepter le foulard contre la burqa ? » - ce que votre gouvernement ne sera pas tenté de faire, nous l’espérons -, Ana Pak écrit :

« Pourquoi luttons-nous contre l’envoilement des femmes, quelle que soit sa forme et son appellation : foulard, burqa, héjab, tchador, néghab … Pourquoi ? Réellement, le voilement des femmes est un outil pour contrôler le corps, le comportement et la sexualité du corps féminin (...) [qui] mène aussi symboliquement à la maîtrise de toute la société. Khomeiny, seulement dix-huit jours après avoir récupéré le pouvoir, imposait le port du voile aux femmes ! Depuis 30 ans, dans une cérémonie étatique, la "fête de l’obligation", l’État islamiste enferme les fillettes dès l’âge de 9 ans dans la prison du hidjab. En Iran, dans le cadre de "la politique sécuritaire (!)", en 2008, le régime islamiste a procédé à l’arrestation de 113 000 femmes par la police des mœurs qui les accusait d’être "mal voilées !" Les coups de fouet, la prison, le viol, la torture, la mort, ce sont les châtiments encourus par de millions de courageuses Iraniennes qui refusent l’envoilement ! » (http://sisyphe.org/spip.php?article3366)

Chahdortt Djavann, romancière, essayiste et anthropologue

Dans l’article « Un vibrant appel à la conscience », Élaine Audet commente le livre de l’Iranienne Chahdortt Djavann, « Bas les voiles ! ». « Dans un témoignage passionné, Chahdortt Djavann, romancière et anthropologue iranienne de trente-cinq ans, s’attaque au relativisme culturel qui sévit dans ce pays à propos du port du voile. Elle sait de quoi elle parle parce qu’elle a vécu en Iran, de l’âge de treize ans à vingt-trois ans, dans la "prison ambulante" du voile. L’originalité de son argumentation tient au fait qu’elle ne situe pas le débat sur le terrain de la laïcité mais sur celui des droits humains, de la maltraitance des mineures. Le port du voile devrait être interdit, et sanctionnés les parents ou les adultes qui incitent à le porter parce que, dit-elle, il est la cause d’un déni de soi et "la marque" de l’asservissement sexuel et politique des femmes. »
(http://sisyphe.org/spip.php?article848)

Wassyla Tamzali, ancienne avocate à la Cour d’Alger, auteure et militante féministe algérienne

Dans « Le voile - Le courage de dire non », Wassyla Tamzali écrit : « Le voile signifie beaucoup de choses, mais ce qu’il signifie le moins, c’est un acte de foi spirituel. La première des raisons pour lesquelles des jeunes femmes le portent aujourd’hui en France est politique, et c’est la plus dangereuse. Ce voile ostentatoire cache des positions idéologiques réactionnaires : contre l’émancipation des femmes, contre la libération des individus, contre les autres cultures. » (http://sisyphe.org/spip.php?article675)

Dans « Le port du voile n’est pas une affaire de culture », Wassyla Tamzali écrit aussi : « ... accepter la pratique, maghrébine ou pas, musulmane ou pas, de cacher ses cheveux, de ne pas se faire soigner par un homme, de ne pas serrer la main des hommes, c’est-à-dire accepter des pratiques de stricte ségrégation sexiste, me semble être une mauvaise réponse à un vrai problème. »

Et sur le racisme :

« Si le débat sur le voile occulte le débat sur les discriminations racistes, que dire alors de l’assujettissement des femmes qui disparaît derrière le débat aberrant sur le droit ou pas de se cacher les cheveux, d’enfermer un individu dans son corps érotique ? La pensée féministe n’a-t-elle pas débusqué tout ce qui pourrait rattacher la femme à sa sexualité reproductive et à son appartenance exclusive à la tribu qui règle son sort ? Comment ici ne dira-t-elle pas avec force que le voile est bien le symbole de cet asservissement des femmes et que sa portée ne peut être altérée par son utilisation frivole ou à contresens par certaines ? »

Sur la peur de stigmatiser l’islam, elle dit :

« Je veux simplement rappeler que la peur de stigmatiser le christianisme n’a pas arrêté la lutte des féministes, pour la conquête essentielle du droit à l’avortement et de la liberté de disposer de son corps. On touchait là à un dogme beaucoup plus sérieux et avéré que le voile dans l’islam. Alors, ce qui est bon pour une religion ne l’est pas pour l’autre ? (...) Peut-on dire que ce qui conduit la pensée féministe en général n’est pas bon pour ce qui concerne les femmes dites musulmanes ? Nous avons déjà assez de mal comme ça sans que des intellectuelles ajoutent leurs voix - et quelles voix ! -, à ceux qui pensent avec Tariq Ramadan qu’il existe un genre ’femme musulmane’ ».
(http://sisyphe.org/spip.php?article873)

