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Violences contre les femmes - Refuser la connivence et la léthargie masculines
10 janvier 2018
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Nous vivons dans un système qui banalise et protège les violences masculines. Les hommes, quelle que soit leur particularité, ont appris à les exercer, à s’en servir et à bénéficier du rapport qu’elles génèrent. Allons-nous continuer à agir ainsi ?
Nous savons que les "blagues" sexistes nous permettent de poser nos marques et d’évaluer la résistance présente.
Nous savons nous dédouaner, nous trouver des allié-es, des circonstances atténuantes, etc.
Et nous savons très bien reconnaître les dépassements des limites en nous ou chez les autres hommes : les regards que nous imposons, la répétition de "propositions sexuelles" (vraiment pas insistantes), la mauvaise foi sur les intentions réelles, cette facilité avec laquelle nous imposons notre toucher lubrique (la cuisse ou la main qui se rapproche d’autrui lentement si discrètement), le marchandage pour obtenir du sexe, de l’attention ou de l’intimité, etc.
Qu’importe que certains hommes n’utilisent pas les poings ou le feu, nous savons aussi rabaisser, pister dans la rue, ou simplement ignorer les femmes. Et c’est en connaissance de cause que les hommes agissent ainsi : pour garder ou asseoir le pouvoir, glorifier son ego, lire son journal tranquille, ou s’accorder entre potes devant le foot, ou n’importe quel autre concert de virilité.
Certains d’entre nous voudrions nous penser égalitaristes ou progressistes quand nos propres actes sont des menaces, voire des agressions. Il faut que cela cesse. Il est urgent de mettre notre quotidien en conformité avec nos aspirations d’égalité et de justice et d’utiliser notre pouvoir autrement que pour le consolider.
Certains hommes se plaignent aujourd’hui que leur seule présence est en soi perçue comme une menace par des femmes, et ils saisissent cette idée pour leur adresser un énième nouveau reproche. Mais la responsabilité est plutôt à chercher du côté des hommes : ceux qui agressent des femmes en raison de leur sexe, ou ceux qui restent statiques encore en raison du sexe.
Les questions sur le genre ne sont pas un exercice ludique sur l’identité individuelle. Ce sont des questions qui concernent littéralement la vie de l’ensemble des femmes, et la survie pour un grand nombre d’entre elles.
Alors s’il y a une chose à retenir de la révolte en cours, c’est bien de prendre la mesure de nos actes pourris passés, d’en assumer les responsabilités sociales et de nous mettre au travail pour que les violences masculines cessent.
C’est pourquoi, à la suite d’indications féministes*, nous nous engageons sur les différents points suivants. Nous invitons vivement les hommes qui liront ces lignes à en faire de même.
– refuser de parler à la place des femmes
– refuser de participer à la non-prise en compte du genre ou à l’exclusion des femmes (conférences, postes de travail, médias)
– refuser de suivre ou protéger les autres hommes dans toutes les manifestations du sexisme quotidien
– refuser explicitement de consommer de la pornographie ou d’avoir recours à la prostitution
– s’impliquer à égalité dans l’ensemble des tâches ménagères et dans la charge mentale qu’elles suscitent. (Il n’est pas question de goûts personnels)
– verser un don conséquent – en regard des inégalités de salaire entre les sexes – aux associations féministes qui luttent contre les violences des hommes et leur impunité : AVFT, Collectif féministe contre le viol…**– Premiers signataires : benjamin, bruno, claude, didier, dominique, erwann, frankie, gilles, gilles, jessy, joackim, martin, patrick, pierre, pierre, richard, serge, sylvain, yeun, zéromacho, bernardo
Pour ajouter des signatures : didier.epsztajn@laposte.net
* Feminist Current : "11 façons dont les hommes peuvent répondre de manière productive au mouvement #MoiAussi". - Ndella Paye : "De la belle théorie à une pratique effective".
** Suggestions d’organismes au Québec :
La Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) - Le Regroupement québécois des Centres d’aide contre les agressions sexuelles (RQCALACS) - Collectif d’aide aux femmes exploitées sexuellement (CAFES).Source originale de ce communiqué : Scènes de l’avis quotidien.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 30 novembre 2017