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Mon hommage à Micheline Carrier

28 juin 2019

par Liliane Blanc, historienne et écrivaine

Oui, Micheline Carrier est une grande perte pour le mouvement féministe. Une grande perte pour toutes celles et ceux qui luttent pour un monde meilleur, où chacun-e prendra la place qui lui revient, en toute liberté, en toute justice, sur simple reconnaissance de ses mérites. Un monde encore perfectible, où les droits sont encore spoliés, où les femmes ont encore trop à revendiquer pour s’estimer parfaitement les égales des hommes, dans toutes les sphères de la société.

Et Micheline Carrier n’a cessé, sa vie durant, de s’offusquer, de dénoncer, de revendiquer, de s’indigner. Elle était franche, droite, sans peur. Et parfaitement informée sur tous les dossiers. Dans ce monde souvent frileux, trop approximatif dans ses opinions, elle allait droit au but. Elle osait prendre la plume ou la parole, même à contre-courant d’un consensus, souvent mou. Les nombreux articles qu’elle a écrits, sur Sisyphe, mais aussi dans différents journaux, lui survivront.

Micheline, c’est ma génération. Nous sommes rendu-es là : notre entourage s’amenuise, les parents, les ami-es, les collègues s’éclipsent peu à peu du paysage pour on ne sait quel ailleurs. Oui, ça fait mal. J’ai connu Micheline bien avant qu’elle ne m’ouvre les pages de Sisyphe, bien avant qu’elle - et Élaine Audet - ne m’invitent à publier dans leur maison d’édition.

Dans les années 80, nous militions ensemble au sein de la FFQ, alors que je coordonnais les activités de cette association, très dynamique alors, dans toute la Province. Nous étions entourées de pionnières remarquables du mouvement féministe, les Denyse Rochon, Claire Bonenfant, Simone Monet-Chartrand, mais aussi Pauline Marois, Monique Jérôme-Forget, et d’autres, qui y militaient, solidaires, tous partis politiques confondus. Micheline participait déjà à tout ce bouillonnement d’idées revendicatrices. Elle était journaliste et essayiste.

Ma dernière collaboration avec elle aura été, sur Sisyphe, l’écriture de textes sur les peintres mexicaines, pour le 8 mars 2018. J’ai beaucoup aimé travailler avec elle : amicale, toujours bienveillante, bonne conseillère, et rigoureuse : une excellente éditrice.

Nous partagions aussi l’amour de la musique classique, et celui des chats. C’est d’ailleurs cette compréhension de l’âme féline qui m’avait valu un premier texte dans une des rubriques de Sisyphe aujourd’hui occultée, mais pour le mieux, par la mise en lumière de cette autre facette de l’humanisme : le féminisme.

Où que tu sois, Micheline, tu as toute mon affection, et mon respect.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 23 juin 2019

Liliane Blanc, historienne et écrivaine


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