source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=5322 -



La solidarité avec les victimes d’agressions sexuelles est incompatible avec l’ambiguïté

22 novembre 2016

par Jeanne Cordelier et Mélusine Vertelune

Les 22 et 23 octobre 2016 à Toulouse, la Fédération Abolitionniste Internationale et l’association LE CRI ont organisé des débats et des ateliers autour du thème « Pour un monde libéré des violences sexuelles et de tout enfermement ».

Nous félicitons et nous remercions les féministes qui ont organisé les ateliers et participé aux débats du 22 octobre, malgré l’orientation androcentrée du ton donné par le démarrage de la journée.

Par contre nous sommes contrariées qu’une partie des personnes ayant organisé cet événement aient jugé pertinent d’inviter Dominique Wiel à s’y exprimer et, qui plus est, présenté comme témoin exceptionnel (en quoi le serait-il davantage que les autres intervenant-e-s !?).

Ce monsieur a certes été acquitté en appel, ce qui ne prouve ni sa culpabilité, ni son innocence mais le fait que les débats ont conclu à un doute raisonnable et qu’en droit le doute profite à l’accusé.

Puis, il a été très généreusement indemnisé, comme tous les acquittés d’Outreau, pour le temps de détention qu’il a vécu, (minimum 250 000 euros, partie annoncée par l’État, plus les négociations individuelles, pour certains jusqu’à 1 million d’euros) alors que les rares victimes de pédocriminels qui parviennent à obtenir une reconnaissance de leur statut de victime de violences sexuelles graves n’obtiennent en moyenne que 30 000 euros d’indemnisation. Ce qui est d’ailleurs le cas des enfants d’Outreau.

Néanmoins, il a publié et persiste à dire que les enfants de cette procédure ont menti et n’ont pas été victimes alors que ceux-ci ont été officiellement reconnus victimes de viols, agressions sexuelles, corruption de mineurs et proxénétisme, commis par d’autres adultes définitivement condamnés.

Contrairement à ce que Monsieur Wiel et ses ami-e-s affirment, les enfants n’ont pas inventé les actes qu’ils ont subi. Pourquoi, tout en soutenant son innocence ne pourrait-il pas admettre que d’autres ont commis ces horreurs ?

De plus, il a régulièrement injurié publiquement et calomnié Marie-Christine Gryson-Dejehansart, psychologue clinicienne experte principale des enfants d’Outreau, à la fois dans ses écrits et dans les médias.

Si on lui accorde crédit il est totalement étranger à tout crime ou délit sexuel et alors quelle est sa compétence ou sa légitimité dans le débat.

Si on lui accorde crédit, quelle est la cohérence avec ses prises de position comme soutien à divers accusés de crimes ou délits sexuels au lieu de choisir le soutien d’enfants victimes ?

La présence de ce monsieur dans le cadre d’un événement où il est notamment question des violences sexuelles est donc parfaitement illégitime.

Il existe des personnes qui ont été emprisonnées pour leur fautes alors que les crimes commis sur elles-mêmes n’ont jamais été sanctionnés et qui auraient pu apporter un témoignage au moins éclairant si ce n’est exceptionnel.

Nous tenons à exprimer notre solidarité renouvelée envers les enfants d’Outreau et envers Marie-Christine Gryson-Dejehansart et leur long combat pour rétablir un minimum la dignité.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 30 octobre 2016

Jeanne Cordelier et Mélusine Vertelune


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=5322 -