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La "communauté musulmane" n’existe pas

19 novembre 2014

par Aziz Farès, journaliste

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a décidé de rencontrer des « représentants de la communauté musulmane » afin d’engager un dialogue à la suite des attentats terroristes perpétrés récemment au Québec et au parlement canadien.

Après avoir combattu avec force la charte des valeurs du Parti québécois qui prônait la neutralité de l’État, le Parti libéral tente encore de surfer avec une inconscience inquiétante sur la vague de l’idéologie islamiste qui se voit offrir un cadeau inespéré.

À bien y réfléchir, qui sont donc ces représentants et de qui est constituée cette communauté ?

Cette question est légitime dans la mesure où l’on sait qu’il n’y a pas de communauté musulmane ni ici au Québec, ni au Canada, ni ailleurs dans le monde.

Il suffit de suivre l’actualité pour constater, avec tristesse, que ces musulmans sont loin de constituer une entité homogène sans faire l’unanimité dans leur propre pays. Guerres civiles en Irak, Syrie, Libye, 200 000 morts en Algérie, chiites contre sunnites, wahhabites (sunnites) contre malékites/ibadites (sunnites)… illustrent le fossé qui sépare cette pseudo-communauté.

Quelle affinité peut-il y avoir entre un Afghan qui vit au Moyen Âge, un Koweïtien qui baigne dans le pétrole, un Tunisien lettré et tourné vers l’Occident, un Libanais polyglotte qui de tout temps a osé partir à la conquête du monde ?

La religion ? L’islam ? Quel islam ? Celui du temps du Prophète ? De ses successeurs assassinés ? Celui de l’âge d’or de l’Andalousie, de Grenade et de l’Alhambra ? Des savants tels Averroès, Avicenne ?

Conversion à l’islamisme

L’islam ? Disons plutôt l’islamisme, idéologie rétrograde qui a démontré sans état d’âme la violence de ses intentions.

On ne dialogue pas avec les barbares. Car ils ne veulent pas dialoguer mais imposer par la force une conception d’un monde qui se situe aux antipodes de la liberté, de la démocratie, du libre arbitre, de l’égalité entre les hommes et les femmes, du droit de s’exprimer.

Le loup est entré dans la bergerie et le gouvernement québécois ne semble pas s’en rendre compte.

Les actes lâches et meurtriers qui ont récemment endeuillé le Canada ont été perpétrés par des jeunes Canadiens qualifiés, quel euphémisme, de « radicalisés » pour qui l’islam est synonyme de violence.

Ces nouveaux messies sortis de la cuisse d’un imam autoproclamé ne se sont pas convertis à l’islam, religion honorable, mais à l’islamisme terroriste.

Appeler à la rescousse des individus qui ne représentent qu’eux-mêmes relève d’une logique aussi stupide que grave. Personne aujourd’hui ne peut prétendre représenter qui que ce soit en s’avançant tel un gourou vénéré par d’obéissants disciples.

À qui le premier ministre québécois tend-il la main ?

À des gens qui ont fait campagne pour battre en brèche la charte des valeurs que proposait le Parti québécois, lequel ne visait rien de moins que l’égalité des hommes et des femmes dans un État neutre ?

À des gens qui prétendent que porter le hidjab est un droit qu’on ne peut leur enlever ?

À des gens qui ne condamnent pas de manière claire, sans équivoque, les crimes dits « d’honneur » perpétrés ici même en terre canadienne ?

À des gens qui ont fait de la religion un fonds de commerce ?

À des gens qui éructent quelques versets du Coran sans en comprendre la profondeur spirituelle et ésotérique ?

À des gens qui sont prêts à vendre leur âme au diable ?

Pour avoir vécu, en Algérie, sous l’oppression de la barbarie aveugle qui a fait des ravages, je sais qu’il ne peut y avoir de dialogue avec l’islamisme terroriste. Il serait donc naïf de penser pouvoir s’attirer les faveurs d’une communauté qui n’existe pas.

Défendre avec une démagogie évidente le droit de porter le hidjab donnait l’impression de se porter au secours des musulmanes ; alors que des milliers de femmes se battent en Égypte, en Tunisie, en Algérie pour se libérer d’une prison édifiée par des hommes dont la seule volonté est de réduire les femmes à n’être que des animaux, « au mieux » des esclaves (sexuelles particulièrement) et justes « bonnes » à la « reproduction ».

Tendre la main aux « représentants de la communauté musulmane » c’est tendre l’autre joue alors que l’initiative devrait venir du gouvernement québécois dont le rôle est de préserver la paix, la sécurité et le bien-être des citoyens en promulguant des lois conformes aux valeurs de la société québécoise.

Pour cela, il faut avoir une vision claire de l’avenir et le courage de convictions qui ne dépendent pas de la conjoncture ou de la partisanerie. En cela, les propositions de Fatima Houda-Pepin se situaient dans une perspective que le Parti libéral du Québec est incapable d’entrevoir.

Le premier ministre Couillard, qui a travaillé en Arabie saoudite, devrait pourtant connaître cette problématique et bien réfléchir avant de jouer une carte qui a tout l’air de n’être qu’électoraliste.

 Publié d’abord dans Le Devoir, le 19 novembre 2014 et sur Sisyphe avec l’autorisation de l’auteure.

 Entrevue de l’auteure à l’émission de Benoît Dutrizac à la radio 98.5

Mis en ligne sur Sisyphe, le 19 novembre 2014

Aziz Farès, journaliste


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