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Post-présidentielle en France - Appel à la vigilance pour les législatives

9 mai 2007

par Françoise Duroux, Université de Paris VIII

Le suffrage universel porte parfois au pouvoir des empereurs : Napoléon le petit.

Candidature officielle et gazettes à la botte, à l’époque.

Sondages orientés, contrôle des médias, Ministère de l’Intérieur avec fichage universel aujourd’hui.

“Nous allons être gouvernés par les mouchards et les gendarmes”.

Les gendarmes ne sont pas unanimes, pour travailler au rendement, au résultat.

Censitaire ou sans les femmes, le suffrage est désormais “universel”, sous pressions : médiatiques, policières, juridiques et financières.

Cette élection porte donc le sceau et le stigmate de l’illégitimité. Elle est, bien sûr, parfaitement légale et constitutionnelle, dans l’esprit de la Ve République. Mais les manipulations de l’”opinion”, par définition non éclairée et délibérément aveuglée, ont pesé sur le jeu “démocratique”.

Qu’est-ce qu’un peuple croyant aux sirènes des sondages ?

D’ailleurs qu’est-ce qu’un sondage et qui sont les sondés ? Qui sonde-t-on ?

Quelle est cette “science” au service du MEDEF ?

Qui sont ces courtisans anticipant une victoire et dérobant une dynamique populaire ?

Qu’est-ce qu’un peuple croyant aux discours démagogiques qui parient sur la peur et la menace ?

Qu’est-ce qu’un peuple croyant aux promesses illusoires : devenir “propriétaire” ?

Qu’est-ce qu’un peuple qui se réfugie dans une “identité nationale”, autorisant toutes les exclusions et les expulsions ?

La France était une terre d’accueil, d’abord pour tous les exilés politiques : les Espagnols fuyant le franquisme, les Italiens le fascisme de Mussolini, puis les Chiliens après l’assassinat de Salvador Allende.

Elle est une terre naturellement ouverte à tous ceux et celles qui, d’Afrique et du Maghreb, sont arrivés en France : indigènes de la République, mal accueillis mais pourtant si proches. Les femmes ne se voilaient pas. Elles trouvaient un espace de liberté.

Intégration n’est pas synonyme de négation. Communautarisme n’est pas synonyme de liberté.

Que les Juifs, fidèles à la Diaspora, le proclament haut et fort : c’est désormais un enjeu international.

Mais revenons à l’Hexagone.

Il est urgent de recourir aux vieilles recettes des aurores de la démocratie française, et à l’authenticité du suffrage universel auquel participent désormais les femmes.

Il est d’ailleurs surprenant que les plus ferventes adeptes de la Parité aient gardé le silence durant cette campagne mémorable.

La transgression majeure de Ségolène Royal menacerait-elle l’argumentaire paritaire ? ou les appareils ?

Entre essentialisme opportuniste (côté Madame Jospin) et opportunisme aussi “chic” que prudent (Françoise Gaspard, rédactrice du “Manifeste pour la Parité”, au demeurant très essentialiste, et désormais “branchée” Queer an C°), aucune n’a soutenu Ségolène Royal dans son pari.

De ce pari suivait un combat avec les éléphants, comme on a pu le constater : pas de son fait !

Princesse Mononoke a donc suivi sa route ; accompagnée par toutes celles et tous ceux qui ne veulent pas du règne de la bêtise.

Face à l’incurie des institutions royales, en 1789, se sont calmement tenus les Etats Généraux. Le Tiers Etat, exclus, s’est fait entendre.

Le Tiers Etat, qui comprend aujourd’hui 90% de la population (à l’exception donc du MEDEF et de ses entourages : la Mafia des Hauts de Seine, de Corse et d’autres lieux stratégiques ignorés du grand public) doit parler sans crainte.

Il faut des Etats Généraux dans tous les secteurs menacés, c’est-à-dire partout : Education, Recherche, Immigration, Emploi, Travail, Culture, Santé, Crèches....

L’environnement est une autre affaire.

