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Le réseau CBC annule sous les pressions un documentaire sur les enfants présentés comme transgenres
Traduction de TRADFEM

17 décembre 2017

par Barbara Kay, Post-Millenium

« La capitulation de l’establishment devant la politique du transgenrisme a été étonnante. Je n’arrive pas à me souvenir d’une époque où une idéologie nouvelle et contestée a été adoptée par les pouvoirs en place de façon aussi peu critique », écrivait en novembre Brendan O’Neill, un éditorialiste britannique, dans le journal The Spectator sous le titre  « Remettre en question la fluidité du genre est devenu le nouveau blasphème »*, une excellente contribution à ce débat politique férocement contesté.

La décision prise au début de la semaine, par le réseau CBC, d’annuler la télédiffusion annoncée du documentaire de la BBC, « Transgender Kids : Who Knows Best », sur la base d’une poignée de plaintes de la part d’activistes transgenres, est un bon exemple de cette capitulation des « pouvoirs en place » .

Après l’avoir visionné à deux reprises, je peux attester qu’il s’agit d’un excellent documentaire, qui présente les deux côtés des questions épineuses entourant cet enjeu, avec un équilibre une objectivité et une neutralité admirables.

Mais la neutralité est précisément ce que détestent les militants transgenristes. Comme nous l’a appris l’affaire Lindsay Shepherd à l’Université Wilfrid Laurier, ceux et celles qui se qualifient de  "social justice warriors" ont adopté une attitude autoritaire particulièrement inébranlable en ce qui concerne les propos admissibles ou non en matière d’identité de genre.

Ce que craignent ces activistes, c’est que, dans une présentation équilibrée, celle qu’offre le documentaire de la BBC, les arguments des sceptiques puissent sembler plus convaincants que ceux des porte-parole du mouvement pour lequel « si un enfant dit être du sexe opposé au sien, alors il l’est ». Leurs craintes sont fondées, car à mon avis, c’est précisément l’effet qu’a ce documentaire. Cependant, cela n’est pas une raison pour le retirer des ondes.

La CBC a eu tort de plier face au lobby trans. Mais je ne peux pas trop m’en plaindre, car la tentative d’apaiser ces personnes a probablement eu pour effet de doubler ou tripler l’auditoire de ce film, que vous pouvez visionner en ligne ICI**. J’encourage toutes celles et ceux qui veulent comprendre la nature profondément politique de ce qui ne peut être décrit que comme une épidémie de contagion sociale à prendre le temps de le regarder.

Chacun et chacune des spécialistes de pointe de ce dossier dispose de suffisamment de temps pour bien faire valoir son point de vue. Le Dr Ken Zucker, considéré comme un expert mondial en matière de dysphorie sexuelle, et ancien directeur de la Clinique d’identité de genre du Center for Addiction and Mental Health de Toronto, en a été congédié en 2016 pour des raisons politiques largement documentées. Il explique son approche des enfants transgenres comme une « thérapie basée sur l’évolution des personnes », et déclare que « c’est une erreur intellectuelle et clinique de penser qu’il n’y a qu’une seule cause à la base de tous les cas de dysphorie sexuelle ».

Les activistes détestent particulièrement le Dr Zucker parce qu’il croit (et a réussi à démontrer) que les enfants de moins de cinq ou six ans convaincus qu’ils sont vraiment du sexe opposé peuvent être guidés vers l’acceptation de leur sexe natal par la thérapie. Le documentaire de la BBC illustre une de ses réussites en nous présentant des entrevues réalisées avec un père et sa fille ; celle-ci était tellement convaincue qu’elle était un garçon lorsqu’elle était jeune qu’elle avait pris l’habitude de se donner des coups de poing dans les parties génitales.

À 12 ans, après plusieurs années de ce que les militants transgenristes qualifient de « thérapie de conversion », mais que Zucker considère comme une simple thérapie mentale curative pour le trouble obsessionnel compulsif chez l’enfant et d’autres problèmes psychologiques sous-jacents, cette fille a retrouvé sa condition biologique féminine sans plus de conflit mental.

