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Charte de la laïcité - Oser penser par soi-même

11 octobre 2013

par Micheline Carrier

Je prêche peut-être dans le désert, mais j’essaie bien humblement de vous convaincre de lire le document d’orientation intitulé "Parce que nos valeurs, on y croit", soumis à la discussion publique par le gouvernement Marois en vue de l’adoption de ce que que je préfère nommer charte de la laïcité.

J’ai lu et entendu tant de choses étranges sur ce projet que j’ai des raisons de penser qu’une grande partie des gens qui en parlent n’en ont pas lu une ligne.

Si vous ne vous êtes pas fait encore une opinion - et même si votre opinion est faite et que vous n’avez pu encore lire le document – il est toujours temps de le lire.

Vous découvrirez qu’il contient un projet pour l’avenir.

Qu’il est beaucoup plus souple et qu’il affiche un plus grand esprit de compromis que ce que ses adversaires en disent.

Il n’y est pas du tout question d’exclure qui que ce soit.

Ce n’est pas un projet xénophobe comme le prétendent des extrémistes islamistes (du genre Coalition contre l’islamophobie).

Ni une attaque contre les femmes musulmanes comme le soutiennent notamment des femmes portant le hidjab, Québec solidaire et la Fédération des femmes du Québec.

Discréditer un projet qu’on n’a pas lu n’est pas une démarche intellectuelle acceptable ni digne d’un bon citoyen et d’une bonne citoyenne. Ne nous contentons pas du ouï-dire, d’un côté comme de l’autre, vérifions par nous-mêmes ce que dit le document et "osons penser par nous-mêmes" (Voltaire).

L’auteur-compositeur-interprète Michel Rivard avait signé le manifeste des inclusifs (sic) et avait tenu des propos négatifs au sujet du projet de charte dans sa page Facebook. Il a eu l’honnêteté et l’humilité d’admettre qu’il était mal renseigné. En bon citoyen, il a étudié la question sérieusement, et il a déclaré ensuite regretter tant sa signature que ses propos.

Je ne m’adresse pas aux intégristes islamistes ni aux gens qui cherchent à se faire du capital politique en marge du projet gouvernemental.

Je pense aux citoyennes et citoyens de bonne volonté, qui ont pu faire confiance à la parole de personnes influentes - vedettes politiques, artistiques, féministes ou médiatiques - et qui, en toute bonne foi, comme Michel Rivard, ont peut-être adopté une position hâtive.

Peut-être ces personnes garderont-elles la même position quand elles seront mieux informées - je respecte leur choix - mais peut-être aussi nuanceront-elles leur position ou en changeront-elles.

Je trouve injuste pour une large partie de la société québécoise, qui attend une charte de la laïcité depuis la Commission Bouchard-Taylor, et même avant, que l’on rejette un tel projet faute de l’avoir étudié et compris. On peut avoir un point de vue critique - c’est notre cas - sans rejeter le projet en bloc.

Si l’on refuse que le Canada anglais dicte ses politiques au Québec, pourquoi accepterait-on davantage que des groupes au sein même de la société québécoise imposent leur agenda politique, sous couvert de liberté de religion, à l’ensemble de la population et à son gouvernement ?

La laïcité, la neutralité de l’État et de ses institutions, l’égalité des hommes et des femmes, l’encadrement des demandes d’accommodement sont des valeurs qui devraient nous rassembler. Si ce n’est pas le cas, nous vivons dans l’illusion depuis plusieurs années et nous nous préparons des lendemains difficiles.

Après avoir lu le document d’orientation du ministre Bernard Drainville, si vous voulez vous joindre au Rassemblement pour la laïcité, vous pouvez le faire ici.

Document d’orientation "Parce que nos valeurs, on y croit". Cliquer sur le PDF.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 7 octobre 2013

Micheline Carrier


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