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ATMA Classique a 20 ans. Toute une musique !

13 novembre 2014

par Micheline Carrier

ATMA Classique célèbre cette année ses 20 ans.

Pour souligner l’événement, la maison d’enregistrement a lancé en octobre un concours sur les ondes de la station Radio-Classique CJPX, une ressource incontournable pour qui veut se tenir au courant des événements musicaux. ATMA a offert ses 10 nouveautés de l’automne 2014 ainsi qu’une paire de billets pour la série Arte Musica des concerts des Violons du Roy à la Salle Bourgie (Musée des Beaux-Arts) et une autre pour Québec.*

Parmi les nouveautés automnales d’ATMA Classique, on trouve la Symphonie no 3 en ré mineur (version 1873) d’Anton Bruckner, interprétée par l’Orchestre Métropolitain et Yanick Nézeth-Séguin. Il s’agit du sixième disque de ce compositeur autrichien que l’OM enregistre chez ATMA Classique.

C’est mon admiration pour l’OM et son chef qui m’a fait découvrir ce compositeur, en 2007, à l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus (Montréal). Ce soir-là, ATMA enregistrait devant public la Symphonie no 7. Une œuvre qui m’a déstabilisée, même un peu bouleversée. J’entretenais des préjugés à l’égard de ce compositeur parce que je pensais ne rien comprendre à sa musique. J’ai pu constater, une fois de plus, que les rapports à la musique sont multiples. La comprendre intellectuellement ou techniquement n’est pas indispensable. Il peut s’agir d’un rapport d’ordre passionnel, comme dans "j’aime un peu, beaucoup, passionnément". Ou pas du tout. C’est aussi un mode de connaissance.

J’ai donc abordé la Symphonie no 3 de Bruckner avec grand intérêt. On se sent souvent dans la pure abstraction à l’écoute de ce genre de musique, ce qui n’empêche pas les émotions de se frayer un chemin et les images de surgir (comme dans le troisième mouvement, le Scherzo). Mais c’est surtout le premier mouvement, lent et un peu mystérieux, qui m’a plu.

Plusieurs musiciennes figurent parmi les artistes des nouveautés automnales 2014 d’ATMA Classique.

Par exemple, la pianiste Janina Fialkowska qui interprète l’intégral des Mazurkas de Chopin (2 CD). Je n’écoute pas souvent ce compositeur parce que plusieurs de ses oeuvres me laissent le coeur à l’envers. Ce n’est pas le cas ici à cause sans doute de la subtilité de l’interprétation. En 2004, La Scena Musicale, magazine incontournable, écrivait au sujet de Janina Fialkowska :

    « La pianiste Janina Fialkowska est l’une des rares femmes à être associée au grand répertoire virtuose de Chopin, Liszt ou Szymanowsky. Malgré cela, elle n’a pas toujours obtenu la reconnaissance qu’elle mérite. Il était par exemple scandaleux que son enregistrement poétique des Études complètes de Chopin (Opening Day Records, 1997), un trésor de subtilité et d’imagination, ne soit même pas en lice pour un prix Juno. La poésie de Fialkowska dans ses interprétations de Liszt arrive même à convaincre ceux qui ne peuvent endurer le compositeur qu’il y a plus que du machisme et du théâtre dans ses oeuvres les plus brillantes. (Cet article nous en apprend beaucoup sur cette pianiste. Aussi sur ATMA).

ATMA a aussi lancé à l’automne de la musique de Noël. Si vous n’êtes pas des fans de cette musique, sachez que les disques d’ATMA n’ont rien à voir avec les musiques usées dont on nous rabat les oreilles dès la mi-novembre.

"Amazing Grâce", premier disque de Noël de la soprano Marie-Josée Lord, a été enregistrée à l’Église St-Jean-Baptiste à Montréal, un endroit que les mélomanes connaissent bien. Gospel, spirituals, classiques de Noël (ex. le "Minuit Chrétiens"), et le bel Ave Maria de Bach-Gounod. (À l’origine, cet air est une improvisation de Gounod au piano sur le premier prélude du premier livre du "Clavier bien tempéré" de Jean-Sébastien Bach). Et plusieurs autres œuvres.