Yolande Geadah, Québécoise d’origine égyptienne, chercheuse et auteure

Yolande Geadah a qualifié le rapport Bouchard-Taylor d’« insensible à l’égalité des sexes »… http://sisyphe.org/spip.php?article3011

Dans un article publié sur Sisyphe, elle a commenté ainsi l’exclusion d’une joueuse de soccer de 11 ans portant le hidjab : « … même si on voulait appuyer le droit des femmes musulmanes de porter le hidjab, ce cas devrait nous amener à mettre en question le discours religieux qui incite une jeune fille prépubère à croire qu’il est impur de montrer ses cheveux en public. Ce discours, devenu dominant avec la montée de l’intégrisme, incite de jeunes filles mineures à porter le hidjab et à défier même leurs parents et tout règlement non favorable issu des institutions où elles s’insèrent.
C’est là une des stratégies favorites du mouvement intégriste, qui insiste sur le port du hidjab sous prétexte d’expression identitaire positive. Mais il insiste aussi sur l’application rigide d’autres préceptes religieux, telle la séparation des sexes dans les lieux publics, encourageant les croyants à mettre en avant des revendications religieuses en ce sens, comme on a récemment pu le constater. Ces pratiques visent à remettre en question des règles séculières au nom des libertés religieuses. »
http://sisyphe.org/spip.php?article2652

Dans son livre Femmes voilées, intégrismes démasqués, elle a aussi tenu ces propos sensés : « Je crois que l’obligation d’accommodements raisonnables doit être considérée comme un chemin à deux voies. Les membres des communautés culturelles et religieuses devraient être, eux aussi, appelés à trouver des accommodements raisonnables pour respecter les règles établies par les institutions sociales. »

Opinions de Québécoises musulmanes dans l’Avis du CSF

En 2007, le Conseil du statut de la femme du statut de la femme a publié un avis intitulé « Droit à l’égalité entre les femmes et les hommes et liberté religieuse". Nous supposons, M. le Ministre, que le personnel qui prépare avec vous un projet de « charte » l’a déjà lu. Dans une section de cet avis, des Québécoises musulmanes s’affirment en faveur de la laïcité et suggèrent à l’État de poser des limites aux signes religieux dans les fonctions publiques, y compris au port du hidjab pour les employées du système d’éducation. (http://www.csf.gouv.qc.ca/modules/fichierspublications/fichier-29-1223.pdf)

Djemila Benhabib, journaliste et auteure québécoise d’origine algérienne

Quant à Djemila Benhabib, journaliste et auteure, voici ce qu’elle pensait du foulard ou voile islamique lors qu’une conférence, en septembre 2009 : « Ce voile n’a rien de culturel. Il est politique. C’est l’étendard de l’islamisme politique. Dommage que certains, voire même certaines, ne l’aient pas compris. Ces pressions, ces chantages et ces alliances ne sont rendus possibles qu’à cause de la lâcheté de ceux qui nous gouvernent. » (« Femmes, démocratie et laïcité » : http://sisyphe.org/spip.php?article3395)

Chahla Beski-Chafik, auteure et directrice de l’Agence pour le développement des relations interculturelles pour la citoyenneté (ADRIC)

Les propos de Chahla Beski-Chafik concernant la virginité imposée par des intégristes conviennent à toute tentative de contrôle du corps des femmes, par exemple, la prescription de se cacher les cheveux soi-disant pour sauvegarder la moralité des hommes. Une prescription que l’on trouverait excessive et qu’on écarterait sans ménagement si elle provenait d’intégristes chrétiens.

« Ainsi, dans un contexte de modernité mutilée, écrit Chahla Chafik, les femmes, tout en accédant à un certain degré d’autonomie, restent néanmoins prisonnières des stratégies identitaires patriarcales qui persistent et se renouvellent. Ces dernières font du contrôle du corps des femmes le pivot de la ‘dignité’ des hommes, des familles et de la communauté. » (http://sisyphe.org/spip.php?article3003)

Fatoumata Sidibé, députée bruxelloise FDF

En 2010, Fatoumata Sidibé, Malienne d’origine et députée belge, écrivait : « Je déclare que le voile est le symbole de l’instrumentalisation des femmes au nom de la religion, d’un projet politique totalitaire qui sème la terreur dans certains pays, de la tentative d’asservissement, de mise sous tutelle de la femme, de la séparation des espaces féminins et masculins, une supercherie des fondamentalistes musulmans pour réaffirmer leur domination sur le corps des femmes et leurs libertés. Dans certains quartiers, les filles n’ont d’autre choix que de se voiler ou de faire attention à leur tenue vestimentaire pour ne pas subir les injures et le mépris de certains mâles auxquels on a appris que la vertu d’une femme est proportionnelle à la quantité de tissu qui la recouvre. »

