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Prostitution et port de symboles religieux : des dossiers distincts

19 septembre 2013

par Maria Mourani, députée d’Ahuntsic, criminologue et sociologue

Réponse à la lettre de Michèle Sirois à la députée Maria Mourani.



Aux lectrices et lecteurs de Sisyphe

Je remercie Sisyphe de me donner l’opportunité de réagir au texte de Mme Sirois. Je me restreindrai sur les questions fondamentales.

En premier lieu, je considère les dispositions actuelles du Code criminel en matière de prostitution comme dépassées. Je pense qu’il est prévisible que certaines dispositions seront invalidées par la Cour suprême.

Par contre, en regard à la prostitution, une politique abolitionniste peut être développée dans le respect des lois canadiennes en matière de droit de la personne au Canada.

Je rappelle que, pour moi, une politique abolitionniste en matière de prostitution devrait comprendre autant un volet pénal, d’aide aux personnes prostituées et aux clients, ainsi qu’un volet prévention.

Pour ce qui est du volet pénal, cela reviendrait à décriminaliser la personne prostituée, pénaliser (avec une approche de gradation) le client et poursuivre la criminalisation des proxénètes.

Un gouvernement qui mettrait en place une telle politique, par prudence et avec un désir de rallier le plus vaste consensus, pourrait soumettre les éléments législatifs les plus importants de cette politique à la Cour suprême par le moyen d’un renvoi ou de plusieurs renvois.

C’est ce qu’a fait le gouvernement du Canada sur la question du mariage gai et cela a servi toute la population.

Mon engagement en faveur d’un projet abolitionniste en matière de prostitution se fonde sur le constat que le système prostitutionnel exploite en très grande majorité des femmes et que dans les pays où la prostitution a été légalisée, il y a eu une hausse marquée de la prostitution, particulièrement juvénile (lettre de 2007).

Cette vision va dans le sens de la défense des droits et ne vient nullement en contradiction quant à mon désaccord d’interdire le port de signes religieux à toutes et tous les employé-es de la fonction publique et parapublique, sauf évidement pour certains postes, tels que les policiers, les procureurs, les gardiens de prison, les juges et les avocats, qui soit dit en passant ont déjà des codes vestimentaires.

Maria Mourani, députée d’Ahuntsic
Criminologue et sociologue

Mis en ligne sur Sisyphe, le 19 septembre 2013

Maria Mourani, députée d’Ahuntsic, criminologue et sociologue


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