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L’ennemi, c’est l’islam politique, pas les musulmans

11 novembre 2015

par Farzana Hassan

Cet article a été publié au cours de la campagne électorale 2015 au Canada. Son contenu est toujours d’actualité.



Depuis le début de la campagne électorale*, beaucoup de gens ont accusé le gouvernement conservateur d’attiser l’hostilité envers les musulmans.

Ils prétendent qu’il a soulevé des enjeux futiles et même racistes. Ils estiment que les conservateurs ont évité d’aborder des enjeux plus importants, notamment l’environnement et le manque de vigueur de l’économie, parce qu’ils n’ont ni la volonté, ni la compétence nécessaire pour formuler des politiques appropriées.

L’auteur d’un article paru dans la revue The Economist sous le titre « Attaque voilée » (« Veiled Attack ») résume ainsi sa pensée : « Tout le tapage à propos du niqab est un cadeau du ciel pour le premier ministre Stephen Harper, qui espère que les électeurs et électrices lui accorderont un quatrième mandat, même s’ils sont las de ses dix ans de règne et de l’état anémique de l’économie. Les musulmans du Canada, dont le nombre atteint le million, sont consternés ».

En réalité, ce sont les islamistes et leurs partisans qui se frottent les mains d’aise.

Une distinction cruciale s’impose ici. Les débats à propos du niqab, du groupe armé État islamique (EI) et de la citoyenneté ne mettent pas en cause les musulmans, mais bien les islamistes.

Cette différence pourtant capitale est souvent passée sous silence, parfois par calcul politique et parfois par pure ignorance.

Tout gouvernement démocratique doit s’efforcer de combattre l’islamisme meurtrier sous toutes ses formes.

Pourquoi donc ce combat serait-il perçu comme anti-musulman ?

La lutte contre l’islamisme est un enjeu électoral tout à fait légitime et doit être considéré comme tel.

Que ce soit en refusant le niqab ou en combattant l’EI, il est crucial que les partis politiques responsables proclament sans équivoque leur opposition aux forces islamistes qui menacent toutes les valeurs chères à la population canadienne.

La controverse autour du niqab en est un bon exemple.

Les partisans de l’autorisation du niqab aux cérémonies de citoyenneté prétendent que c’est un faux problème car très peu de femmes le portent.

Or, le niqab n’est pas un simple vêtement. Il représente une réalité beaucoup plus vaste.

Les tenants de l’islam politique s’en servent pour répandre leurs idées patriarcales et marquer leur présence dans des lieux publics qui autrement seraient des espaces d’ouverture et d’égalité.

Par exemple, les salles où se déroulent les cérémonies d’octroi de la citoyenneté canadienne.

Peu importe qu’il y ait une seule femme en niqab ou des milliers. Il faut savoir que les islamistes se servent de cette question pour tester notre détermination collective.

D’autres enjeux sont instrumentalisés de la même façon.

Il faut, par exemple, révoquer la citoyenneté canadienne des personnes reconnues coupables de terrorisme qui ont la double nationalité.

Cela ferait savoir clairement aux auteurs et aux complices d’attentats terroristes qu’ils ne peuvent pas avoir l’arrogance de présumer qu’ils conserveront la citoyenneté canadienne s’ils sont pris.

La citoyenneté doit inspirer un sentiment de loyauté envers son pays.

Ceux qui complotent en vue de commettre des attentats terroristes ou des actes de trahison, en raison de leur allégeance à des États ou à des organisations hostiles au Canada, ne méritent pas la citoyenneté canadienne.

Ce qui nous amène au groupe armé État islamique.

Les politiciens bien renseignés savent que l’EI présente une grave menace pour l’Occident. Cette organisation terroriste est certes difficile à vaincre, mais il faut la contenir, faute de quoi elle continuera à prendre de l’ampleur et à menacer les alliés du Canada dans la région.

Encore une fois, l’idéologie dont s’inspirent des groupes comme l’EI n’est pas exclusive à ces groupes. Elle a ses adeptes ici même au Canada.

Tous les pays occidentaux y sont confrontés, et pourtant Thomas Mulcair, le chef du NPD, a déclaré que « Ce n’est pas notre combat ». Tout comme le chef libéral Justin Trudeau, il veut mettre fin à notre mission de combat contre l’EI en Syrie et en Irak.

L’islamisme est bien vivant au Canada.

Le combattre, ce n’est pas s’en prendre aux musulmans, mais à une forme perverse de l’islam politique qui accepte la violence commise au nom de la religion, qui justifie la violence conjugale et qui croit à la suprématie apocalyptique de l’islam.

Il ne fait aucun doute que la lutte contre l’islamisme est et doit être un enjeu électoral légitime.

* Texte publié sous le titre de « Political Islam is the enemy, not Muslims »dans le Toronto Sun, le 15 octobre 2015, pendant la campagne qui a précédé les élections fédérales du 19 octobre au Canada.

Traduction : Marie Savoie

Mis en ligne sur Sisyphe, le 5 novembre 2015

Farzana Hassan


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