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En Australie
On s’arrache les actions du premier bordel inscrit en bourse

2 mai 2003

par Kathy Marks

Les marchés boursiers peuvent bien être en baisse partout dans le monde, mais les actions du premier bordel inscrit à la Bourse en ont fait sauter le plafond lors de leur première journée sur le parquet, confirmant le vieux dicton selon lequel le sexe paie toujours.

« Tout le monde sait que le sexe est un investissement intelligent », dit Heidi Fleiss, ex-"Madame" d’Hollywood, qui a participé au lancement de « Daily Planet » à la Bourse australienne hier. Les Australien-nes qui ont investi dans le bordel de Melbourne ont vu leurs actions passer de 50 cents à l’ouverture des marchés à $1.09 à la fermeture.

« Daily Planet » se vante de sa clientèle haut de gamme et affirme que ce bordel est "comme n’importe quel hôtel cinq étoiles", quoique les chambres puissent être louées à la demi-heure. L’administration prétend qu’il s’agit du plus grand bordel légal en Australie : il compte 18 chambres avec spa, entièrement équipées avec des miroirs au plafond.

Le pdg de l’ "établissement", Andrew Harris, dit qu’il a dû mener une bataille difficile pour faire inscrire la compagnie en bourse. « L’establishment financier ne voulait pas de bordel en bourse. Nous avons lutté contre l’institution, contre chaque firme juridique. Cela nous a coûté une fortune ».

Le lancement a aussi donné lieu à des manœuvres financières délicates conçues pour permettre aux investisseurs d’appuyer le projet sans tomber sous le coup de la loi qui interdit de vivre de gains immoraux. M. Harris prétend que la compagnie n’a jamais gagné un sou sur le dos des " travailleuses " elles-mêmes, ces dernières étant payées directement par les clients. Les profits proviennent de la location des chambres, en moyenne 115$ l’heure.

La brochure de promotion du bordel promet de hauts standards d’hygiène, soulignant que « toutes les " travailleuses du sexe " sont obligées de par la loi d’utiliser des condoms et/ou des préservatifs buccaux durant tout acte sexuel ».

La compagnie a des projets ambitieux, elle veut ouvrir un établissement jumeau à Sydney, ainsi qu’un "parc sur le thème de Disneyland du sexe". M. Harris, ancien officier des forces spéciales, se décrit lui-même comme "un homme très famille " (...).

Les bordels sont légaux en Australie, mais ils doivent obtenir un permis de l’État. « Daily Planet » espère également ouvrir des succursales au Brésil, en Colombie et dans l’État américain du Nevada.

Mme Fleiss, qui a passé 21 mois en prison pour évasion fiscale et blanchiment d’argent aux États-Unis chante les louanges de la compagnie. Elle n’était cependant pas à Melbourne uniquement pour des raisons altruistes. L’ancienne pourvoyeuse de call-girls pour " gens riches et célèbres" lançait son nouveau livre, Pandering, dont elle a réussi à vendre 100 exemplaires durant la promotion de « Daily Planet ».

Environ 1,4 million d’actions ont été négociées hier, plusieurs d’entre elles par les bons pères et bonnes mères de famille de la classe moyenne australienne, attiré-es par la promesse de dividendes réguliers de 8,4 pour cent. La compagnie a ignoré les oiseaux de malheur selon lesquels ce n’était pas le bon temps pour elle d’aller sur les marchés . « Dans les temps difficiles, les gens cherchent des relations et de la compagnie, dit M. Harris, je ne peux imaginer un meilleur temps pour s’inscrire à la Bourse ».

« A breathless scramble for shares in the world’s first listed brothel », par kathy Marks, dans The Independent’s, le 2 mai 2003.

Traduit par Élaine Audet

Mis en ligne sur Sisyphe le 5 mai 2003.

Kathy Marks


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