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Sans complaisance : Le mythe Jacques Parizeau. La réalité Pauline Marois

10 octobre 2013

par Andrée Ferretti, écrivaine

Avec tout le monde, indépendantistes, nationalistes et même fédéralistes (nombreux en ce moment, où il leur donne des munitions contre le projet péquiste de doter le Québec d’une Charte des valeurs québécoises), je suis d’accord pour affirmer que monsieur Jacques Parizeau a été un grand commis de l’État québécois pendant les années de la Révolution tranquille, mieux, qu’il a été un artisan essentiel de celle-ci, elle-même essentielle.

Et après ?

Après cette participation à la modernisation du Québec pour le mettre au diapason du Canada, monsieur Parizeau a-t-il contribué à sa transformation radicale et irréversible ? Autrement dit, a-t-il œuvré à l’avènement de l’indépendance nationale du Québec ? N’a-t-il pas été au contraire un apôtre d’une réforme du fédéralisme canadien, avec son consentement au projet de souveraineté-association, puis à celui de souveraineté-partenariat ? Réforme qui certes aurait augmenté les pouvoirs d’autogestion du Québec, si elle avait été réalisable. Mais elle était en soi impossible.

Comment ce supposé grand penseur et acteur politique pouvait-il ignorer que le Canada n’a jamais eu et n’aura jamais aucun intérêt à partager ses pouvoirs politiques et économiques avec le Québec qu’il domine depuis toujours sans coup férir ?

Est-ce que ce supposé grand stratège a invité le peuple québécois à continuer le combat, au soir du référendum de 1995, alors que celui-ci lui avait répondu OUI, à plus de 49% de ses voix, grâce à l’intervention du populaire Lucien Bouchard ? Non, Monsieur s’est retiré dans ses terres, desquelles il ne sort plus, depuis, que pour mettre des bâtons dans les roues du Parti québécois, bâtard de naissance, certes, mais qui n’en continue pas moins d’être l’indispensable garde-fou de la nation contre les attaques vicieuses et réunies de ses ennemis. De tous ces farouches opposants au développement de la société québécoise fondé sur l’identité, la culture, les besoins et aspirations de sa majorité historique. Or, sans la volonté d’être et d’exister de cette majorité, le Québec disparaîtrait, fondu dans l’indistinction canadienne.

Les Québécois et Québécoises le comprennent d’instinct. Si bien que tous les Parizeau du Québec auront beau s’égosiller dans tous les micros tendus par l’ennemi, ils appuieront le projet de charte du gouvernement Marois, comme ils appuieront son veto au projet Rabaska, comme ils appuieront sa réforme de l’aide juridique, car ces mesures répondent aussi bien à leurs besoins objectifs qu’à leurs aspirations conscientes et inconscientes.

Comme l’affirme quelquefois Nicole Hébert dans ses éditoriaux, Pauline Marois est douée de nombreuses qualités que lui envient ses prédécesseurs, entre autres, la ténacité, vertu qui exclut l’arrogance, parce qu’appuyée sur la confiance.

L’adoption de la Charte étant nécessaire, je nous souhaite que Pauline Marois soit plus que jamais tenace.

Paru sur le site Indépendantes, le 5 octobre 2013, et publié avec l’autorisation de l’auteure.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 6 octobre 2013

Andrée Ferretti, écrivaine


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