Elle témoigne devant la caméra avoir « senti un énorme poids glisser de ses épaules ». Le père n’a jamais vacillé dans sa conviction que ç’aurait été une erreur de plier face au délire de sa fille. Il soutient : « Qu’est-ce qu’une enfant de trois ans connaît sur les questions de genre à son âge ? »

C’est une question que se posent beaucoup de parents d’enfants présentés comme transgenres et, par conséquent, une question que les militants transgenristes veulent supprimer ; voilà pourquoi c’est ce segment en particulier que ces militants ne veulent pas que les gens voient.

En opposition à ce qui semble être une telle hérésie, le film nous présente des entrevues prolongées avec des transgenristes comme Cheri Di Novo, une députée provinciale de l’Ontario dont la vie politique est presque entièrement liée à la défense des droits des LGBT (lesbiennes, gais, bisexuel·le·s et transgenres). Di Novo pense qu’être trans est « normal » et a « toujours fait partie de notre société ». Elle lance un avertissement que les parents entendent très souvent de la part de ceux et celles qui souhaitent régir le genre : « Souhaitez-vous libérer vos enfants des idées suicidaires ? »

Pour Di Novo, le Dr Zucker est un vecteur de cette idéation suicidaire, bien que ni elle ni aucun autre militant transgenriste ne présente la moindre preuve que ses méthodes aient réellement causé le moindre suicide. En réponse, le Dr Zucker dit qu’il est « cliniquement peu sophistiqué » de dire aux parents que le choix est aussi rigide, et pose la question inéluctable à tout observateur raisonnable : « Pourquoi ces jeunes se sentent-ils et elles suicidaires ? »

C’est l’enjeu de base. Leur idéation suicidaire tient-elle au fait de sentir qu’elles et ils ont l’impression de vivre dans le mauvais corps, ou cherchent-ils et elles un autre type de corps à cause d’une idéation suicidaire liée à d’autres problèmes mentaux ? Le documentaire ne tente pas de trancher la question, mais fait valoir chacun de ces points de vue.

Un thérapeute des personnes transgenres, Hershell Russell, lui-même transgenre, bénéficie d’une attention et d’un temps de parole respectueux pour affirmer que « le genre est entre les oreilles et le sexe entre les jambes ». Il brosse un portrait positif de la transition chez les jeunes, mais semble peu intéressé aux statistiques démontrant que plus de 80 % des enfants présentés comme transgenres se désistent de ce processus après la puberté, acceptant leur sexe natal et acceptant généralement aussi leur homosexualité (dans 60-89 % des cas, selon le Dr Zucker).

La Dre Devita Singh, chercheuse à la clinique de Toronto, affirme dans son entrevue que, sur 100 garçons qui ont fréquenté la Clinique d’identité de genre du CAMH, 88 se sont désistés du processus de transition dès la puberté, même s’ils en étaient aussi certains dans l’enfance que ceux qui ont persisté.

Plusieurs des personnes interviewées sont en transition ou sont des parents de ces enfants ; elles se disent heureuses et le documentaire ne cherche pas à jeter de doute sur leurs choix. Mais le désistement est manifestement un domaine problématique pour les militants transgenristes, car leurs revendications reposent sur l’hypothèse d’un sentiment inné de vivre dans le mauvais corps. Et une interview qui donne la parole à l’un de ces « désistants » s’avère dérangeante.

Le documentaire masque par un flou le visage de « Lou » pour protéger son identité. C’est une « désistante » qui a réalisé son erreur seulement après avoir effectué une transition complète, y compris une intervention chirurgicale. Son histoire est plutôt sombre. Lou avait toujours détesté son corps, dit-elle. Elle a vécu des problèmes d’automutilation et d’idéation suicidaire et, après avoir reçu un counseling de genre, elle a senti qu’elle devait « vivre cette transition ou mourir ».