Des réseaux informels et formels existent : structures associatives, syndicats...

Il ne faut pas se taire face à la “majorité silencieuse” et tonitruante des “télés-réalités”.

Que toutes celles et tous ceux qui ne croient pas à un “Sauveur” gesticulant (qui d’ailleurs annonce qu’il va se retirer dans un couvent pour aller chercher ce que Geoges Bush avait trouvé : la mission divine. Voir Le Monde, 5 Mai) poursuivent le travail d’éveil que cette campgne a commencé.

Que toutes celles et tous ceux que n’endorment pas les discours qui rappellent, hélas, ceux du bon Maréchal, s’emploient à réveiller les autres.

Que toutes celles et tous ceux qui ne sont pas otages des manoeuvres partisanes s’emploient à délivrer les autres.

Génération 68 ?

Il faut se soucier de l’avenir de nos enfants déjà grands et de celui de nos petits-enfants : grandir sous Sarkozy n’est pas joyeux. Mourir sous Sarkozy non plus. Vivre sous Sarkozy serait un cauchemar.

Les énergies sont là. Il suffit qu’elles convergent, confluent : un fleuve pas tranquille.

Françoise Duroux

Université Paris VIII Vincennes à Saint-Denis
Responsable du Master “Genre(s), pensées de la différence, rapports de sexe” et membre actif du Doctorat “Etudes féminines et de genre”.

Post-Scriptum

Ce texte a été écrit le 5 mai.

1) Le verdict est tombé. Le premier mot d’ordre : “Ne pas se laisser désarçonner et ne pas laisser s’embroussiller les chemins du désir”.

2) Urgences :
 Juguler la curée. Les éléphants et autres rhinocéros semblent vouloir dévorer Ségolène Royal, pour des raisons inavouables.

La première mobilisation consiste donc à la soutenir, dans les trafics internes. Exiger l’interdiction des sondages quinze jours avant le premier tour et entre les deux tours d’une quelconque élection. En effet, les “sondages”, aussi intempestifs que douteux, ont interféré jusqu’à la dernière minute sur la dynamique de la campagne présidentielle.

Il faut donc que, dès les prochaines législatives, les Instituts de sondages se taisent : téléguidés, médiatisés, ils s’autorisent d’une “science” au service de pouvoirs aussi obscurs que bavards.
 Ainsi que je le propose dans le texte ci-dessus, organiser des Etats Généraux sur tous les fronts sensibles. Point n’est besoin d’autorisations. L’important, c’est que prennent la parole les citoyen-nes actifs et responsables, ceux et celles qui ne sont pas otages de la peur et de la propagande sécuritaire, les citoyennes éveillées qui voient en Ségolène Royal la figure positive de leur avenir, et une génération neuve, que n’impressionnent pas les appareils politiciens.
 La “fracture sociale” persiste : rien n’a été mis en œuvre pour y remédier. Se lever tôt quand on se couche tard ou pas du tout relève d’un moralisme anachronique. Les “chômeurs” ne sont pas des “assistés” : il existe, en Europe du Nord, des politiques de gestion des intermittences de l’emploi.

Les nouveaux immigrés ne menacent pas les anciens.
 La fracture entre ville et campagne, une vieille histoire, insiste : on pourrait se demander pourquoi. Mais elle varie selon les régions.
 Une nouvelle fracture apparaît, pleine de promesses : la fracture générationnelle. Loin des chantages sécuritaires et des morales désuètes, de nouvelles générations veulent vivre. Elles veulent que leurs compétences soient reconnues, que leurs énergies ne soient pas réduites au chômage ou au sous-emploi.

“Travailler mieux” : c’est leur espoir.

3) A moyen terme :

Ne pas se croire en vacances : aux mois de juillet et août, des mesures vont être prises et nous serons en septembre, comme d’habitude, sommés d’obéir à des décrets pris en douce. Soyons donc vigilant-es et ne nous endormons pas sur la “défaite”.

Loi d’avenir.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 7 mai 2007

Françoise Duroux, Université de Paris VIII


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