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L’hiver des métamorphoses

27 janvier 2019

par Élaine Audet

Dans le bleu de nos yeux du dimanche
encore lourds de l’or du rêve
le blanc a mangé les couleurs
seul le cri des arbres strie le silence

Il n’est pas une parcelle du corps incompris
que ton regard n’aie mise au monde
pas une feuille de l’âme qui ne soit devenue
fleuve flamme fleur entre tes mains

Dans tes yeux l’océan devient miroir
on ne sait plus qui d’elle ou de te toi
alluma une mèche au bord des mots
une si subtile bienveillance du corps

Ses mots sont restés au lit
incapables de se détacher du rêve
le parfum de tes cheveux
sur les mains elle réinvente le feu

Dans le dénuement soudain des branches
elle ne voit plus que ton désir nu
la tension infinie de son être vers le haut
la fulgurance de l’univers en toi

Que faire si les mots s’échappent de sa pensée
se précipitent dans ta lumière respirent
les fleurs et le musc roulent sur le tapis persan
dans l’inconnu du poème et de ton corps

Elle te cherche sur le flanc nu des heures
sur la partition vierge le dos offert aux arpèges
sur l’aréole du rêve l’esquisse du voyage
là où une langue d’eau révèle l’infinie splendeur

Comme un arbre soudain sans oiseaux
la pensée au vent elle ne cesse d’attendre
d’écrire un chant noué dans son écorce
pour ne jamais oublier le vertige des ailes

Depuis que tu viens vivre chaque nit
sous ses paupières au fil de ses mains
l’amour découvre l’aimant du silence
le désir délivré de l’espace et du temps

Dans la démesure des étoiles
rien n’est acquis sauf ce qui passe
l’équilibre si fragile du désir
où les mots un à un perdent pied

À nul autre pareil
le cœur défaille dans le miroir
prise au filet de l’eau
une passante s’y est reconnue

Mis en ligne sur Sisyphe, le 26 janvier 2019

Élaine Audet


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