Le réseau international Femmes sous lois musulmanes

Sur le site Femmes sous lois musulmanes, un réseau non confessionnel qui défend les droits des musulmanes où qu’elles vivent dans le monde, on peut lire que le port du voile « perpétue le mythe de la femme en tant que source de convoitise pour l’homme. Cette mystique féminine nie toute notion d’évolution à travers l’histoire du rôle de la femme. Le choix s’opère dans les limites d’un cadre défini par une perception purement masculine, voire misogyne, de la femme et de son rôle dans la société musulmane. Il s’agit donc d’une réaction conditionnée qui n’a de légitimité qu’à l’intérieur de normes établies par les hommes pour les femmes. Celles-ci semblent être comme une ombre aux côtés des hommes qu’elles accompagnent. Porter le voile n’est pas anodin. En le portant, la femme nie sa féminité, son individualité, cache son corps non seulement aux autres mais aussi à elle-même. » (« Maroc : Que voile le voile ? » http://www.wluml.org/fr/node/3658) Des porte-parole de ce réseau sont venues au Canada en 2005 pour mettre la population en garde contre le projet d’implanter des tribunaux islamiques en Ontario.

L’Avis du Conseil du statut de la femme

Enfin, nous espérons, M. le Ministre, que le projet de « charte » du gouvernement s’inspirera de l’Avis du Conseil du statut de la femme, « Affirmer la laïcité, un pas de plus vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes », publié en 2011, qui a reçu un accueil très favorable de la population du Québec lors de sa publication. (http://www.csf.gouv.qc.ca/)

Julie Latour, avocate et ancienne bâtonnière du Barreau de Montréal

Nous ne voulons pas présumer du contenu de la future « charte ». Néanmoins, si la tentation venait à votre gouvernement de proposer une neutralité mitigée, il serait avisé de prêter l’oreille à des juristes québécoises, telle Me Julie Latour, ancienne bâtonnière du Barreau de Montréal : « En vertu des principes institutionnels de la laïcité, disait l’avocate lors d’une conférence en 2010, l’État doit s’obliger à une neutralité totale, laquelle doit être réelle et apparente. Ceci implique que les fonctionnaires et agents de l’État doivent s’abstenir de manifester leurs convictions religieuses, tout comme cela est le cas pour l’obligation de neutralité politique et le devoir de réserve que prescrivent les articles 10 et 11 de la Loi sur la fonction publique (L.R.Q., c. F-3.1.1). Les citoyens et citoyennes qui choisissent d’appartenir à la fonction publique ont une obligation individuelle de réciprocité envers la neutralité de l’État. » (http://sisyphe.org/spip.php?article3604)

Toutes ces personnes, y compris des prédicateurs intégristes attendus à Montréal, exposent clairement le sens et l’objectif du port du hidjab. Vous pourriez aussi consulter votre collègue, la députée de La Pinière Fatima Houda-Pépin, qui est très au fait de l’origine du hidjab et du symbole qui y est rattaché. Le hidjab porté volontairement ne véhicule pas moins ses messages sur l’infériorité des femmes. Toutefois, ce serait banaliser la portée de cet instrument politico-religieux d’accepter que des employées exerçant des fonctions publiques le portent. Ce pourrait être perçu par les intégristes religieux comme une caution pour contrôler les femmes et leur corps. Et que faisons-nous du devoir de solidarité avec toutes ces femmes des pays où on prescrit le hidjab, qui se battent pour leur liberté au prix de la torture ou même de leur vie ?

M. le Ministre, la société québécoise - à commencer par son gouvernement - pourrait faite sienne l’affirmation d’une militante féministe en exil : « Il ne faut pas laisser le sort des femmes dans les mains d’une religion, quelle qu’elle soit. Les femmes n’ont d’avenir que dans leur combat pour l’égalité des sexes. » (Ana Pak)

Acceptez, M. le Ministre, nos salutations cordiales,

Micheline Carrier et Élaine Audet, éditrices de Sisyphe.org

P. S. Monsieur le Ministre, le crucifix de l’Assemblée nationale, que vous qualifiez vous-même d’objet du patrimoine, aurait sa place au Musée de l’Assemblée nationale ou au Musée du Québec. D’autant plus que ce crucifix a été placé à cet endroit par le premier ministre Maurice Duplessis pour consacrer l’union de l’Église et de l’État. Or, une charte de laïcité doit consacrer la séparation de l’Église et de l’État.

Micheline Carrier et Élaine Audet


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=4465 -