J’aime beaucoup la superbe voix de la soprano Suzie LeBlanc, mais je ne la connaissais pas dans ce rayon musical. Le CD "La Veillée de Noël", qui a pour sous-titre "De la France à l’Acadie", rassemble des pièces de folklore et de baroque. Des chants traditionnels de Noël, tirés du recueil Rondes et Chansons populaires illustrées (Paris, fin du XIXe siècle et que les Acadiens de la vallée de Memramcook au Nouveau-Brunswick ont adopté et adapté, semble-t-il).

Toujours au rayon musique de Noël d’ATMA Classique, on trouve l’interprétation des musiques de Louis-Claude Daquin par l’organiste Vincent Boucher, qu’on pourra d’ailleurs voir et entendre, le 7 décembre, dans le cadre du Festival Bach à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. Ce disque intéressera d’autant plus celles et ceux souhaitant assister, le 21 décembre prochain, au concert de François Zeitouni qui interprétera cette musique de Daquin à l’orgue de l’église du Gèsu à Montréal.

La collection d’automne d’ATMA Classique est variée. « La cigale et les violons » : onze fables de Jean La Fontaine (musiques de Denis Gougeon et de Jean-Philippe Rameau), racontées par Catherine Perrin (clavecin) avec Les Violons du Roy dirigés par Mathieu Lussier. Il s’agit bien de Catherine Perrin animatrice à Radio-Canada, aussi claveciniste, que j’ai eu le plaisir d’entendre, il y a quelques années, au sein du groupe Bataclan, et l’an dernier, lors de l’interprétation des « Quatre saisons » de Vivaldi par l’Orchestre métropolitain dirigé à l’occasion par Mathieu Lussier.

ATMA propose aussi les "Quatuors à corde de jeunesse" de Beethoven par le Quatuor Alcan. Dans une entrevue à La Scena musicale (numéro de novembre), le Quatuor Alcan nous apprend son intention d’enregistrer, sur une période de cinq ans, l’intégrale des quatuors de ce célèbre compositeur.

Le disque « Colorature »**, de la soprano Marie-Ève Munger, présente des oeuvres de Debussy, Fauré, Ravel, Milhaud et autres. Sauf erreur, il s’agit du premier CD de la jeune soprano, mais pas de la pianiste de renom Louise-Andrée Baril, qui signe aussi ce disque. Invitées par la Société d’art vocal, les deux artistes interprèteront cette musique, le 30 novembre prochain, au Conservatoire de musique de Montréal, qui offre une soixantaine de concerts cette année à coûts modiques.

Belle découverte que ce « Uarekena » des quatre jeunes musiciens du « Quatuor Fandango » (guitare), qu’on pourra aussi entendre aux Jeunesses musicales du Canada, en février prochain. Enfin, si vous avez un penchant pour les accents blues et tango, vous aimerez "Pampa Blues" (musique de Denis Plante) du groupe Tango Boréal.

ATMA Classique a été fondée en 2014 par Johanne Goyette, qui en est toujours la présidente. Le catalogue de la maison compte aujourd’hui plus de 450 titres. Toute une musique ! Bravo !

Notes
* J’ai été l’heureuse gagnante de ce concours pour Montréal.
** En musique classique, le terme colorature (du latin « colorare » qui signifie « orner ») qualifie une voix virtuose apte à réaliser des vocalises complexes.

Pour plus d’information :
. Les nouveautés d’Atma Classique sur le site de la maison.
. La Scena Musicale, auquel on peut s’abonner et est aussi distribué dans plusieurs endroits, dont les Conservatoires de musique du Québec.
. Les Violons du Roy, soirées Arte Musica, dont je parlerai quand j’aurai assisté à quelques concerts de la série.
. L’Orchestre Métropolitain.
. Radio-Classique CJPX.
. L’église du Gèsu.
. Le Conservatoire de musique de Montréal.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 6 novembre 2014

Micheline Carrier


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=5005 -