Lou dit ne pas avoir compris que sa haine pour son corps « pouvait être considérée comme un problème de santé mentale ». Elle a subi une double mastectomie à l’âge de 16 ans, mais a réalisé peu après que son corps n’était pas grotesque comme elle l’avait imaginé, mais « mince et joli ». Maintenant, avec sa poitrine plate et une barbe qui ne va pas disparaître, elle a l’impression d’avoir le corps d’un « phénomène de cirque ».

Lou a reçu des menaces de mort pour avoir contesté le message normalisant et positif de mouvement transgenriste, illustré par Di Novo et Russell. « Personne ne veut être la seule personne à dire : ‘Attendez, ça ne fonctionne pas’ », dit-elle.

La question de base que pose le film est de savoir à qui appartiennent les enfants présentés comme transgenres : aux parents ou à l’État. Di Novo affirme que la « sécurité de l’enfant » est primordiale, et il semble clair qu’elle est prête à utiliser les leviers d’État pour s’assurer que le point de vue des militants transgenristes ait priorité. En témoigne le fait qu’elle a été la principale avocate du projet de loi 77, qui embrasse le modèle d’affirmation de genre comme façon de traiter les enfants présentés comme transgenres, et qu’elle diabolise le modèle thérapeutique de Zucker.

Ce qui se passe, dit le Dr Ray Blanchard, chercheur de longue date et clinicien dans le domaine de la dysphorie sexuelle, c’est que des adultes de la communauté transgenre interviennent dans la vie d’enfants qui ne sont pas les leurs, évolution qu’il qualifie de troublante.

Dans son interview, Blanchard attire également l’attention sur le climat de crainte qui s’est abattu sur les chercheur·e·s et les professionnel·le·s de la santé, inquiets de subir le même sort que Zucker en pratiquant ce qu’ils considèrent comme une médecine responsable. Ils sont, en un mot, « terrifiés » de remettre en question le discours affirmatif de genre.
Le documentaire nous apprend que les chirurgies transgenres ont augmenté de 400 % au Canada depuis 2010. La clinique Tavistock à Londres, en Angleterre, a connu une augmentation de 1000 % au cours des années récentes. Combien des jeunes qui prennent cette mesure irréversible ont donné un consentement véritablement éclairé à voir leur corps mutilé ? Nous devrions tous et toutes nous poser cette question difficile, et ce documentaire nous encourage à le faire.

Vous comprenez maintenant pourquoi les militants et militantes transgenristes ne veulent pas que vous voyiez ce film.

Malheureusement, l’assentiment de la CBC à leurs pressions nous indique qui détient les rênes du pouvoir culturel sur cette question.

Ayant commencé par les mots d’ouverture de la chronique de Brendan O’Neill, je lui laisse le mot de la fin en conclusion : « Les adultes transgenres devraient jouir des mêmes droits que tous les autres adultes, et du même coup, leurs idées, leurs croyances et leur foi devraient être sujettes aux mêmes niveaux de critique et même de ridicule que celles de tout le monde. Les gens ont des droits ; leurs idéologies n’en ont pas. »

* En français : "En Angleterre, remettre en question la fluidité du genre est devenu le nouveau blasphème".
* *On peut voir le documentaire sur http://www.dailymotion.com/video/x58s24i - Avec sous-titres en français ICI.

Version originale dans le Post-Millenium, le 15 décembre 2017.

Traduction : TRADFEM

Lire aussi :

* "Tout le monde devrait s’inquiéter de la censure par le réseau CBC du reportage Les enfants transgenres".

* "Les enfants et les jeunes face à l’idéologie transgenre".

* "Les enfants transgenres (documentaire) et quelques remarques sur le transhumanisme", par Nicolas Casaux

D’autres articles de la collective TRADFEM sur différents sujets.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 17 décembre 2017

Barbara Kay, Post-Millenium


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