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Obama ou le "Dream" de Martin Luther King ?

27 août 2013

par Aoua Bocar Ly-Tall, sociologue

Cinquante ans (1993 - 2013) après l’historique discours de Martin Luther King connu sous le nom de "I have a Dream", on constate que c’est un couple noir qui règne à la Maison Blanche. Est-ce à dire que le sort des "Noir-es" a changé aux États-Unis ? En d’autres termes, l’accession de Barack Obama à la présidence de la République des États-Unis d’Amérique, est-elle la réalisation du "Dream" de King ? C’est là une question discutable et discutée.

Pour plusieurs, elle a peu changé la situation des Africain-e-s-Américain-e-s. Pour le démontrer, les partisan-e-s de cette thèse évoquent comme arguments le taux de jeunes Noirs dans les prisons, celui du chômage et de la pauvreté des "Noir-es". C’est là, à mon sens, une vue réelle, mais une vue partielle de la situation. Car, pour évaluer de leurs acquis, il faut tenir compte de la situation des Afro-Américain-e-s au moment du discours du leader du combat pour les droits civiques et de la mobilisation de 250 000 citoyen-e-s américain-e-s derrière lui en ce 28 août.

Non pas seulement l’élection de Barack, mais surtout, par sa ré-élection, à savoir la confirmation du choix des électeurs et électrices autant blancs, noirs que latinos, surtout les jeunes, constitue une énorme enjambée dans sa trajectoire vers l’égalité des droits. Et, conformément au rêve de Martin Luther King, les citoyen-e-s américain-e-s on pu « se prendre par la main comme frères et sœurs » autour des urnes pour changer le visage de l’Amérique.

Ainsi, au-delà de la crise économique qui affecte toutes les couches de leur société, il y a de grands changements dans la vie des Africain-e-s-Américain-e-s dont avant tout leur fierté. Car, en plus de la disparition de la ségrégation raciale (séparation dans les écoles, les bus, et même les toilettes), leurs membres ont accès à d’importants postes de responsabilités tant au niveau national qu’international. Il y a même une émergence d’une petite bourgeoisie et même d’une bourgeoisie noire. Cependant, nul ne peut défaire en quatre ans ce qui a été en place durant quatre siècles à coups de lois et de diverses stratégies ? Mais, les enjambées sont énormes, et ce, en peu de temps, soit, 50 ans seulement après le Dream du King. Ce qui a fait verser un torrent de larmes à Jessie Jackson le jour de l’élection d’Obama. Mais, pour un changement en profondeur, il faudra s’atteler à présent à l’éducation pour extirper des mentalités la pensée esclavagiste qui engendre le profilage raciale et son lot de discriminations et d’exactions.

En outre, ayant à présent des voix pour relayer sa voix dont celui d’un Président, la communauté africaine-américaine a elle aussi changé de stratégies de lutte. Elle ne se fait plus entendre par la violence dans les rues. C’est là un autre signe d’un temps révolu aux États-Unis.

C’est dire que la marche de l’Amérique vers la réalisation du rêve de King est bel et bien balisée, même si, armée de l’idéologie esclavagiste, certains conservateurs et conservatrices veulent l’endiguer. Mais, la roue de l’Histoire tourne inexorablement et les Africain-e-s-Américain-e-s avancent.

Aoua B. LY-TALL, Ph.D.
Sociologue et Analyste
Chercheure associée à l’Institut des Études des Femmes, Université Ottawa, Canada
Présidente-Fondatrice Réseau "Femmes Africaines, Horizon 2015 (FAH2015)", QUÉBEC
Spécialiste en Genre, Diversité et Environnement, Conférencière et consultante internationale

Mis en ligne sur Sisyphe, le 27 août 2013

Aoua Bocar Ly-Tall, sociologue


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