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"Bas les voiles !", un cri du coeur de Chahdortt Djavann

28 mai 2016

par Marie Savoie, collaboratrice de Sisyphe

Dès les premières lignes de cet essai au style pamphlétaire, l’auteure y va d’une déclaration coup de poing. « J’ai porté dix ans le voile. C’était le voile ou la mort. Je sais de quoi je parle ».

Née en Iran, Chahdortt Djavann a 13 ans quand Khomeini accède au pouvoir. Elle parle avec horreur des années où elle a été forcée de porter le tchador. Pour elle, ce sinistre vêtement est une « prison ambulante, un stigmate, l’étoile jaune de la condition féminine ».

Arrivée en France à 23 ans, Chahdortt Djavann découvre que les femmes y ont des droits. Elle ne tarde pas cependant à constater la présence d’un courant islamiste qui cherche à s’imposer en Occident, avec l’appui d’une certaine gauche compassionnelle sensible à ses revendications religieuses.

Choquée de voir la mouvance islamiste s’implanter en France, elle dénonce le sort fait aux femmes dans les pays islamiques. On sent chez elle la volonté de rétablir les faits, de démasquer les desseins des islamistes à l’oeuvre en France comme ailleurs. « J’ai vécu le totalitarisme islamique et les barbaries religieuses sous tous leurs aspects. Je n’éprouve aucune indulgence pour la religion ».

Chahdortt Djavann fustige les "voilées nouveau genre", qui affirment sur toutes les tribunes leur liberté de porter le hijab : « Le voile est ma culture. Le voile est mon identité. » Elle rejette totalement cette prétention, estimant que dans ce cas « la liberté devient la liberté de s’aliéner ». Elle dénonce aussi leur manque de solidarité avec les femmes opprimées par les théocraties islamiques :

« Les femmes musulmanes qui ont pu s’en sortir grâce aux lois et à l’éducation républicaines et laïques de la France, et qui aujourd’hui revendiquent le voile, pensent-elles jamais à ces autres femmes, ensevelies sous le voile, qui dans leur pays n’ont aucun droit ? »

Lors du débat sur le projet d’une charte des valeurs au Québec, on avait posé cette même question à certaines musulmanes qui défendaient leur droit de porter le hijab, partout et en tout temps. Leur réponse ? « On est au Québec ici. » Et tant pis pour les musulmanes vivant ailleurs.

Si elle réprouve leur choix, l’auteure reconnaît toutefois aux femmes adultes le droit de porter le hijab. Par contre, elle condamne avec force l’imposition du voile aux fillettes. (1) Il s’agit pour elle d’une forme de maltraitance, car « imposer le voile à une mineure, c’est au sens strict abuser d’elle, disposer de son corps, le définir comme un objet sexuel destiné aux hommes ».

Chahdortt Djavann clôt cet ouvrage riche en réflexions par un vibrant appel en faveur de l’interdiction du voile aux mineures, au nom de leur droit à une enfance libre de contraintes sexistes et d’endoctrinement.

Revendication particulièrement pertinente au moment où, à Montréal, vient de se tenir une cérémonie annuelle (2) pendant laquelle laquelle des gamines de huit ou neuf ans s’engagent à porter le hijab toute leur vie, sous le regard attendris de mollahs intégristes.

Notes

1. Entrevue de Chahdortt-Djavann chez Ardisson
2. "La cérémonie du voile de la charia a eu lieu à Montréal".

 Chahdortt Djavann, Bas les voiles ! Éditions Gallimard 2006, Collection Folio (n° 4332), 80 pages.
 Plus récent livre de cette auteure : Les putes voilées n’iront jamais au paradis !, Grasset, 2016, 208 pages.
* Autres livres de Chahdortt Djavann.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 23 mai 2016

Marie Savoie, collaboratrice de Sisyphe


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